Affaire Bétharram: Bayrou annonce des "moyens supplémentaires" pour aller "au bout du travail" d'enquête

François Bayrou annonce samedi 15 février "des moyens supplémentaires pour que les plaintes soient examinées" dans l'affaire Bétharram. Celle-ci implique des faits présumés de violences physiques, agression sexuelle et viol commis au collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), entre les années 1950 et 1990.
Durant plus de trois heures à la mi-journée dans les locaux de l'Hôtel de Ville de Pau, le Premier minsitre s'est entretenu avec neuf membres de l'association des victimes au sein de cet établissement catholique.
"Le collectif a dit qu'on avait besoin de moyens supplémentaires pour que les plaintes soient examinées. Je vais demander au ministère de la Justice de détacher des magistrats pour aller au bout du travail sur les plaintes, a déclaré le chef du gouvernement, à l'issue de cette réunion tenue à huis clos. Il faut aller au bout de cela, les coupables ne peuvent pas aller à l'abri".
Depuis un an, le parquet de Pau enquête sur une centaine de plaintes qui ont été déposées.
"Il y a des actes intolérables et abominables. Il est de notre devoir de les reconnaître, de voir la justice les punir et de se trouver ensuite avec la question de l'accompagnement et de la réparation", a poursuivi François Bayrou.
Dans la lignée des demandes de l'association des victimes
Le Premier ministre a également évoqué "un souhait de sensibilisation des enfants" porté par l'association des victimes, "des inspections aléatoires sur les internats" et "la question du fonds d'indemnisation pour les victimes d'abus physiques et sexuels".
Sur ce sujet, le maire de Pau a souligné que la Commission Reconnaissance et Réparation (CRR), déjà effective, "prend en compte les religieux, mais pas les laïcs". "On va examiner les moyens d'élargir la responsabilité, quand il y en a, non seulement aux religieux, mais aussi aux laics. On peut imaginer que ce soit sous l'autorité de l'État que l'on puisse examiner ces responsabilités", a-t-il annoncé.
Il entend par ailleurs réflechir à "un mécanisme pour garantir l'accompagnement psychologique des victimes". "On va rappeler de signaler immédiatement tous les soupçons d'abus sexuels et de violences physiques sous peine de sanction", a-t-il enfin prévu.
Préalablement à leur réunion, le collectif des victimes avait justement demandé de telles mesures et que cette lutte devienne "une priorité nationale". Chacune des personnes présentes lors de l'entrevue a raconté son expérience et les sévisses subies face à un Premier ministre "très à l'écoute", a appris BFMTV auprès de l'un des participants.
Bayrou répète qu'il "n'était pas au courant"
Sous le feu de la polémique, François Bayrou est accusé par Médiapart, d'avoir été au courant de ces abus, sans n'avoir rien fait. Ministre de l'Éducation au moment de la première plainte, il a de son côté assuré mercredi devant l'Assemblée nationale n'avoir "jamais eu la moindre information" sur l'affaire.
Il a répété samedi à Pau qu'il avait "fait tout" ce qu'il "devait faire" quand il était ministre de l'Éducation nationale (de 1993 à 1997).
"Quand j'ai appris en 1996 la première plainte pour une claque, j'ai fait organiser une inspection générale de l'établissement", a souligné le Premier ministre.
"À l'époque, je ne savais pas", a-t-il martelé avant de réaffirmer : "Je vous assure que ce n'est pas de ma faute" face aux journalistes présents pour un échange de questions et réponses.
Pourtant, Christian Mirande, l'ancien juge d'instruction en charge du dossier, affirme avoir rencontré de façon privée François Bayrou en 1998 pour évoquer le sujet et lui communiquer l'existence de faits graves.
Très ému au moment de s'exprimer, le porte-parole des victimes, Alain Esquerre a parlé d'un "jour historique" et d'une "immense victoire" après une réunion avec François Bayrou samedi à Pau.