Ministre par ministre, les dossiers qui attendent les ténors du gouvernement en ce début d'année 2023

Le Conseil des ministres présidé par Emmanuel Macron, le 24 août 2022 au palais de l'Elysée à Paris - MOHAMMED BADRA © 2019 AFP
À quelques jours de Noël, les ministres s'apprêtent à prendre la direction des vacances. L'occasion de faire le bilan des derniers mois au gouvernement et les dossiers chauds à venir alors que la rentrée s'annonce sous haute tension, entre les retraites et l'inflation.
• Olivier Dussopt: chômage et retraites
Méconnu du grand public, le ministre du Travail a fait adopter la nouvelle réforme de l'assurance chômage qui corrèle désormais la durée de l'indemnisation à l'état du marché de l'emploi. Cet ancien socialiste, longtemps proche de Martine Aubry, tente également de faire vivre depuis des mois l'aile gauche de la majorité au sein de son mouvement Territoires de progrès, sans grand impact sur la ligne gouvernementale jusqu'ici.
L'Ardèchois, qui porte également le texte immigration avec Gérald Darmanin, a désormais la lourde charge de défendre l'allongement de l'âge de départ à la retraite. Fin technicien, il devra convaincre qu'il est capable de porter politiquement cette réforme. Seuls 21% des Français favorables à un report de l'âge légal de départ à la retraite, d'après un sondage BFMTV.
• Gérald Darmanin: tout sur l'immigration
Le ministre de l'Intérieur a connu un passage à vide après le fiasco de la finale de la Ligue des Champions au Stade de France en mai. Remis en selle par un relatif mea culpa et sa large victoire aux législatives à Tourcoing, le ministre a défendu ces derniers mois la loi de programmation des forces de l'ordre. Adoptée par l'Assemblée nationale, elle devrait matérialiser le doublement des forces de sécurité "d'ici dix ans" et la création des "plaintes en ligne" dans les prochains mois.
Le locataire de la Place Beauvau doit désormais mettre le cap sur le projet de loi immigration. Pour convaincre la droite, très sceptique sur ce texte, le quadragénaire assure "ne pas être du tout dans la régularisation massive".
• Bruno Le Maire: entre inflation alimentaire et hausse des prix énergétiques
Poids lourd du gouvernement, à qui on prête des intentions pour 2027, le ministre de l'Économie a été très présent ces derniers mois, entre hausse record des prix alimentaires et ristournes à la pompe. Le Normand peut aussi se vanter d'avoir fait adopter le projet de loi pouvoir d'achat, quelques semaines après des législatives décevantes pour le gouvernement.
Les prochains mois pourraient tanguer alors que l'inflation devrait encore augmenter et les ristournes à la pompe prendre fin. La hausse de 15% des prix de l'électricité et du gaz seront également sur son bureau. Les artisans comme les boulangers et les bouchers sont particulièrement inquiets.
• Gabriel Attal: des 49.3 et des critiques à Anne Hidalgo
L'ex-porte parole du gouvernement, désormais ministre délégué aux Comptes publics, a été mis à contribution à la rentrée dernière pour convaincre les oppositions lors des "dialogues de Bercy". Le trentenaire avait alors pour mission de faire évoluer les discussions budgétaires avec la droite et la Nupes. Sans grand succès alors qu'Élisabeth Borne a utilisé à 10 reprises le 49.3 sur les textes budgétaires.
Sans loi spécifique à porter dans les prochaines semaines, Gabriel Attal qui a vertemment critiqué Anne Hidalgo ces dernières semaines pourrait vouloir se consacrer à avancer ses pions en vue des municipales dans la capitale.
• Agnès Pannier-Runacher: après les énergies renouvelables, cap sur le nucléaire
Accusée de conflit d'intérêt avec la société pétrolière Perenco, la ministre chargée de la Transition énergétique a été mise en difficulté quelques semaines à peine avant de présenter son projet de loi sur le développement de l'éolien et du photovoltaïque en France. Elle peut désormais se targuer - après que la Haute autorité pour la transparence a "constaté l'absence de manquement" de sa part - d'avoir su mener dans une relative cordialité les débats dans l'hémicycle. Si les députés voteront ce texte en janvier, son cabinet espère bien parvenir à convaincre la gauche de le soutenir - un soutien capital sans majorité absolue.
Agnès Pannier-Runacher devra désormais convaincre sur un autre projet de loi encore plus compliqué: celui sur le nucléaire.
• Olivier Véran: la défense des retraites
D'abord nommé ministre des Relations avec le Parlement - un poste très loin du ministère de la Santé, très exposé au début de la pandémie de Covid-19 - Olivier Véran a ensuite récupéré le porte-parolat. Charge à lui chaque mercredi de défendre tous azimuts le gouvernement pendant son point-presse.
Le ministre a haussé le ton ces derniers jours contre la SNCF dont une partie du personnel est en grève pour le week-end de Noël. Il a en revanche été plus silencieux sur son portefeuille de ministre délégué chargé du Renouveau démocratique. Olivier Véran sera particulièrement exposé à la rentrée et devra défendre la réforme des retraites.
• Éric Dupond-Moretti: une réforme de la justice en suspens
Le ministre de la Justice a été relativement discret depuis le début de ce nouveau quinquennat - à l'exception de passes d'armes avec le RN sur le meurtre de Lola ou le sort de l'Ocean Viking. Mauvaise nouvelle pour lui: son plan d'action pour la justice à bout de souffle qui devait être présenté début décembre a été reporté. Face au risque de grèves liées à la réforme des retraites, l'exécutif voulait éviter d'ouvrir un nouveau front contre les magistats.
Éric Dupond-Moretti devrait tenter de faire passer son projet de loi pour renforcer les moyens de la Justice au premier semestre 2023. Ses contours devraient être presentés le 5 janvier prochain.