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Police-Justice

Prisons attaquées: "la piste d'influence de la DZ Mafia" sera "explorée" par les enquêteurs

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La procureure de la République de Paris, Laure Beccuau, est revenue samedi 3 mai sur les dernières attaques survenues dans des centres pénitentiaires en France, relevant de "la très grande criminalité organisée".

La procureure de la République de Paris a tenu une conférence de presse samedi 3 mai sur les dernières attaques survenues dans des centres pénitentiaires en France, au lendemain de la mise en examen d'au moins 21 suspects, dont deux mineurs, sept personnes déjà incarcérées et le créateur présumé du premier compte Telegram intitulé DDPF (Défense des prisonniers français).

Celui-ci serait "le rédacteur du texte de revendication mettant en cause la condition carcérale" à l'origine de ces actions, comme évoqué ce vendredi par le parquet national antiterroriste (Pnat) et la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) dans un communiqué commun.

"Celui à qui paraît être imputable à ce stade la boucle Telegram qui fait naître la revendication DDPF, âgé de 24 ans, est le seul qui prétend avoir un lien avec la DZ Mafia. (...) La piste d'influence de la DZ Mafia, réelle ou supposée, sera explorée", a expliqué Laure Beccuau depuis le tribunal de Paris.

Déjà en détention provisoire, il sera prochainement jugé "pour des faits liés au narcobanditisme marseillais", proche de la DZ Mafia. "L'empreinte de la criminalité organisée s'est concrétisée au fil des investigations", a confirmé la procureure.

Une diversité de profils mis en examen

Sur les 21 suspects, tous ont été incarcérés, hormis les deux mineurs ayant été placés en centre éducatif fermé. Deux majeurs ont par ailleurs sollicité un débat différé et contradictoire qui aura lieu dans les jours à venir.

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Ces suspects, parmi lesquels figurent deux femmes, sont soupçonnés d'avoir été les "instigateurs, les relais, les recruteurs et les exécutants" ayant pris pour cibles les agents pénitentiaires avec "une violence extrême, décomplexée, préméditée, les atteignant, tant dans leur exercice professionnel, qu'au coeur de leur vie privée", a ajouté la procureure.

Laure Beccuau a insisté sur la diversité des profils soupçonnés d'être impliqués dans cette affaire d'attaques contre les prisons. Ils sont âgés de 15 à 37 ans, ont différentes origines géographiques et des parcours judiciaires variables, d'"inconnu" de la justice à membres de la haute criminalité.

"Pour certains, les qualifications retenues rendent leurs auteurs passibles de la réclusion criminelle à perpétuité. Les autres peines délictuelles étant de dix années", a poursuivi Laure Beccuau, selon qui certains ont reconnu les faits.

"Cette procédure révèle l'évolution de la criminalité organisée qui associe les profils du haut et du bas du spectre. On retrouve également le fait de recourir à des recrutements tarifés, à prix bas, de jeunes acteurs", souligne-t-elle. Les tarifs proposés aux exécutants sont compris entre 500 et 7.000 euros.

Information judiciaire ouverte par la Junalco en charge

Le groupe DDPF, totalement inconnu, avait publié vidéos et menaces sur un canal Telegram, fermé depuis. Des "donneurs d'ordres" y désignaient "des cibles parmi les agents et les établissements pénitentiaires", est-il détaillé.

"À ce stade, aucune organisation structurée de longue date ne semble appartenir à ce sigle. DDPF est un mot d'ordre, un étendard criminel derrière lequel se sont agrégés des malfaiteurs", selon Laure Beccuau.

"L'administration pénitentiaire et ses agents ont été la cible d'une violence extrême, préméditée", a rappelé la procureure de Paris, leur apportant son soutien et saluant la mobilisation "remarquable" des acteurs de la lutte contre la criminalité organisée.

L'information judiciaire ouverte vendredi par la Junalco -notamment pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes et de délits" et "tentative de meurtre en bande organisée"- porte sur une quinzaine d'actions menées contre des prisons et des agents pénitentiaires à partir du 13 avril.

Ce jour-là, à Agen, est apparu pour la première fois le tag "DDPF" près de sept voitures incendiées sur le parking de l'École nationale de l'administration pénitentiaire (Enap).

S'en est suivie une série d'incendies de voitures de personnels pénitentiaires un peu partout en France, des tirs de mortiers d'artifices sur des prisons, voire des tirs de Kalachnikov comme à Toulon. Également des tirs par arme à feu et des jets de cocktails Molotov le 21 avril dans un lotissement en Isère où résident des agents pénitentiaires, près de la prison de Saint-Quentin-Fallavier.

Le Pnat s'est saisi de l'enquête le 15 avril mais, à l'issue du coup de filet, "il n'apparaît pas que ces actions coordonnées procèdent d'une entreprise terroriste".

Gabriel Joly