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Affaire Bétharram: l'établissement visé par des plaintes pour violences doit-il fermer?

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Le collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques est visé par des accusations de violences physiques et sexuelles survenues entre les années 1970 et 1990. Le Premier ministre François Bayrou a rencontré samedi 15 février un collectif de victimes.

Quel avenir pour l'institution bicentenaire? Alors que le collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques est visé par des accusations de violences physiques et sexuelles par d'anciens élèves qui seraient survenues dans les années 1970 à 1990, le devenir de l'établissement pose question.

Ancien élève de l'établissement, Michel Leatapie affirme au micro de BFMTV avoir subi des violences physiques pendant sa scolarité à Bétharram.

"C'était l'école qui redressait les élèves (...), on a ramassé", assure-t-il, évoquant "des grandes baffes, voire des coups-de-poing".

"À l'âge de 10 ans, j'ai souvent versé des larmes dans le lit", confie-t-il, encore ému aujourd'hui, les yeux tournés vers son ex internat.

Une rencontre entre Bayrou et d'ex victimes

Le Premier ministre François Bayrou a annoncé samedi 15 février qu'il allait demander "des magistrats supplémentaires" pour "aller au bout" du travail d'enquête sur plus d'une centaine de plaintes des victimes qui dénoncent des violences physiques et sexuelles à Notre-Dame-de-Bétharram.

Après une rencontre avec un collectif de victimes, le chef du gouvernement a assuré avoir "fait ce qu'(il) devait faire" lorsqu'il était ministre de l'Éducation nationale entre 1993 et 1997 et avoir demandé une inspection en 1996 dans cet établissement catholique.

Le porte-parole des victimes Alain Esquerre a salué de son côté un "jour historique" après son échange avec François Bayrou, tout en appelant "tous ceux qui n'ont pas encore saisi la justice à se manifester, car un nombre colossal de victimes reste encore tapi dans l'ombre".

Habitants et familles divisés

Ex élèves et familles d'enfants actuellement dans le collège-lycée se montrent divisés sur le devenir de l'établissement.

"Par souci de précaution, on devrait fermer", estime un habitant, au micro de BFMTV.

"On devrait mettre en pause tant que les victimes n'ont pas eu leur réponse", soutient une autre.

De son côté, Thierry, qui a une fille scolarisée dans le collège-lycée, n'est pas favorable à une fermeture. "Je ne suis absolument pas inquiet. Je vois le vécu de ma fille et je vis avec un enfant épanoui", soutient-il.

"Ça (les violences présumées NDLR) s'est passé dans ce lieu-là, mais c'était à une autre époque, dans une autre période, dans un autre contexte social donc je ne vois pas le rapport entre fermer l'établissement maintenant et ce qu'il s'est passé avant", estime-t-il.

Une centaine de plaintes examinées

Le parquet de Pau enquête depuis un an sur plus d'une centaine de plaintes pour agressions physiques et sexuelles dans cet établissement catholique entre les années 1970 et 1990.

Affaire Notre-Dame de Bétharram : que savait François Bayrou des cas de violences au sein de l'établissement?
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Toujours sous contrat avec l'Éducation nationale, l'établissement n'est plus dirigé depuis 2009 par la congrégation du Sacré-Coeur de Jésus de Bétharram et a été renommé Le Beau Rameau.

Sous le feu des critiques, François Bayrou est accusé d'avoir menti sur sa connaissance à l'époque de tels faits, ce qu'il conteste. Plusieurs de ses enfants ont été scolarisés dans l'établissement et sa femme y a donné des cours de catéchisme.

Hugo Smague et Colline Chambolle avec Juliette Desmonceaux