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Paris: Attal dénonce un "système délirant" à la mairie, Hidalgo porte plainte pour diffamation

Le ministre des Comptes publics Gabriel Attal.

Le ministre des Comptes publics Gabriel Attal. - Ludovic MARIN © 2019 AFP

INFO BFM PARIS ÎLE-DE-FRANCE. La ville de Paris a indiqué ce mercredi vouloir porter plainte après les propos du ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, sur un système qui "relève de Ponzi" à la mairie.

Les tensions montent d'un cran entre Gabriel Attal et Anne Hidalgo. Ce mercredi matin, invité de la matinale de France Inter, le ministre des Comptes publics, a pointé du doigt un "système délirant" qui a été mis en place au sein de la municipalité "en 2015" lorsque François Hollande était président de la République.

En réaction, la maire de Paris, a annoncé quelques heures plus tard ce mercredi, vouloir porter plainte contre le ministre des Comptes publics, a appris BFM Paris Île-de-France.

"La Ville de Paris va poursuivre en diffamation le Ministre pour les propos outrageants qu'il a tenus ce matin et qui mettent en cause la probité de la Ville, de ses élus et de ses agents", a écrit dans un communiqué publié sur Twitter, Anne Hidalgo.

La maire demande également à la Première ministre de "faire cesser la diffusion de ces fakes news énoncées en toute connaissance de cause afin que le débat public retrouve sa sérénité et sa crédibilité".

Le principe des loyers capitalisés

"Quand je suis arrivé au ministère du Budget, j'ai découvert qu'il y avait un système [...] appelé 'loyers capitalisés' qui avait été mis en place de manière dérogatoire", a affirmé ce mercredi matin Gabriel Attal.

Selon le ministre, ce principe permet, depuis plusieurs années, à la ville de Paris, de préempter des logements puis de demander à des bailleurs de les convertir en logements sociaux. "Puis en contrepartie, de demander à ces bailleurs sociaux de verser à la ville des décennies de loyers à venir pour que la ville puisse équilibrer son budget de fonctionnement", poursuit le ministre.

"Il faut se rendre compte de ce système", s'insurge Gabriel Attal qui précise avoir mis fin à cette dérogation alors que la capitale était la seule ville en France à bénéficier d'un tel système.

Une "pyramide de Ponzi"

"Moi, j'ai mis fin à ce système car c'est pas sain. La réalité, c'est qu'il y a plus d'un milliard d'euros désormais d'endettement en plus pour la ville de Paris lié à ce système. Honnêtement, ça relève du Ponzi", affirme le ministre des Comptes publics en référence au principe de la pyramide de Ponzi.

Repris sur ce point, Gabriel Attal a précisé ne pas faire de comparaison entre Bernard Madoff, arrêté en 2008 pour une vaste escroquerie boursière, et la maire de Paris, Anne Hidalgo.

"Assimiler une inscription budgétaire autorisée pendant des années par les ministres du Budget successifs et les services de Bercy à un montage financier illégal, c’est extrêmement grave et complètement irresponsable", a réagit quelques heures plus tard, sur son compte Twitter, Rémi Féraud.

Le président du groupe Paris en commun au Conseil de Paris a ajouté que "cela ne peut rester sans suite", faisant écho à l'annonce d'Anne Hidalgo de sa volonté de porter plainte contre le ministre.

Un "mensonge extrêmement grave"

De son côté, la mairie de Paris a souhaité réagir à la comparaison avec la "pyramide de Ponzi" .

"Pourtant parfaitement informé de ces éléments, le Ministre compare ce dispositif au 'système de Ponzi', c’est-à-dire à un système frauduleux pratiqué par des banquiers d’affaires relevant de l’escroquerie, écrit Anne Hidalgo, sur Twitter. Il s’agit à l’évidence d’un mensonge extrêmement grave qui met en cause la probité et l’image de la Ville, de ses élus et ses fonctionnaires. "

Le ministre a également répété ne pas "comprendre" la décision de la maire d'augmenter la taxe foncière, revenant sur sa promesse de campagne. Selon Gabriel Attal, "il y a un enjeu de réforme à la ville de Paris", rappelant que le gouvernement a "massivement accompagné les collectivités locales" face à l'inflation.

Anne Hidalgo avait justifié la hausse de la taxe foncière en mettant en cause l'État pour l'absence d'aide à la ville de Paris. Cette déclaration avait suscité la colère de Gabriel Attal affirmant alors que "l'État a bon dos" et dénonçant le fait qu'il y a "plus de fonctionnaires à la ville de Paris qu'à la Commission européenne".

Nicolas Dumas, Amaury Tremblay et Solenne Bertrand