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Sarkozy, Juppé, Fillon, Bertrand: l'agenda (trop) chargé de l'UMP

Xavier Bertrand, Jean-François Copé, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon: cinq hommes qui visent 2017

Xavier Bertrand, Jean-François Copé, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon: cinq hommes qui visent 2017 - Lionel Bonaventure ; Miguel Medina ; Clemens Bilan ; Nicolas Tucat ; Eric Feferberg – AFP ; montage BFMTV

Tous s'en défendent mais la présidentielle de 2017 a déjà commencé à agiter l'UMP. Chacun façonne son personnage, prend position, commente les déclarations des uns et des autres dans un marquage au corps, très strict. Il reste pourtant trois étapes: la présidence fin novembre 2014, la primaire en 2016 puis le premier tour de 2017 où la droite devra se montrer unie au maximum.

Si la prochaine échéance politique de l’UMP est l’élection le 29 novembre prochain de son président, en toile de fond c’est bien la présidentielle de 2017 qui agite (déjà) l’opposition. Surtout que le retour en politique de Nicolas Sarkozy a clairement lancé la bataille.

Depuis François Fillon, Alain Juppé, Xavier Bertrand – tout trois candidats déclarés à la primaire – et même Jean-François Copé ne cachent plus leurs ambitions élyséennes. Où en sont-ils? que font-ils?

> Nicolas Sarkozy en meeting

Réseaux sociaux, meeting et tribunes dans la presse, l’ancien président de la République n’en finit plus d’occuper un espace médiatique qu’il n’avait jamais vraiment quitté. Quand il ne s’affiche pas avec le rappeur américain Jay-Z au Parc des princes, il reçoit les courants de sa famille politique dans ses bureaux. Quand il ne publie pas de photos sur Twitter ou Facebook - deux piliers sa stratégie, censés prouver l’élan populaire derrière sa personne - c’est pour présenter ses "idées pour la France" au Figaro Magazine.

Nicolas Sarkozy reçoit également Xavier Bertrand et François Fillon cette semaine. Et s’il a perdu la bataille officieuse du Sénat, la prochaine échéance pour Nicolas Sarkozy est bien la (re)conquête de l’UMP fin novembre.

Pour ce faire, il multiplie les meetings, souvent chez ses soutiens comme à Troyes ce jeudi chez François Baroin, et a préféré la formule questions-réponses aux longs discours. Ses propositions politiques sur les 35 heures, sa remise de l'emploi à vie des fonctionnaires et sa volonté d’utiliser le referendum sur des questions comme les aides sociales, vont au-delà de la gestion d’un parti et font figure de programme d’un présidentiable.

Une ambition attestée par le fait que pour la première fois dans un meeting à Lambersart, Nicolas Sarkozy s’était dit favorable à une primaire au sein de l’opposition: il vise 2017.

> Alain Juppé à la télé

Alain Juppé, qui a affirmé sa volonté de participer à la bataille de la primaire à droite, assure qu’il ira "au bout" de son projet et peut compter sur le soutien désormais officiel de l’ancien président Jacques Chirac. Ce dernier l’a "toujours considéré comme son fils", juge même son concurrent François Fillon.

Le maire de Bordeaux, président par interim de l’UMP, n’intervient pas directement dans la campagne pour la conquête du parti mais il s’est présenté au meeting d’Hervé Mariton dans sa ville et on lui prête une affection pour le troisième candidat Bruno Le Maire.

Alain Juppé a l’avantage d’avoir du temps pour éclaircir son agenda. Il ne fait que peu d’annonces mais sa propension à réagir aux mouvements de ses adversaires montre qu’il est aux aguets.Son credo: "J'essaie toujours d'avoir des positions pas sectaires et de viser à l'apaisement et au rassemblement", a-t-il confié à BFMTV.

De plus, la diffusion d’une longue interview par Michel Denisot sur Canal + et sa participation à l’émission politique de France 2 Des paroles et des actes ce jeudi démontrent qu’il entend occuper le terrain… médiatique et entretenir une image de sage inédite pour lui.

> François Fillon en conférence de presse

"S’il n’y a pas de primaire, le premier tour de la présidentielle le sera", a menacé François Fillon sur BFMTV mercredi avant de piquer Nicolas Sarkozy sur l’affaire Bygmalion. Jeudi matin il était aussi invité sur France Inter pour évoquer la réduction des déficits, son cheval de bataille. Un sujet sur lequel il admet volontiers que son gouvernement n’a été assez loin entre 2007 et 2012. Une façon aussi de sous-entendre que Nicolas Sarkozy a pu le brider.

Plus largement, l’ancien Premier ministre veut montrer aussi qu’il travaille à l’avenir de la France en restant loin du clinquant et multiplier les conférences de presse qui détaillent ses projets depuis la fin du mois d’août. 

Néanmoins, le député de Paris doit aussi se méfier des manœuvres sarkozystes à l’égard de ses troupes. Ainsi, rapportait le JDD mercredi, Valérie Pécresse se serait vue proposer le poste de coordinatrice nationale des prochaines élections régionales par Nicolas Sarkozy. D’autres proches pourraient intégrer la direction de l’UMP imaginée par le candidat.

> Xavier Bertrand dans Valeurs actuelles

C’est l’outsider qui a affiché ses ambitions depuis très longtemps. La primaire, il y participera et l’a réaffirmé, les yeux dans les yeux, à Nicolas Sarkozy à l’occasion d’un déjeuner. L’ancien ministre du Travail a effectué son retour sur le devant de la scène politique à la Une de Valeurs Actuelles cette semaine.

Au menu une annonce forte: s’il revient aux affaires il "abrogera ou réécrira" la loi autorisant le mariage pour tous. "Je n'ai plus peur des mots: réécriture, abrogation, c'est la même chose", dit-il. Soit l’une des prises de position les plus fortes sur le sujet à l’UMP. Si Nicolas Sarkozy entretient le flou, Alain Juppé et François Fillon ont déjà annoncé qu’ils n’y toucheraient que peu sur le fond même s’ils assurent "protéger la famille". 

Xavier Bertrand ne s’est enfin pas prononcé sur un éventuel soutien à l’un des trois candidats à la présidence de l’UMP. Ses soutiens se disent eux partagés entre Sarkozy et Le Maire. Ce dernier sera d’ailleurs en meeting dans sa ville de Saint-Quentin.

> Jean-François Copé et son think tank

C’est l’homme surprise de cette liste. Démissionné de l’UMP il y a quelques mois, mis à mal par l’affaire Bygmalion, le député-maire de Meaux annonce son retour. Et il voit loin. Il réunira d’ailleurs ses troupes le 8 octobre prochain à l’Assemblée nationale avec l’ambition de réveiller son think tank "Génération France". Un nouveau site Internet a été imaginé et un appel aux dons lancé. "Il pense même à 2017", assure l’un de ses proches à L’Opinion.

Néanmoins, la situation de son ancien bras droit Jérôme Lavrilleux, en passe d’être exclu de l’UMP, et de son ancien directeur de cabinet Bastien Millot, mis en examen avec deux autres personnes dans l’affaire Bygmalion, pourrait brouiller son avenir.

Samuel Auffray