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Police-Justice

Affaire Bétharram: que disait le rapport d'inspection académique demandé en 1996?

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Le document de trois pages reconnaît des violences survenues au cœur des années 1990, mais nuance, soulignant que "Notre-Dame de Bétharram n’est pas un établissement où les élèves sont brutalisés."

Rien à signaler? Alors que le Premier ministre François Bayrou doit rencontrer ce samedi 15 février à Pau le collectif des victimes des violences et agressions sexuelles au collège-lycée de Bétharram, établissement pour lequel le ministre de l'Éducation a demandé un nouveau contrôle, plusieurs médias dont Le Figaro assurent qu'une inspection pédagogique y a déjà eu lieu au cœur des années 1990.

Violences

Selon ce rapport académique daté du 12 avril 1996, que BFMTV a pu se procurer, le point de départ de cette inspection remonte au 31 janvier 1995, date à laquelle un CPE a donné une gifle à un élève de 5e après "une réflexion faite au sujet d'un verre cassé par un autre élève."

En outre, concernant ce même élève, le rapport fait également référence à un second événement, qui quant à lui date du 5 décembre 1995. Là, un surveillant-élève, "à la suite d'un chahut", a ordonné au collégien de "quitter le dortoir et de rester, en petite tenue, hors du bâtiment."

"Le Directeur de Notre-Dame reconnaît les faits et les regrette. Le père de l'enfant a porté plainte", apprend-on dans le document de trois pages.

Toutefois, malgré ces violences physiques et psychologiques, l'inspecteur académique souligne que "les récents événements qui concernent un enfant, d’ailleurs toujours élève du collège, ne doivent pas masquer la vérité: Notre-Dame de Bétharram n’est pas un établissement où les élèves sont brutalisés."

Dysfonctionnements

"Par un concours malheureux de circonstances, cet établissement vient de connaître des moments difficiles", est-il encore nuancé dans ce rapport.

Toutefois, le fonctionnaire en charge de cette inspection pointait bel et bien plusieurs dysfonctionnements au sein de l'établissement privé. En question, la trop grande quantité d'élèves à surveiller pour un trop petit nombre de surveillants.

De fait, l'établissement "avait pris l’habitude de demander à des élèves de seconde ou de première de jouer le rôle de surveillant pour les élèves des petites classes." Le rapport suggère d'ailleurs à la direction de stopper cette pratique en raison du manque de formation et de "statut."

Lors de cette visite, l'inspecteur dit avoir entendu plusieurs élèves qui tous, à l'exception d'un plus "nuancé", disent vivre leur scolarité "très normalement", "sans subir de châtiment corporel et dans un climat de confiance."

Une centaine de plaintes

Les conclusions du rapport semblent toutefois en totale contradiction avec la réalité des faits. Le parquet de Pau mène l'enquête depuis un an sur plus d'une centaine de plaintes visant des violences physiques, agressions sexuelles et viols qui auraient été commis au collège-lycée Notre-Dame-de-Bétharram entre les années 1970 et 1990.

François Bayrou était ministre de l'Éducation entre 1993 et 1997, puis député des Pyrénées-Atlantiques et président du Conseil général les années suivantes. Certains de ses enfants ont été scolarisés dans cet établissement où sa femme a enseigné le catéchisme.

En mai 1998, un prêtre, ancien directeur de l'institution, avait été mis en examen et écroué pour viol, avant d'être retrouvé mort en février 2000. Le juge chargé de ce dossier a relaté dans plusieurs médias que François Bayrou avait "fait la démarche de venir (le) voir lorsque le prêtre était en détention."

Matthias Tesson avec Hugo Septier