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Police-Justice

"Nous ne sommes pas des terroristes": ce que l'on sait du groupe "DDPF" pointé du doigt après les dégradations de prison

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Un groupe baptisé "DDPF", pour "Défense des prisonniers français", relaie sur la messagerie Telegram depuis le dimanche 13 avril les différentes actions ciblants des prisons françaises. La "dégradation des conditions de détention" des prisonniers y était vivement critiquée. Il vient d'être supprimé "à la demande de l'autorité judiciaire".

Trois jours après les premières attaques contre des prisons françaises, il n'y a "pas de piste privilégiée", ni "arrestation", a indiqué le procureur de la République antiterroriste Olivier Christen ce jeudi 17 avril.

Le parquet national anti-terroriste (PNAT) a annoncé se saisir de l'enquête et a pointé la responsabilité "d'un groupe baptisé 'DDPF - Défense des prisonniers français'". Des inscriptions "DDPF" ont en effet été retrouvées dans de nombreuses actions recensées ces derniers jours.

"Ces gens-là, où qu'ils se trouvent, nous les retrouverons, nous les aurons", a promis ce jeudi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

• L'action de Darmanin visée

Créé samedi 12 avril, le groupe Telegram "DDPF" a d'abord arboré une photo de profil montrant Gérald Darmanin derrière les barreaux, indiquent Libération et l'agence de presse Reuters, qui ont pu accéder au groupe. Elle a ensuite été remplacée par la photo de couverture du livre La Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de la juriste Wanda Mastor.

Un premier texte a été publié dans la matinée du dimanche 13 avril à destination des quelque mille abonnés du groupe. Le canal se définissait alors comme un "mouvement dédié à dénoncer les atteintes à nos droits fondamentaux auxquelles le ministre Gérald Darmanin compte porter atteinte".

Toujours selon Libération, le groupe a listé les dégradations des conditions de détention, partagé du contenu à ce sujet, dénoncé des violences de la part de l'administration pénitentiaire et appelé à la mobilisation contre le ministre de la Justice.

Ce dernier estime que ces actions sont des réactions à sa stratégie contre le narcobanditisme et notamment à l'annonce de la création des prisons de haute sécurité. Il dénonce également des tentatives de "déstabilisation de l'État".

• Des vidéos de revendications

Dans la nuit de dimanche à lundi 14 avril, juste après l'incendie de sept véhicules sur un parking de l'École nationale de l'administration pénitentiaire (ENAP), une vidéo a été publiée sur le canal. Elle montrait le sigle "DDPF" tagué au sol et la silhouette d'une personne entrain de mettre le feu à un parking.

"École à Agen, où les surveillants sont formés à ne pas respecter les droits de l'homme", est-il écrit en accompagnement de cette vidéo.

Les nuits suivantes, d'autres vidéos ont été publiées, présentant des voitures en feu à Nanterre (Hauts-de-Seine), Nîmes (Gard) ou encore Aix-Luynes (Bouches-du-Rhône). La plupart des actions recensées ont été partagées sur le groupe, sans être explicitement revendiquées. L'attaque à l'arme automatique de la prison de Toulon-La Farlède n'en fait pas partie.

• Le personnel pénitentiaire menacé

Dans certains messages, le groupe menace directement le personnel pénitentiaire. "Les ELSP (équipes locales de sécurité pénitentiaire) de Luynes, vous allez tous mourir pour le mal que vous avez fait", est-il écrit ou encore: "démissionnez, tant que vous pouvez, si vous tenez à vos familles, à vos proches, aux vraies valeurs essentielles d’une vie. Démissionnez tant qu'il en est encore temps."

Le canal appelle aussi les détenus à être "solidaires" et à les contacter pour "rejoindre le mouvement DDPF". Il prévient aussi que les actions vont se poursuivre.

"Le combat sera permanent, les démonstrations de force représentées ces derniers jours ne sont rien (à côté de) ce qui suivra", écrit le groupe.

"Gérald Darmanin a voulu déclarer la guerre à des personnes privées de liberté. Nous, la DDPF, à l'extérieur, nous les soutenons car tous les droits fondamentaux, qui constituent les droits de l’homme, sont bafoués. Détenus, réveillez-vous", poursuit le message.

• "Nous ne sommes pas des terroristes"

Mardi, le Parquet national antiterroriste (Pnat) a annoncé se saisir d'une enquête pour "association de malfaiteurs terroriste" et "tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste".

Gérald Darmanin a aussi dénoncé mardi lors d'une visite au centre pénitentiaire de Toulon-Farlède (Var) une "attaque terroriste" et affirmé que "la République ne reculera pas". Le même jour, dans la soirée, le groupe DDPF a voulu "remettre les choses au clair".

"Sachez que nous sommes pas des terroristes, nous sommes là pour défendre les droits de l’homme à l’intérieur des prisons", a écrit le groupe sur le canal, accusant Gérald Darmanin d'avoir "déclenché la guerre".

• Le groupe fermé "à la demande de l'autorité judiciaire"

Telegram a depuis supprimé certains messages et vidéos présents sur le canal qui étaient "contraires à ses règles". Le réseau social a rappelé dans un communiqué que "la publication d'appels à la violence et de menaces est explicitement interdite par les conditions d'utilisation."

La messagerie a notamment supprimée une vidéo de 18 secondes publiée mercredi 16 avril menaçant un agent pénitentiaire d'Aix-Luynes. Elle montrait un agent pénitentiaire en uniforme sortant d'une voiture, une boîte aux lettres avec un zoom sur le nom inscrit dessus, puis un plan d'une voiture avec la plaque d'immatriculation visible. Elle se terminait par un plan de nuit d'une plaque noire portant le sigle "DDPF" avec en arrière fond des flammes dévorant un véhicule.

Le procureur antiterroriste a annoncé ce jeudi matin que le groupe Telegram DDPF a finalement été fermé "à la demande de l'autorité judiciaire".

Emilie Roussey