BFMTV
Gouvernement

Vers un référendum sur les retraites? Âge de départ, baisse des pensions... Ce que veulent les Français

Les pensions de base des retraites augmenteront de 2,2 % au 1er janvier 2025.

Les pensions de base des retraites augmenteront de 2,2 % au 1er janvier 2025. - AFP

François Bayrou a ouvert la porte à un référendum sur la réforme des retraites en cas d'impasse entre les partenaires sociaux, réunis en conclave jusqu'à la fin mai. Plusieurs pistes sont sur la table et divisent la société.

Une annonce surprise du Premier ministre. Quelques heures après la première concertation entre les partenaires sociaux sur la réforme des retraites ce jeudi 27 février, François Bayrou n'a pas exclu de recourir au référendum "si nous étions un jour en situation de blocage" lors de ces échanges qui doivent durer jusqu'à la fin mai.

Si l'hypothèse semble assez peu probable et l'initiative à la main d'Emmanuel Macron, plusieurs questions pourraient être envisagées dans cette consultation aux Français, reprenant les pistes proposées par la Cour des comptes dans le rapport commandé par le locataire de Matignon.

Revenir sur les 64 ans

Première hypothèse possible: toucher à l'âge légal de départ à la retraite. Il est désormais fixé à 64 ans depuis la controversée réforme des retraites de 2023, adoptée au forceps par 49.3 après des mois de mobilisation dans la rue. Elle concerne toutes les générations à partir de 1961.

Selon l'instance présidée par Pierre Moscovici, baisser l'âge de départ à 63 ans à partir de la génération née en 1964 coûterait 13 milliards d'euros aux finances publiques en 2035. C'est l'une des pistes qui pourraient satisfaire les syndicats et une partie des Français. L'hypothèse d'un retour à 62 ans, soutenu notamment par la CGT n'est pas budgétée par la Cour des comptes.

62% des personnes interrogées par Elabe pour un sondage BFMTV veulent cependant le retour de la retraite à cet âge. Seuls 31% d'entre eux appellent à la maintenir à 64 ans.

La Cour des comptes juge de son côté nécessaire la réforme contestée de 2023 mais considère qu'elle n'est "pas suffisante" pour couvrir les besoins de financement futurs.

Le régime général des retraites fait face à un déficit massif avec 6,6 milliards d'euros en 2025 mais contient également de très fortes disparités. Les régimes de retraite complémentaires sont par exemple largement excédentaire avec 4,3 milliards d'euros en 2024.

"La France, c'est 70 milliards d’aides et d’exonération de cotisation de nos entreprises sans aucune contre-partie. Je vous équilibre le régime des retraites assez facilement dans ce cadre-là", a pointé de son côté Michel Beaugas, en charge des discussions pour FO sur RMC ce jeudi avant de claquer la porte des discussions.

Baisser les pensions de retraite

Seconde piste possible évoquée par le rapport de la Cour des comptes: baisser le montant des pensions de retraite, en moyenne de 1.512 euros nets par mois. Pour jouer sur ce paramètre, Michel Barnier quand il était Premier ministre avait envisagé de ne pas les indexer sur l'inflation pendant l'année 2025, contrairement aux dispositions prévues dans le code de la sécurité sociale.

De quoi faire économiser au moins 3,5 milliards d'euros aux finances publiques avant que, finalement, Michel Barnier ne rétropédale. L'indexation a par ailleurs été bien retenue dans le budget adopté sous François Bayrou en février.

Pour baisser le montant des pensions de retraite, on pourrait aussi envisager qu'elles soient modulées en fonction du nombre d'actifs pour les financer. Mais politiquement, la manœuvre serait explosive alors même que le niveau de vie des retraités grâce à leur patrimoine est égale à celui des salariés.

80% des personnes interrogées dans un sondage Elabe pour BFMTV en octobre dernier jugent d'ailleurs injuste de faire davantage contribuer les retraités pour réduire le déficit.

Augmenter les cotisations

Autre possibilité posée sur la table par la Cour des comptes: la possibilité d'augmenter les cotisations des actifs ou des employeurs pour financer les retraites. Elles se chiffrent aujourd'hui en moyenne pour les salariés à 17% de leur salaire brut.

Mais dans un contexte d'inflation, il semble compliqué politiquement d'aller sur ce terrain. Quant à la hausse des cotisations patronales, elle "constitue un choc d'offre négatif", lit-on dans les travaux de l'institution. Comprendre: le coût du travail deviendrait trop important pour les entreprises.

Développer la capitalisation

Dernière piste qui n'est pas évoquée par le rapport de la Cour des comptes mais qui est souhaitée par une partie des syndicats patronaux: la capitalisation.

Selon un sondage Elabe pour BFMTV du 2 février dernier, 59% des Français se disent ouverts à une dose de capitalisation, soit, concrètement, un système d'épargne que chaque travailleur alimenterait par lui-même pour financer sa retraite.

Le système des retraites en France fonctionne sur un mode totalement différent. Il est basé sur la répartition, soit concrètement le financement de la retraite des actuels retraités par les personnes actuellement en emploi.

Les discussions entre les partenaires sociaux doivent sur le papier se poursuivre jusqu'à fin mai. En cas d'accord total ou partiel sur la réforme des retraites, François Bayrou s'est engagé à le soumettre au vote des parlementaires. Emmanuel Macron a estimé de son côté que "le moment était celui du dialogue entre les partenaires sociaux".

Marie-Pierre Bourgeois