CARTE. Guerre en Ukraine: Kiev en difficulté sur le front avant l'ouverture des négociations de paix

La Russie progresse sur le front. Moscou revendique la prise de nouveaux territoires ukrainiens, alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky est attendu ce lundi 10 mars en Arabie Saoudite à la veille d'une rencontre avec la diplomatie américaine, la première depuis la vive altercation entre Donald Trump et son homologue ukrainien à la Maison Blanche.
L'Ukraine se trouve actuellement en difficulté sur le front, alors qu'elle doit entamer des discussions avec les États-Unis dans l'espoir de trouver un accord de paix.
Une "offensive de grande ampleur" dans le secteur de Koursk
Dimanche, les forces russes ont assuré avoir repris quatre localités dans la région de Koursk: les villages de Lebedevska, puis de Malaïa Loknia, Tcherkasskoïé Poretchnoïé et Kossitsa.
La veille, un commandant de l'armée russe, Apti Alaoudinov, assurait d'ailleurs que les troupes de Moscou avaient lancé "une offensive de grande ampleur dans toutes les directions de la section de Koursk", sur le réseau social Telegram.

L'Ukraine avait lancé une incursion dans cette région en août dernier, s'emparant de zones clé. Kiev le considère en effet comme une monnaie d'échange potentielle dans le cadre d'éventuelles négociations de paix. Mais la Russie a depuis repris plus des deux tiers de ce territoire.
Première percée à Soumy depuis 2022
Autre avancée russe notable, cette fois dans la région de Soumy. Dimanche, Moscou a assuré s'être emparée du village de Novenke, situé à proximité de la région de Koursk.
Cette poussée revêt une dimension symbolique importante car il s'agit de la première prise russe dans la région depuis 2022. La zone de Soumy avait été partiellement occupée au début de l'invasion russe il y a trois ans, mais les troupes russes s'en étaient retirées au printemps 2022.

"Depuis le mois d'août de l'année dernière, environ 1.000 km² en territoire russe ont été conquis par les Ukrainiens. Les Russes essayent de réduire cette poche en encerclant par le sud. C'est la raison pour laquelle ils ont pris le village de Novenke", explique le général Jérôme Pellistrandi, consultant Défense pour BFMTV.
"Dans le narratif russe, ils présentent ça comme une grande victoire, mais en fait, c'est un champ de ruines. La problématique pour les Ukrainiens, c'est qu'ils ont encore un certain nombre de milliers de soldats dans cette région", assure notre consultant.
Une "nouvelle pression russe au nord"
Ces derniers jours, les soldats russes se rapprochaient par ailleurs de la ville de Soudja, principale ville tenue par Kiev dans la région de Koursk.
Les forces russes continuent également de viser les infrastructures énergétiques ukrainiennes, "surtout les infrastructures gazières", rapportait le ministère britannique de la Défense dans son dernier point de situation sur le front ukrainien samedi. Une façon de "chercher à exploiter la période hivernale" afin de "démoraliser la population ukrainienne et d'affaiblir son économie", d'après Londres.
De son côté, l'Ukraine a nié samedi toute avancée majeure des forces de Moscou, affirmant que son armée détruisait les groupes de soldats qui tentaient de franchir la frontière.
Pour autant, Jérôme Pellistrandi estime que cette "nouvelle pression russe côté nord oblige les Ukrainiens à déplacer des forces pour protéger cette partie" du front.
L'Ukraine à la peine diplomatiquement
Ces prises semblent par ailleurs signer un rythme d'offensive accru de la part de la Russie ces derniers jours. Selon une source dans l'armée de Kiev interrogée par le journal ukrainien Ukrainska Pravda, les militaires ukrainiens tentent de "stabiliser la situation", mais les troupes russes peuvent être en mesure de "couper complètement les voies d'approvisionnement" de l'armée ukrainienne, ce que Kiev n'a pas confirmé.
Le général Jérôme Pellistrandi tempère toutefois les avancées des hommes de Moscou. "Les Russes n'arrivent pas à percer les lignes de défense ukrainiennes. Il n'arrive pas par exemple à faire un bond de 10, 15, 20 km en quelques jours, c'est du grignotage", dit-il.
Elles montrent toutefois que "la Russie de Vladimir Poutine n'a aucunement l'intention de baisser son effort militaire, bien au contraire", d'après notre consultant.
Et cela alors que l'Ukraine, de son côté, se trouve dans une situation diplomatique délicate, depuis la suspension de l'aide militaire américaine et de son partage de renseignement avec Kiev.
Alors qu'il doit rencontrer le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane ce lundi pour lancer les discussions, Volodymyr Zelensky s'est dit favorable à un "dialogue constructif", se disant persuadé que la réunion serait "productive".