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Une "mascarade": Force ouvrière claque la porte des concertations sur les retraites

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Le négociateur du syndicat évoquait avant la première réunion une lettre de cadrage trop intrusive de la part du Premier ministre.

Premier départ du "conclave" organisé entre les partenaires sociaux. Force Ouvrière va claquer la porte de la discussion, comme l'évoque Michel Beaugas, son négociateur. Il dénoncait avant la première entrevue un "piège", et réitère ces accusations à la sortie.

"Depuis plusieurs semaines nous disons que le périmètre et le format ne conviennent pas", explique-t-il.

"Nous voulons ouvrir une négociation dans le cadre du code du travail, pour apporter des garanties sur la formation, l'égalité hommes-femmes, sur la pénibilité, sur les salaires. La sortie de ce conclave est définitive, car on veut une négociation dans un autre cadre. On ne veut pas qu'on instrumentalise les institutions syndicales. Nous sommes libres et indépendants et nous comptons le rester", a martelé le représentant syndical.

En cause notamment, la lettre de mission adressée hier soir par François Bayrou aux partenaires sociaux. Parvenue tard, elle a froissé les syndicats car elle impose de nombreuses contraintes sur les discussions. Matignon a en partie trahi sa parole puisque le gouvernement voulait au départ laisser les syndicats libres de discuter ; or cette lettre les contraint à atteindre l'équilibre financier en 2030, par exemple.

"La lettre de mission ferme tout discussion, on ne peut plus parler de l'âge de départ, ou de la contribution des entreprises. On va demander aux salariés de travailler plus longtemps, 64 ans voire 65 ans, alors qu'on donne des aides sans contrepartie aux entreprises - 173 milliards d'euros, contre 6 milliards de déficit pour les retraites. Je pense qu'on peut trouver les milliards ailleurs", a évoqué Michel Beaugas.

Plusieurs syndicats sont sceptiques

Ce départ matérialise les critiques adressées en préambule des discussions par plusieurs syndicats. Pascale Cotton, à la CFTC, évoquait ainsi ce midi de "petites interrogations".

"La lettre du Premier ministre nous dit de faire attention, de ne pas amoindrir la compétitivité des entreprises. On devine qu’il ne faut pas toucher aux entreprises. Mais cela suffit: les salariés en activité ne doivent pas être les seuls à contribuer. On en revient toujours à ces aides fiscales aux entreprises..."

"S'il y a trop de contraintes, cela complique la tâche" a aussi avancé Christelle Thieffinne, secrétaire générale de la CFE-CGC. "On mettra peut-être les point sur les i dans les jours à venir. Parce que par exemple, demander l'équilibre financier en 2030, cela veut dire quoi ? Trouver 10 milliards ? Pérenniser l'équilibre du système tous les ans après cette date ?"

Plus mesurée, la CFDT note que "parler d'équilibre n'est pas un gros mot", selon son négociateur, Yvan Ricordeau. Mais le syndicat souligne qu'il "faut arrêter avec la dramatisation des comptes".

L'attitude du patronat inquiète également: Patrick Martin, le patron du MEDEF, se disait pessimiste dans un entretien donné au Monde. Ce, avant même le début des discussions.

Valentin Grille