Trêve dans l'impasse, soutien de Trump: pourquoi Israël reprend sa guerre dans la bande de Gaza

Les armes se seront tues pendant deux mois. Israël a repris cette semaine sa guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza, rompant la trêve en vigueur depuis le 19 janvier.
Ce mardi, des bombardements massifs ont fait selon le Hamas plus de 400 morts, "dont plus de 130 enfants" d'après l'Unicef. Les frappes ont été vivement condamnées par l'ONU et de nombreux pays, dont la France, qui a regretté un "retour en arrière dramatique" par la voix d'Emmanuel Macron.
· Une trêve dans l'impasse
L'accord de trêve était dans l'impasse depuis l'expiration le 1er mars de la première phase du cessez-le-feu, durant laquelle 33 otages dont huit morts ont été restitués à Israël en échange d'environ 1.800 détenus palestiniens.
Le Hamas voulait ensuite passer à la deuxième phase de l'accord, qui prévoit un cessez-le-feu permanent, le retrait israélien de Gaza, la réouverture des passages pour l'aide humanitaire et la libération des derniers otages.
De son côté, Israël réclamait une extension de la première phase jusqu'à mi-avril et réclame, pour passer à la deuxième, la "démilitarisation" de Gaza et le départ du Hamas. Mais ce dernier, qui a pris le pouvoir dans le territoire en 2007, insiste pour y rester. Si le mouvement s'est dit prêt à confier les questions administratives et civiles à un groupe de technocrates palestiniens, il n'est pas prêt à abandonner le contrôle de la sécurité à Gaza.
Face à ce blocage, la reprise du conflit semblait inéluctable. "Benjamin Netanyahu n'a jamais eu l'intention de passer à la deuxième phase du cessez-le-feu, ce qui aurait entraîné le retrait des forces israéliennes de Gaza, laissant de facto le Hamas au pouvoir", résume le Guardian.
"Israël a accepté les propositions de l'émissaire américain Steve Witkoff pour une prolongation (de la première phase) du cessez-le-feu, mais le Hamas les a rejetées deux fois", a accusé le chef de la diplomatie israélienne Gideon Saar. Selon lui, son pays n'avait "d'autre choix que de reprendre les opérations militaires".
· Des frappes jugées "indispensables" pour libérer les otages
Le Premier ministre israélien a averti que les frappes meurtrières mardi à Gaza n'étaient "que le début". Le Hamas "a déjà ressenti notre force ces dernières 24 heures. Et je veux vous assurer, à vous et à eux: ce n'est que le début", a-t-il déclaré dans une allocution télévisée.
"Désormais", les négociations sur la libération des otages encore à Gaza "ne se dérouleront que sous le feu", a affirmé Benjamin Netanyahu, estimant que la pression militaire était "indispensable" pour assurer leur retour.
Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre 2023 contre Israël, 58 restent retenues à Gaza dont 34 déclarées mortes par l'armée israélienne.
Le Forum des familles, la plus grande association de proches d'otages en Israël, a accusé mardi le Premier ministre Benjamin Netanyahu de "sacrifier" les captifs en ordonnant le retour des frappes sur le territoire palestinien.
Concernant les bombardements meurtriers de mardi, il s'agissait selon le porte-parole de l'armée israélienne Olivier Rafowicz de frappes "préventives", car "le Hamas préparait des attaques terroristes contre Israël".
· Netanyahu galvanisé par le soutien américain
Le gouvernement israélien a souligné que les récents bombardements avaient été menés "en totale coordination" avec les États-Unis, son principal allié, pour qui le Hamas a "choisi la guerre" en refusant de libérer les otages.
L'arrivée au pouvoir de Donald Trump a donné de nouvelles marges de manœuvre à Israël. Si Joe Biden n'a jamais cessé son soutien armé à Israël, il a souvent fait pression sur Benjamin Netanyahu pour qu'il modère son offensive contre le Hamas en épargnant les civils. Son successeur Donald Trump a radicalement changé de ton en apportant son plein soutien au gouvernement israélien.
Le républicain a promis de "déchaîner l'enfer" sur Gaza si le Hamas ne libérait pas les otages – et affirmé vouloir à l'avenir "prendre le contrôle" de l'enclave. Le président américain a également autorisé la livraison à Israël de bombes de 2.000 livres (quelque 900 kg), suspendue par Joe Biden au prétexte que leur utilisation causerait une "grande tragédie humaine".
· Un gouvernement sous pression de l'extrême droite
Benjamin Netanyahu a assuré que le feu vert à l'opération n'était pas motivé par "des considérations politiques", mais ses opposants l'accusent de vouloir poursuivre la guerre pour assurer sa survie politique.
À la tête d'un gouvernement formé de partis de droite, d'extrême droite et d'ultra-religieux, Benjamin Netanyahu est poussé par ses alliés les plus radicaux à poursuivre la guerre. Le parti Force juive, du ministre Itamar Ben Gvir, avait quitté la coalition au pouvoir en janvier après avoir qualifié l'accord de trêve avec le Hamas de "scandaleux". Depuis les frappes de mardi, il a annoncé son retour au gouvernement, souligne CNN.
Un autre allié de Netanyahu, Bezalel Smotrich, du parti Sionisme religieux, jugeait que la réponse armée d'Israël dans la bande de Gaza n'était pas assez dure. La nouvelle offensive déclenchée cette semaine "sera complètement différente de ce qui a été fait jusqu'à présent", a-t-il salué ce mardi. "Il s'agit d'une opération par étapes que nous avons planifiée et élaborée au cours des dernières semaines, depuis que le nouveau chef d'état-major de Tsahal (Eyal Zamir, NDLR) a pris ses fonctions", a-t-il précisé.