Affaire Bétharram: où en est l'enquête sur les "112 plaintes" pour violences, viols et agressions sexuelles?

Une vue du collège et du lycée catholique français Le beau rameau, anciennement Notre-Dame de Bétharram à Lestelle-Betharram, dans le sud-ouest de la France, le 12 février 2025. - Philippe LOPEZ / AFP
L'affaire dite "Bétharram", qui a éclaté au grand jour en 2024 mais qui remonte jusqu'aux années 1950, est sur le devant de la scène politique ces derniers jours. François Bayrou est accusé par nos confrères de Médiapart, s'appuyant sur des témoins et un document, d'avoir été au courant des actes d'abus qui se déroulaient dans l'établissement catholique Notre-Dame de Bétharram, dans son fief du Béarn (Pyrénées-Atlantiques), sans n'avoir rien fait. Ce qu'il réfute.
Si les politiques s'en emparent tout juste, la justice, elle, travaille sur le dossier depuis le début de l'année 2024. Date où des plaintes pour violences, agressions sexuelles et viols ont été déposées contre des surveillants et des religieux pour des faits allant de 1950 aux années 2000, indique une source proche de l'enquête à BFMTV.
Le porte-parole des victimes et ancien élève Alain Esquerre - également fondateur du groupe Facebook sur lequel les victimes se sont regroupées - affirmait en juillet dernier auprès de France 3 Nouvelle-Aquitaine que de nouvelles plaintes concernent des "actes de violences physiques, et d'abus sexuels" survenus "entre 2013 et 2016".
112 "lettres-plaintes"
Une enquête a été ouverte des chefs de violences aggravées, viols aggravés, et agressions sexuelles aggravées par le parquet de Pau début 2024. Les infractions sont aggravées en raison de la minorité des victimes: elles étaient âgées de 8 à 13 ans au moment des faits. Dans l'immense majorité des cas, il s'agit de jeunes garçons.
L'enquête est depuis menée par le procureur de Pau, Rodolphe Jarry, qui a saisi les gendarmes de la Section de Recherches de la ville pour investiguer.
En cette mi-février 2025, le parquet de Pau a reçu 112 "lettres-plaintes", dans lesquelles les personnes estimant avoir été victimes résument ce qui leur est arrivé, affirme une source judiciaire à BFMTV. Cette même source nous apprend que le parquet de Pau a entendu près de 95 personnes dans cette affaire, et que près de 72 ont déposé plainte. Il s'agit à ce stade d'une enquête préliminaire.
Selon une source proche de l'enquête, les plaintes concernent surtout des faits de violences mais certaines portent aussi sur des faits de viols et d'agressions sexuelles. Les personnes visées par ces accusations sont des laïcs et des religieux: "10 prêtres et 4 laïcs" précise une victime à l'origine de ces révélations.
La prescription déterminante pour les suites de l'affaire
La prescription sera au cœur de cette affaire tentaculaire. La justice va devoir se demander, pour chacun des plaignants, si les faits dénoncés sont prescrits, ou non. Et ce en se basant sur ce que dit et disait le droit en matière de prescription pour chaque date des faits dénoncés, car plusieurs lois se sont succédé sur cette question ces dernières années. Une fois que ce chantier, qualifié de "titanesque" par une source proche de l'enquête, sera terminé, la justice décidera soit de classer les plaintes sans suite ou d'ouvrir une information judiciaire pour les faits non prescrits.
"Mon objectif est l'ouverture d'une information judiciaire par le parquet qui, à ce jour, a terminé les auditions. La décision du procureur de Pau devrait intervenir rapidement", a déclaré le porte-parole des victimes Alain Esquerre dans un communiqué transmis à BFMTV le 6 février dernier.
"Nous, on veut que chaque victime de Bétharram soit reconnue et qu'il y ait réparation", a soutenu à France 3 l'ancien élève et victime Pascal Gélie.