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Palestine

Gaza: pourquoi les Palestiniens ne reçoivent-ils pas l'aide humanitaire dont ils ont besoin?

Yezen Abu Ful, deux ans, dans le camp d'Al-Shati, dans la ville de Gaza, le 13 juillet 2025.

Yezen Abu Ful, deux ans, dans le camp d'Al-Shati, dans la ville de Gaza, le 13 juillet 2025. - Ahmed Jihad Ibrahim Al-arini / ANADOLU / Anadolu

Cette semaine, plus de 100 ONG ont alerté sur le risque de famine dans l'enclave palestinienne, alors que la pression internationale sur Israël s'intensifie pour mettre fin aux souffrances des plus de deux millions d'habitants du territoire palestinien.

Les habitants de la bande de Gaza ont désespérément besoin de produits de première nécessité après plus de 21 mois de guerre, mais les efforts pour faire parvenir l'aide au territoire palestinien assiégé et à la population affamée, se heurtent à d'importants obstacles.

Les agences de l'ONU et les organisations humanitaires dénoncent des restrictions imposées par Israël, des risques sur le plan de la sécurité et la mise en place d'un mécanisme soutenu par les États-Unis et Israël qui a mis à l'écart le système humanitaire traditionnel.

Israël accuse les organisations internationales d'avoir échoué, affirmant que l'ancien système dirigé par l'ONU permettait au Hamas de piller les camions d'aide.

Sur le terrain, plus de 100 ONG humanitaires ont alerté cette semaine sur le risque de famine dans le territoire palestinien.

800 Palestiniens tués près des points de distribution de la GHF

La Fondation humanitaire de Gaza (GHF), désignée par Israël pour la distribution de l'aide à Gaza, a commencé ses opérations le 26 mai, après plus de deux mois de blocus total imposé au territoire palestinien.

La GHF est devenue le principal canal de distribution de l'aide alimentaire pour les plus de deux millions d'habitants de la bande de Gaza, mais ses opérations ont été entachées par des scènes chaotiques et des violences meurtrières autour de ses rares points de distribution.

L'ONU et des ONG refusent de coopérer avec la GHF, estimant qu'elle a été conçue pour servir des objectifs militaires israéliens plutôt qu'humanitaires.

"Ce n'est pas une organisation humanitaire...on ne distribue pas de l'aide humanitaire dans des zones complètement rasées et militarisées", a déclaré Arwa Damon, fondatrice de l'ONG américaine INARA, qui fournit un soutien médical et psychologique aux enfants.

Elle a souligné que les points de distribution de la GHF sont situés le long de deux couloirs militaires dans le sud et le centre de Gaza, alors que le réseau humanitaire traditionnel utilisait plus de 400 points de distribution répartis sur l'ensemble du territoire palestinien. En raison de l'affluence massive de civils tentant de récupérer de l'aide sur seulement quatre points de distribution, de nombreux incidents mortels ont été signalés.

Gaza : pourquoi les distributions alimentaires tournent-elles au massacre ?
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Selon l'ONU, les forces israéliennes auraient tué environ 800 Palestiniens venus chercher de l'aide près des points de distribution de la GHF depuis la fin du mois de mai.

Israël s'oppose à un retour au système de l'ONU, affirmant que le Hamas l'exploitait en pillant les camions et en revendant l'aide censée être distribuée gratuitement.

Les ONG mises à l'écart

Des ONG humanitaires internationales assurent que de grandes quantités d'aide sont bloquées à l'extérieur de Gaza, en attente d'une autorisation de l'armée israélienne pour entrer.

Et une fois dans Gaza, il est essentiel de coordonner avec l'armée, alors que les bombardements et les combats continuent.

Arwa Damon a accusé Israël d'empêcher l'acheminement de l'aide en refusant de coordonner avec les ONG pour garantir un passage sécurisé dans les zones de combat.

"Obtenir cette coordination est incroyablement difficile", a-t-elle déclaré. "Sans parler du manque de volonté d'Israël de fournir aux ONG des itinéraires sécurisés", a ajouté Arwa Damon.

L'Unrwa, l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens, a indiqué mercredi avoir "des milliers de camions dans les pays voisins en attente d'entrer à Gaza, interdits d'accès par Israël depuis mars".

"Risquer la mort" pour de la farine

Israël contrôle tout ce qui entre dans la bande de Gaza, mais le Cogat, l'organisme du ministère israélien de la Défense chargé des affaires civiles dans les territoires palestiniens, nie avoir limité le nombre de camions d'aide humanitaire.

Jeudi, le Cogat a indiqué qu'"environ 70 camions alimentaires avaient été déchargés aux points de passage, et que plus de 150 avaient été récupérés par l'ONU dans Gaza."

Mais plus de 800 camions attendent toujours et l'armée israélienne a publié des images montrant des centaines de camions chargés d'aide alimentaire "immobiles à l'intérieur de Gaza".

Les agences de l'ONU et les ONG internationales rejettent l'affirmation israélienne selon laquelle elles manqueraient de capacité logistique. Elles rappellent que l'aide a été efficacement distribuée par le passé, notamment lors de la dernière trêve entre Israël et le Hamas, qui s'est achevée en mars.

M. H. avec AFP