Prisons attaquées: 21 suspects présentés à la justice en vue d'une mise en examen, la piste du narcotrafic confirmée

21 personnes ont été déférées ce vendredi 2 mai dans le cadre de l'enquête sur les attaques mystérieuses de prisons au nom d'un groupe inconnu "DDPF", ont indiqué le parquet national antiterroriste et la juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco) dans un communiqué.
Parmi eux, sept étaient déjà détenus et deux sont mineurs. Ces suspects vont être présentés à la justice en vue d'une mise en examen. La Junalco, désormais chargée des investigations, a requis leur placement en détention provisoire.
30 personnes avaient été interpellées dans ce dossier depuis le lancement d'un vaste coup de filet dans toute la France. Les investigations ont "mis en évidence un mode opératoire similaire, déployé de façon répétée: à partir d'un mot d'ordre d'action donné par l'instigateur du mouvement 'DDPF' sur une chaîne Telegram, des offres d'action ont été diffusées et relayées sur les réseaux sociaux, des exécutants ont été recrutés et sont passés à l'acte, moyennant rémunération significative", explique le communiqué.
Ce dernier se dessaisit de cette enquête, car "il n'apparaît pas que ces actions coordonnées procèdent d'une entreprise terroriste dont l'objet aurait été la commission d'infractions ayant pour seul but de troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur". "Aucune idéologie radicale violente, aucune ingérence étrangère, pistes pleinement explorées, n'ont pu être caractérisées", poursuivent la Junalco et le Pnat. "En revanche, les investigations ont permis d'inscrire résolument ces actions dans la très grande criminalité organisée", selon le communiqué.
Une information judiciaire ouverte
Le créateur du premier compte Télégram "DDPF" et rédacteur du texte de revendication publié sur la chaîne a été identifié. Il était déjà détenu, pour des faits de droit commun mais aussi mis en examen et sur le point d'être jugé "pour des faits liés au narcobanditisme marseillais, proche de la DZ mafia", selon la Junalco et le Pnat.
Trois personnes ont aussi été identifiées comme des "relais probables des actions violentes DDPF". Il s'agit de membres de la "grande criminalité organisée", déjà détenus. "Ils se seraient institués en donneurs d'ordre en désignant des cibles, manifestement choisies parmi les agents et établissements pénitentiaires de leur connaissance, et auraient sollicité des relais hors les murs, pour recruter des exécutants, parfois leur donner les moyens d'agir et les rémunérer à cette fin", développe le communiqué.
L'information judiciaire, ouverte vendredi pour notamment association de malfaiteurs en vue de la préparation de crimes et de délits, porte sur quinze actions menées contre des prisons et des agents pénitentiaires à partir du 13 avril
Des attaques "liées au narcotrafic", selon Darmanin
Le 13 avril à Agen était apparu pour la première fois le tag "DDPF" (Défense des prisonniers français) près de sept voitures incendiées sur le parking de l'Ecole nationale de l'administration pénitentiaire (Enap). S'en était suivie une série d'incendies de voitures de personnels pénitentiaires un peu partout en France, des tirs de mortiers d'artifices sur des prisons, voire des tirs de kalachnikov comme à Toulon.
L'enquête porte aussi sur des tirs par arme à feu et des jets de deux cocktails Molotov ayant visé le 21 avril un lotissement à Villefontaine (Isère) où résident des agents pénitentiaires, non loin de la prison de Saint-Quentin-Fallavier.
Pour le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, ces attaques sont "clairement liées au narcotrafic". Leurs auteurs "ont essayé d'intimider les agents pénitentiaires pour qu'ils demandent au gouvernement de ne pas adopter la loi" contre le narcotrafic, a soutenu le ministre sur France Inter mercredi.
Les attaques contre les prisons ne sont ni le fruit de "l'ultra-gauche", ni d'une "ingérence étrangère" ou "d'une coïncidence générale", a-t-il dit. Parmi les personnes interpellées, il y a 5 détenus qui "communiquaient et organisaient ces vengeances ou cette intimidation de l'Etat avec des tirs de kalachnikov sur les domiciles des agents pénitentiaires", a précisé le garde des Sceaux.