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"Ce n'est pas juste": des députés LR demandent à Barnier de revenir sur la désindexation des retraites

Michel Barnier à l'Assemblée nationale le 15 octobre 2024

Michel Barnier à l'Assemblée nationale le 15 octobre 2024 - ALAIN JOCARD / AFP

Le Premier ministre a reçu ce mercredi à Matignon les députés de son camp. Les élus LR lui ont fait part de leurs inquiétudes sur la question des retraites et de la hausse des taxes sur l'électricité.

Un rendez-vous sous forme de câlinothérapie. Les députés LR ont été reçus ce mercredi matin par Michel Barnier à Matignon. À quelques jours de l'arrivée du budget 2025 dans l'hémicycle, le Premier ministre veut arrondir les angles avec ses propres troupes.

"On a une discussion franche dans la convivialité, avec beaucoup de liberté de parole. Ça fait du bien", relate l'un des participants auprès de BFMTV.com.

"Pas le budget parfait"

Au menu des échanges: la question du report de l'indexation des retraites sur l'inflation du 1er janvier au 1er juillet prochain. La mesure permettrait d'économiser au moins 3,5 milliards d'euros sur les 60 milliards d'euros d'économies recherchés par le gouvernement.

"Les retraités ont cotisé toute leur vie pour avoir leur retraite. Ce n'est pas juste de leur demander des efforts. Et puis c'est notre électorat aussi", résume un député LR.

Le dispositif passe d'autant moins que dans le pacte législatif présenté par Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau, désormais ministre de l'Intérieur, la droite posait pour "ligne rouge" "les économies qui seraient faites sur le dos des retraités".

"Ce n'est pas le budget parfait", reconnaît le député Antoine Vermorel-Marques, un proche du Premier ministre. "C'est normal, il n'a eu que 15 jours pour le faire".

Des modifications envisagées

À droite, beaucoup affichent cependant leur optimisme depuis le rendez-vous avec le locataire de Matignon et jugent qu'une "solution" va être trouvée sur la question des pensions de retraite.

"Ce qui peut être fait, c'est d'essayer de ne pas toucher aux personnes qui touchent des petites retraites. Mais il faut le faire en arrivant à trouver un montant d'économies équivalentes", avance un parlementaire présent.

Il faut dire que Michel Barnier n'a eu de cesse ces dernières semaines de tendre la main aux élus de tous bords, se disant ouvert à toutes les propositions qui permettent de faire des économies.

La hausse des taxes sur l'électricité, "pas tolérable"

Autre sujet de discussion qui irrite les députés LR: le prix de l'électricité. Les taxes sur les factures électriques devraient augmenter en février prochain, d'après le budget présenté par Matignon la semaine dernière.

Malgré cette hausse, les Français qui bénéficient d'un abonnement au tarif réglementé devraient voir une baisse de 9% sur leur facture. Un geste jugé pas suffisant pour la droite dans un contexte de forte inflation.

"Concrètement, on pourrait avoir une vraie baisse des factures d'électricité et ça va être très limité à cause de la hausse des taxes. Ce n'est pas tolérable, on l'a expliqué au Premier ministre", s'agace un parlementaire LR.

La mesure qui doit permettre de dégager 3 milliards d'euros d'économies a également l'inconvénient de toucher les professionnels, notamment ceux qui ont de grosses factures d'électricité comme les boulangers ou les pressings.

Dernier sujet qui crispe à droite: l'Aide médicale d'État (AME). Les crédits de ce dispositif devaient augmenter initialement de 8%. Interpellé mardi à l'Assemblée nationale, le ministre du Budget Laurent Saint-Martin a finalement annoncé le gel de l'enveloppe de l'AME.

"Tenir nos positions"

La mesure concerne 320.000 personnes par an et permet une prise en charge à 100% de la plupart des frais médicaux, hospitaliers et pharmaceutique. Le Sénat, dominé par la droite, vote depuis des années sa suppression dans le budget. Autant dire que les députés LR comptent bien s'emparer du sujet lors des débats dans l'hémicycle.

Si le sujet n'a pas été abordé avec le Premier ministre, faute de temps, Laurent Wauquiez s'est assuré de faire passer son message. Le patron des députés LR a appelé sur X à "aller plus loin". "Il est urgent de baisser drastiquement les crédits et de refondre le dispositif", écrit-il dans un post, mettant publiquement la pression sur Michel Barnier.

"On lui fait confiance mais on doit aussi tenir nos positions", décrypte un élu de droite, proche de Laurent Wauquiez.

Première épreuve de confiance: les prochains jours avec les débats en commission des Finances pour voir si le gouvernement s'appuie sur les amendements de la droite.

Marie-Pierre Bourgeois