Au Parti socialiste, le vent tourne en faveur d'Emmanuel Macron

Emmanuel Macron, qui a réuni samedi 15.000 personnes dans le cadre d'un meeting porte de Versailles, séduit de plus en plus au Parti socialiste. A tel point que certaines personnalités pourraient décider de lui apporter leur soutien au lieu de se ranger derrière le vainqueur de la primaire.
La première à lui faire les yeux doux s'appelle Ségolène Royal. La ministre de l'Ecologie, dans l'émission Punchline sur C8, a estimé que le candidat à la présidentielle "apporte de l'air à la vie politique". "Il fait un effort pour redéfinir la France dans un monde qui change, dans un monde qui bouge", a-t-elle souligné.
Mais si elle affiche une certaine sympathie à l'égard de l'ancien locataire de Bercy, elle a refusé de lui apporter son soutien pour le moment. "Rien n'est fermé", a-t-elle déclaré dans un sourire.
Séduire sans s'engager
Pierre Moscovici adopte lui un discours mesuré vis-à-vis du candidat de la Révolution, ne se fermant aucune porte. Invité de France Info ce lundi, le commissaire européen aux Affaires économiques et financières a salué un homme qui "incarne une proposition politique, une offre politique à laquelle il faut être attentif".
Il a également affirmé que l'ancien ministre "a tout à fait raison" sur le fait que l'Europe n'est pas assez présente dans le débat présidentiel, mais a refusé de prendre position, estimant que "ce n'est pas son rôle".
François Rebsamen, qui se place pour le moment en observateur du scrutin de la gauche, pourrait lui aussi pencher du côté d'Emmanuel Macron. Le maire de Dijon, qui marque plusieurs différences avec Manuel Valls, a déclaré sur RTL mercredi dernier que l'ancien banquier a une "personnalité attachante". Mais il souhaite que le leader d'En Marche! passe par la primaire avant de le soutenir.
"Je vais mettre mon fils chez Macron"
Chez les élus locaux, la popularité croissante du leader d'En Marche! est plus facilement identifiable. Un député PS, présent au meeting de l'ancien ministre samedi, confiait à un collègue: "Je suis obligé de soutenir Valls mais je crois que je vais mettre mon fils, élu local, chez Macron", rapporte l'Opinion.
Un autre, élu dans le Sud-ouest, concède également que "sur le terrain, les gens nous parlent beaucoup de Macron". "Ils veulent passer à autre chose, il est une échappatoire à ce que représente désormais pour eux le Parti socialiste", ajoute-t-il.
D'autres élus n'ont pas cherché à cacher leur attirance pour Emmanuel Macron. C'est le cas du premier secrétaire PS du Rhône David Kimelfield, qui soutient l'ancien banquier d'affaires. Cette prise de position lui a même valu d'être pris à parti dans son propre camp. Plusieurs membres du Parti socialiste local ont réclamé sa démission, alors qu'il devra s'occuper de l'organisation de la primaire dans le département, révèle 20 minutes.
Le Parti socialiste le veut
Le candidat qui commence petit à petit à lever le voile sur ses propositions pourrait même voir s'offrir un pont d'or de la part de Jean-Christophe Cambadélis pour prendre part à la primaire. Le premier secrétaire du Parti socialiste ne cesse de taper du pied pour que l'ancien ministre de l'Economie vienne y participer. Dans les colonnes du Figaro, il se dit même prêt "à lui accorder une 'wild card'".
Quelques jours plus tôt, il avait confirmé l'exclusion des candidats de plus petits partis, comme Pierre Larrouturou ou Bastien Faudot, dont "le désir de souscrire à la Belle Alliance Populaire est un petit peu tardive", pour laisser la place à Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. Christophe Borgel, chargé d'organiser la primaire à gauche, veut lui aussi voir l'ancien ministre y prendre part, quitte à enfreindre les règles.
En petit comité, il a ainsi déclaré que "si, le 2 janvier, après les fêtes, Macron et Mélenchon disent qu'ils veulent participer, on trouvera une solution", révélait le Lab le 8 décembre dernier, alors que la date limite de dépôt des candidatures est fixée au 15 décembre.
Mais depuis plusieurs semaines, Emmanuel Macron n'a eu de cesse de rejeter les appels venus de Manuels Valls et Jean-Christophe Cambadélis, pour une primaire qu'il assimile à "OK Corral".
Il estime peut-être ne pas avoir besoin d'y passer, lui qui peut compter sur le soutien de très proches de François Hollande. Le conseiller en communication du président de la République Robert Zarader était samedi au meeting parisien du candidat, tandis que l'avocat Jean-Pierre Mignard a apporté son soutien à l'ancien ministre sur Twitter.