Terrorisme: Molenbeek, la ville qui embarrasse les autorités belges

A qui la faute? Depuis les attentats du 13 novembre, les politiques belges se renvoient la balle alors que plusieurs des terroristes de Paris étaient passés par Molenbeek. Abdelhamid Abaaoud y est né, Brahim Abdelsam y avait son bar, son frère Salah y résidait. C’est aussi à Molenbeek qu’habitait Mohamed Abrini, aperçu dans une station-essence en compagnie de Salah Abdeslam, deux jours avant les attentats.
Avant eux, d’autres jihadistes étaient passés par Molenbeek. Les assassins du commandant Massoud avaient séjourné dans la ville en 2001 tout comme Mehdi Nemmouche, l’auteur de la tuerie du Musée juif de Bruxelles et Ayoub El Khazzani qui avait tenté de commettre un attentat à bord du Thalys Amsterdam-Paris.
La mère d’une victime du Bataclan menace de porter plainte contre la Belgique. "Ça s’appelle de l’inaction et derrière l’inaction il y a des familles décimées, avait-elle accusé sur BFMTV. Tout le monde connaît maintenant le nom de la commune de Molenbeek? Qu’a fait l’Etat belge avant?"
Laxisme au niveau local?
Philippe Moureaux, l’ancien bourgmestre de Molenbeek accusé par ses adversaires politiques d’avoir longtemps fermé les yeux rejette une quelconque inaction dans son livre, La Vérité sur Molenbeek. A la tête de Molenbeek pendant 20 ans, ville touchée par le chômage, il se défend de tout laxisme.
"Quand j’ai vu monter le radicalisme, j’ai essayé de le contrer. Ce n’était pas encore aussi violent qu’aujourd’hui. Je suis le premier maire à avoir interdit le voile intégral en Belgique", explique-t-il à l’AFP.
Françoise Schepmans, l’actuelle bourgmestre de Molenbeek assure aussi avoir fait son possible. Les quatre hommes impliqués dans les attentats figuraient sur une liste regroupant les personnes suspectées de terrorisme ou de radicalisation réalisée sa demande. Consciente du terreau jihadiste que constitue sa commune, l’élue voulait avoir une vue d’ensemble. L'objectif, pouvoir identifier ces personnes "notamment pour les radier si elles étaient présumées partir en Syrie. Pour pouvoir également prendre des mesures, notamment de fermeture de leurs établissements", indique-t-elle sur BFMTV.
Mais malgré leur identification, Abdelhamid Abaaoud et les frères Abdeslam n'ont pas été arrêtés. Françoise Schepmans met en cause le manque de lien avec les autorités.
"La collaboration est essentielle, elle doit se faire entre le local et le fédéral. Cette collaboration n’a pas fonctionné de manière assez efficace", reconnaît-elle.
Une "caricature" de la Belgique
Charles Michel, le premier ministre belge regrette quant à lui "les caricatures exprimées contre la Belgique". "Il y a un an, les services de sécurité belges étaient cités en exemple car on avait déjoué des attentats à Verviers, nous ne sommes pas devenus en un an des incapables", se défendait-il début février sur Europe1.
Après les attentats, le ministre belge de l'Intérieur avait promis de "faire le ménage" à Molenbeek. Depuis, la ville est régulièrement visée par des opérations de police. Mercredi encore, une perquisition a été menée à Molenbeek dans le cadre de l’enquête sur les attentats.