Haute-Saône: le frère d'un jihadiste du 13-Novembre transféré après une vive polémique

Karim Mohamed-Aggad - Image d'illustration - BFMTV
Est-ce la fin d'une vive polémique à Lure, en Haute-Saône? Karim Mohamed-Aggad, fiché S et frère d'un de Foued Mohamed-Agad, un des auteurs de l'attentat contre le Bataclan en 2015, n'est plus assigné à résidence dans cette commune. Il a quitté Lure ce vendredi 28 février, après plusieurs semaines de vives déclarations et de menaces concernant sa présence dans cette commune de 8.000 habitants.
Le maire de la ville Éric Houlley avait indiqué qu'il entamerait une grève de la faim ce samedi si l'État n'intervenait pas, comme cela était convenu à son arrivée selon lui.
Karim Mohamed-Aggad est assigné à résidence depuis juin 2024 dans un hôtel de la ville, suite à un arrêté du ministre de l'Intérieur. Condamné en mai 2017 à neuf ans de prison pour avoir rejoint Daesh en 2013 en Syrie, il a purgé sa peine, avant d'être déchu de la nationalité française en novembre 2023. De père algérien et de mère marocaine, il n'a pas pu être expulsé vers l'un de ces deux pays, car le laissez-passer consulaire, nécessaire pour une telle opération, n'a été délivré ni par Alger ni par Rabat.
Le maire cible "d'une campagne de haine" du RN
Où a été transféré Karim Mohamed-Aggad? On l'ignore pour le moment. "Le choix des lieux d'assignation appartient au seul ministère de l'Intérieur. À Lure comme dans le nouveau lieu d'assignation, le choix se fait d'abord en fonction d'impératifs de sécurité pour garantir une surveillance étroite et permanente", explique le préfet de la Haute-Saône Romain Royet dans un communiqué.
Ce dernier a "informé le maire de Lure de ce changement". L'édile de Lure Éric Houlley a indiqué ce vendredi qu'un rassemblement citoyen prévu samedi à 11 heures à Lure serait maintenu, ajoutant qu'il attendait toujours que 'l"État (l')informe officiellement" de sa décision de changement de lieu d'assignation et que "l'État réhabilite le rôle (qu'il a) eu dans cette affaire".
L'élu de la ville, Éric Houlley, avait dénoncé "le silence assourdissant" de l'État, estimant n'avoir pas été assez accompagné par cette décision subie.
"J'ai été dans l'œil du cyclone, soupçonné d'avoir implanté cette personne" alors que "je me suis toujours opposé" à la décision de l'assigner à Lure, a-t-il ajouté.
Il regrette par ailleurs d'avoir été la cible "d'une campagne de haine" pour "des raisons opportunistes et électoralistes et pour jouer sur les peurs et les registres habituels du Rassemblement national". Plusieurs élus d'extrême droite s'en étaient pris publiquement à lui. Exemple, le président du groupe RN au conseil régional Julien Odoul avait évoqué "un deal infâme avec le préfet, au mépris de la sécurité des habitants".