Primaire à gauche: le PS veut limiter le nombre de candidats et en rejette trois

Le PS veut faire place nette. Face à l'afflux de candidatures à la primaire de la Belle alliance populaire, Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, et Christophe Borgel, responsable des élections au sein du parti, lancent un avertissement: tous ne passeront pas. Les candidatures de Pierre Larrouturou (Nouvelle Donne), de Bastien Faudot (MRC) et de Sébastien Nadot (MdP) ont été recalées par le comité national d'organisation de la primaire, réuni mercredi.
Venant de partis autres que du PS, ces candidats n'avaient pas besoin de réunir les parrainages nécessaires pour se présenter: seul le comité national d'organisation de la primaire se prononçait. Le couperet est tombé. "Leur désir de souscrire à la Belle alliance populaire est un peu tardif", a estimé Jean-Christophe Cambadélis. "Tout le monde veut en être. Mais la primaire de la gauche, ça n'est pas open bar".
Les candidats exclus protestent
Pourtant, les candidats intéressés ne manquent pas de remarquer que si eux sont exclus du processus, Jean-Christophe Cambadélis n'a de cesse d'appeler Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon à participer à la primaire.
"Ils veulent une primaire toute rabougrie, c'est une arme de destruction massive pour la gauche", estime de son côté Pierre Larrouturou. Le candidat de Nouvelle donne a d'ailleurs l'intention de rencontrer la Haute autorité des primaires citoyennes (HAPC) pour examiner les recours possibles.
"L'objectif de cette primaire, c'est de créer le rassemblement le plus large possible pour que la gauche soit en mesure d'accéder au second tour", justifie Corinne Narassiguin, porte-parole du PS. "Ce n'est pas juste un moyen d'obtenir son quart d'heure d'exposition médiatique".
Pour elle, "Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron sont l'une des raisons pour lesquelles la gauche est fragmentée aujourd'hui. Personne ne peut nier qu'ils sont des candidats déjà bien installés, qui bénéficient d'une visibilité nationale, contrairement à d'autres. Les inciter à participer à la primaire, c'est une façon de lutter contre cette fragmentation".
"On n'est pas au congrès du PS"
Plutôt les poids lourds de la gauche que les seconds rôles, donc. Pour le PS, cela concerne autant les petits candidats des partis "extérieurs", que ceux de la Belle alliance populaire: PS, Ecologistes!, Front démocrate. Le PRG, participant, s'en est retiré depuis mais pourrait décider de la réintégrer.
"On ne va empêcher personne de se présenter, chacun a ses raisons de le faire, mais il faut aussi que chacun fasse preuve de responsabilité. Marie-Noëlle Lienemann a amorcé cette réflexion en appelant Benoît Hamon et Arnaud Montebourg à l'unité. Il faut qu'il y ait des lignes claires. Le programme de Vincent Peillon sera-t-il vraiment si différent de celui de Manuel Valls?" Et d'asséner: "On n'est ni dans le bal des égos, ni dans le congrès du PS".
Pour le Parti socialiste, cette sélection est nécessaire: il en va de la "clarté des débats".
"Un débat à sept candidats, oui, mais à 11 ou 12, vous imaginez la cacophonie? S'ils sont 12, même les petits candidats n'auront pas l'espace médiatique nécessaire. Il nous faut un débat de bonne tenue pour réussir cette primaire, sinon personne n'ira voter."
Mais la cacophonie provoquée par l'exclusion des trois candidats risque avant tout de brouiller le message des organisateurs. En attendant, le bal des dépôts de candidatures, déjà bien engagé, va se poursuivre: Benoît Hamon dépose la sienne vendredi matin, et Manuel Valls ne tardera pas à le faire. Vincent Peillon, lui, devrait se lancer en fin de semaine.