Libération des otages, démantèlement du Hamas... Quelles étapes à Gaza après l'annonce d'un accord de paix entre Israël et le Hamas?

La fin du calvaire se dessine-t-elle à Gaza? Israël et le Hamas sont parvenus jeudi 9 octobre à un accord pour mettre fin à la guerre à Gaza après de fortes pressions du président américain Donald Trump sur le gouvernement israélien et quatre jours de négociations-marathon à Charm el-Cheikh en Égypte.
Lancée en riposte à l'attaque du 7-Octobre, l'offensive israélienne a fait des dizaines de milliers de morts dans l'enclave palestinienne et provoqué un désastre humanitaire qualifié de "génocide" par une commission d'enquête de l'ONU.
"Bénis soient les faiseurs de paix!", a exulté Donald Trump sur son réseau Truth Social, à la veille de l'annonce du prix Nobel de la Paix qu'il espère décrocher.
Israël et le Hamas se sont accordés sur un cessez-le-feu et une libération des otages, première étape du plan américain en 20 points présenté fin septembre et accepté par le Premier ministre Benjamin Netanyahu. Pour le reste, l'avenir de la bande de Gaza reste encore largement à écrire et fera l'objet de nouvelles négociations.
· Les otages libérés, en échange de prisonniers palestiniens
La première phase du plan comprend un cessez-le-feu et un échange de prisonniers palestiniens contre les otages israéliens retenus par le mouvement islamiste. Le Hamas libérera en une fois la vingtaine d'otages encore vivants, a déclaré à l'AFP un responsable du Hamas.
Ils seront échangés contre près de 2.000 prisonniers palestiniens: 250 purgeant des peines à perpétuité et 1.700 autres détenus par Israël depuis le début de la guerre, selon cette source.
L'accord prévoit que l'échange aura lieu dans les 72 heures après la signature. Donald Trump a dit que tous les otages, vivants et morts, seraient "de retour lundi".
Le leader palestinien Marwan Barghouthi, figure du mouvement Fatah détenue en Israël, ne fait partie "à ce stade" de l'échange, a précisé le gouvernement israélien. Cité comme un possible successeur au président palestinien Mahmoud Abbas, Marwan Barghouthi est emprisonné par Israël depuis 2002 après avoir été condamné à la perpétuité pour son rôle dans des attentats anti-israéliens.
· Retrait progressif de l'armée israélienne
Selon Donald Trump, l'accord trouvé prévoit qu'Israël "retirera ses troupes jusqu'à la ligne convenue" au sein de l'enclave. L'armée contrôle actuellement plus de 80% du territoire gazaoui, poussant les 2,1 millions d’habitants à s’entasser sur une minuscule bande côtière.
Selon une carte diffusée par la Maison Blanche lors de l'annonce du plan de paix américain, Israël devra opérer un premier retrait limité après la libération des otages. Son armée se retirera encore un peu plus quand le Hamas aura quitté Gaza et qu'une force internationale assurera la sécurité dans l'enclave.
Au final, selon ce plan, Israël gardera le contrôle de toutes les frontières de l’enclave, y compris celle partagée entre le territoire palestinien et l’Égypte.

· Force internationale de stabilisation, désarmement du Hamas... Une seconde phase à négocier
Pour la suite, des points cruciaux restent encore en suspens et feront l'objet de nouvelles négociations. Le plan de paix de Donald Trump prévoit ainsi le déploiement d'une Force internationale de stabilisation (FSI) pour encadrer des "forces de police palestiniennes approuvées" et assurer la "sécurité interne à long terme". Mais la composition de cette force n'est pas encore formalisée.
Concernant, le Hamas, le plan Trump indique que les membres qui "s'engagent à coexister pacifiquement et à déposer leurs armes bénéficieront d'une amnistie. Les membres du Hamas souhaitant quitter Gaza bénéficieront d'un passage sûr vers les pays d'accueil".
Toutefois, le mouvement islamiste ne s'est pas encore engagé sur son propre désarmement, ni n'a évoqué le devenir de ses combattants, points clés de la proposition. Les éventuels "pays d'accueil" ne sont pas non plus connus.
Selon le plan présenté par Washington, les ONG humanitaires n'auront accès à l'enclave qu'une fois le départ du Hamas acté. Jusqu'à présent, l'aide alimentaire et médicale ne pénètre dans l'enclave frappée par la famine qu'au compte-goutte via une unique organisation, la Fondation humanitaire de Gaza, contrôlée par Israël et les Etats-Unis.
· Vers un État palestinien?
Pour administrer l'enclave après le départ du Hamas, le plan américain évoque un "comité palestinien technocratique et apolitique, chargé de la gestion quotidienne des services publics et des municipalités pour la population de Gaza".
Ce comité serait supervisé par un "organe international de transition", le "Comité de la paix", qui serait présidé par Donald Trump lui-même et composé d'autres responsables internationaux comme l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair.
Selon Washington, le "Comité de la paix" s'occupera de la "reconstruction" de Gaza "jusqu'à ce que l'Autorité palestinienne ait achevé son programme de réformes" démocratiques.
Une fois ces réformes mises en œuvre, l'administration Trump estime que "les conditions pourraient enfin être réunies pour ouvrir une voie crédible vers l'autodétermination et la création d'un État palestinien, ce que nous reconnaissons comme étant l'aspiration du peuple palestinien".
Cette perspective paraît irréalisable à court-terme, alors que Benjamin Netanyahu a affirmé qu'"aucun État palestinien ne verra le jour à l'ouest du Jourdain" et que son gouvernement de droite et d'extrême droite a approuvé un plan majeur de colonisation en Cisjordanie occupée.