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Violences du 1er mai: la longue nuit d’Emmanuel Macron en Australie

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Emmanuel Macron se trouvait à Sydney lorsque les débordements se sont produits à Paris en marge du défilé du 1er mai. Comment le président a-t-il géré la crise, à 18.000 kilomètres de distance et avec huit heures de décalage horaire? Récit.

Violences à Paris, conférences de presse à Sydney. Emmanuel Macron était en déplacement en Australie lorsque les débordements ont éclaté durant la marche du 1er mai dans la capitale.

C’est donc à une distance de 18.000 kilomètres, avec 8 heures de décalage horaire, que le chef de l’État a suivi la crise. Et si les forces de l’ordre ont été critiquées pour le temps de latence entre le début des violences et leur intervention, la gestion des événements par l’exécutif a elle aussi été pointée du doigt. Récit de la nuit interminable du président français face aux événements.

10 heures à Paris, 18 heures à Sydney: Emmanuel Macron arrive en Australie

Le président est accueilli mardi soir par les officiels australiens. Il s’exprime devant la presse française à 11h46 (heure de Paris); il est un peu de moins de 20 heures là-bas. Les manifestants syndicalistes se rassemblent à Paris quand Emmanuel Macron se rend à son dîner avec le Premier ministre australien. Tandis qu’il sert des mains et accorde des selfies, les débordements démarrent dans la capitale française, à partir de 15h30, en marge de la manifestation.

Une situation dont il est informé à sa sortie du dîner. Il s’entretient par téléphone avec Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Elysée. Il est presque minuit à Sydney quand, dans les rues de Paris, les black blocs saccagent un restaurant McDonald’s. À Sydney, les journalistes interrogent Emmanuel Macron. Réponse de l’Élysée: "Le président se tient comme à l’accoutumée informé de l’actualité française, notamment liée aux manifestations du 1er mai."

16h24 à Paris, 00h24 à Sydney: la situation s'envenime 

  • Le face-à-face entre black blocs et forces de l’ordre s’installe. Les pavés répondent aux grenades lacrymogènes. Les premières interpellations ont lieu. À 20 heures heure française, il est 4 heures du matin en Australie. Emmanuel Macron s’entretient avec le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb. Il a fallu attendre 20h55, soit presque 5 heures du matin à Sydney, pour que le président réagisse publiquement, par un tweet.

Une réaction jugée insuffisante pour certains et trop tardive pour d’autres. Édouard Philippe et Gérard Collomb sont envoyés sur le terrain pour rassurer les Français:

"Beaucoup de Français aujourd’hui, ce soir, dans les journaux, ont vu des images qui les ont choqués", déclare le Premier ministre face à la presse à 22h22. "Je voulais, avec le ministre d’État, vous dire merci et vous dire qu’on va avoir encore besoin de vous (…) Ça fait quelque temps que ça dure, et ça va durer encore un peu."

1 heure du matin à Paris, 9 heures à Sydney: nuit blanche en Australie

Selon l’Élysée, le président n’a pratiquement pas dormi pour visionner les images des débordements à la télévision. Mais dès 9 heures, il doit assister à un hommage. Il enchaîne avec des entretiens politiques, et revient pour la deuxième fois devant la presse depuis qu’il est en Australie:

"La journée du travail, c’est la journée des travailleurs, ce n’est pas la journée des casseurs", déclare-t-il, avant d’ajouter : "Il y a un gouvernement, il y a un État. Il est dirigé et il continuera à agir."

On estime à 1200 le nombre de black blocs venus se joindre à la manifestation du 1er mai à Paris. Une journée marquée par des saccages et des violences, qui s’est conclue par 102 gardes à vue, dont 43 ont été prolongées.

Salhia Brakhlia avec Benjamin Pierret