Guerre en Ukraine: comment vont se dérouler les négociations en Arabie saoudite?

Nouvelles discussions en vue d'un cessez-le-feu entre Russes et Ukrainiens. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est attendu ce lundi 10 mars en Arabie saoudite. Il doit rencontrer mardi les dirigeants américains afin de négocier un éventuel accord de paix probablement précédé d'un premier arrêt temporaire des combats.
• Pourquoi ces discussions aujourd'hui?
Ces échanges en Arabie saoudite surviennent un peu plus de trois ans après le début de l'invasion russe en Ukraine. Alors que l'armée de Volodymyr Zelensky est en difficulté sur le front, le président ukrainien est par ailleurs aussi à la peine diplomatiquement.
Sa rencontre avec Donald Trump le 28 février à la Maison Blanche a tourné au fiasco, les deux présidents s'écharpant devant la presse. Le chef de l'État américain avait notamment accusé son homologue ukrainien d'avoir "manqué de respect aux États-Unis" et l'avait menacé de "laisser tomber" l'Ukraine.
L'accord sur les minerais ukrainiens, prévu à cette occasion, n'avait finalement pas été conclu. L'enjeu pour Volodymyr Zelensky sera donc de réchauffer les discussions avec les États-Unis, alors que Washington a annoncé le gel de son aide militaire et l'arrêt du partage de renseignements.
• Qui y participera?
Ce lundi, Volodymyr Zelensky doit rencontrer le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane pour de premiers échanges, l'Arabie saoudite faisant office d'intermédiaire dans ces discussions, en plus des États-Unis.
Mardi, la délégation ukrainienne échangera avec l'équipe américaine à Jeddah. Parmi les personnes présentes, on comptera le secrétaire d'État américain Marco Rubio, qui doit avoir une discussion avec son homologue ukrainien mais aussi avec le prince héritier saoudien, l'émissaire américain pour le Moyen-Orient Steve Witkoff, ou encore le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis Mike Waltz.
Côté ukrainien, le chef de cabinet de Zelensky Andriy Yermak est attendu, ainsi que son ministre des Affaires étrangères Andriy Sybiha et son ministre de la Défense Rustem Umerov. Aucun allié européen de Kiev n'a été convié.
• Pourquoi en Arabie saoudite?
L'Arabie saoudite entend depuis deux ans s'affirmer en tant que "leader du monde musulman sunnite" et comme "force dominante au Moyen-Orient", note Associated Press.
Accueillir des discussions entre deux pays en guerre, en leur offrant de faire office de terrain neutre, mais aussi en jouant le rôle d'intermédiaire dans ces échanges, lui permet donc d'asseoir ses ambitions. Le prince Mohammed ben Salmane avait déjà affirmé cette ambition lorsqu'il avait invité Volodymyr Zelensky au sommet de la Ligue arabe de 2023.
Pour le média américain, l'Arabie saoudite, au gouvernement autocratique, offre par ailleurs aux belligérants la possibilité d'échanger dans un pays "étroitement contrôlé" et dans une "relative confidentialité".
Outre l'Arabie saoudite, une autre force du Moyen-Orient, les Émirats arabes unies, avait également été envisagée comme lieu d'accueil des discussions.
• Que peut-on en espérer?
Ces discussions doivent servir à "définir un cadre pour un accord de paix et un cessez-le-feu initial" entre la Russie et l'Ukraine, a indiqué l'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff.
Ce lundi, le président ukrainien a redit "chercher la paix" et a dit vouloir proposer une trêve "dans les airs" et "en mer", à la veille des négociations.
L'Ukraine avait adopté quelques jours plus tôt un discours plus prudent. Avant son arrivée en Arabie saoudite, Volodymyr Zelensky avait simplement déclaré "espérer discuter et se mettre d'accord sur les décisions et étapes nécessaires" sans préciser dans quel but exactement.
L'administration Trump estime que les dirigeants ukrainiens sont "prêts à aller de l'avant" concernant l'accord en vue d'un cessez-le-feu avec la Russie, selon un haut responsable du département d'État américain, rapporte la BBC ce lundi. "Le reste de l'Europe reste sceptique car elle a été tenue à l'écart des négociations", estime pour sa part Associated Press.