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Élysée

Emmanuel Macron retrouve le pouvoir de dissoudre l'Assemblée nationale mais reste flou sur ses intentions

Le président Emmanuel Macron le 30 mai 2025 à Singapour

Le président Emmanuel Macron le 30 mai 2025 à Singapour - Ludovic MARIN / AFP

Un an après la dissolution de l'Assemblée nationale au soir des élections européennes, le président de la République est à nouveau en capacité d'utiliser ce pouvoir constitutionnel. Jusqu'ici, il a refusé d'exclure totalement cette option, même si son souhait est de l'éviter.

Emmanuel Macron peut à nouveau appuyer sur le bouton. Un an après les élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet, le président de la République retrouve son pouvoir de dissoudre l'Assemblée nationale, en vertu de l'article 12 de la Constitution.

Si la date exacte n'est pas tranchée - certains constitutionnalistes se rangent derrière le 8 juillet, quand d'autres évoquent le 1er juillet, choisissant le premier tour pour référence, comme l'indique un article de Libération - l'enjeu est clair: le président va-t-il dissoudre l'Assemblée nationale avant la présidentielle de 2027?

Le président n'a pas totalement exclu cette option

Jusqu'ici, l'intéressé ménage la chèvre et le chou. D'une part, il explique vouloir éviter ce scénario. "La seule chose qui doit compter", c'est que "la vie des gens s'améliore", a-t-il estimé ce vendredi 4 juillet lors d'un déplacement à Saint-Germain-en-Laye (Yvelines).

Des propos en droite ligne de ceux tenus le 9 juin à Nice, en marge de la Conférence des Nations unies sur l'Océan, lorsqu'il affirmait que son "souhait" était qu’il "n’y ait pas d’autre dissolution".

"Mais mon habitude n’est pas de me priver d’un pouvoir constitutionnel, parce que si des formations politiques décidaient d’avoir une approche totalement irresponsable et bloquer le pays, peut-être me retrouverais-je dans une situation où je dois utiliser la Constitution", précisait cependant le président le même jour, refusant d'exclure totalement cette option.

De quoi amener à la prudence. D'autant qu'Emmanuel Macron avait surpris tout son monde le 9 juin 2024, en annonçant la dissolution de l'Assemblée nationale au soir d'élections européennes dont les résultats étaient très décevants pour son camp, à l'inverse de ceux de l'extrême droite, arrivée largement en tête.

Ne disait-il pas lui-même, un mois avant, dans une interview à La Tribune Dimanche, que "la conclusion" de ce scrutin serait "d'abord européenne"?

La menace de la censure s'affirme avant le budget

Maintenir le flou dans la période actuelle peut servir au chef de l'État, alors que la menace d'une censure du Premier ministre François Bayrou s'affirme avant l'examen du budget à l'automne. La possibilité d'une dissolution et donc de nouvelles élections législatives pourrait dissuader certains députés de renverser le gouvernement...

Ou pas. Certes la question est très sensible au Rassemblement national, dont les voix seraient nécessaires, en plus de celles de la gauche, pour aboutir à une censure. En effet, si les députés doivent remettre leur mandat en jeu, Marine Le Pen restera à quai en raison de sa condamnation en première instance, pour détournement de fonds publics, à une peine d'inéligibilité de cinq ans avec exécution immédiate dans le procès des assistants parlementaires du Front national.

Pour autant, cette même Marine Le Pen affiche sa sérénité face à une potentielle dissolution. Et pour cause: la leader d'extrême droite, interrogée par RTL jeudi 3 juillet, a donné peu de crédit à cette option, "compte tenu du très faible bénéfice que le président de la République pourrait en tirer", alors que sa cote de popularité et celle de François Bayrou sont très basses actuellement.

Baptiste Farge