Rentrée noire pour Emmanuel Macron

En escadrilles. Un an après son accession à la magistrature suprême, Emmanuel Macron connaît un été noir, marqué par une série de revers, d'affaires et de polémiques. Démission de Nicolas Hulot, nomination polémique de Philippe Besson, proche de Brigitte Macron, au consulat de Los Angeles, propos sur les "Gaulois réfractaires au changement", menace de démission de Stéphane Bern... en quelques jours, les incendies se sont multipliés.
Avalanche
Le président de la République se trouve donc sur la défensive, au point qu'il a dérogé, lors de son voyage au Danemark puis en Finlande, à la règle voulant qu'il ne commente pas l'actualité nationale depuis l'étranger. L'avalanche a emporté cette barrière, Emmanuel Macron justifiant sa remarque gauloise comme un "trait d'humour".
"Je vois un président qui est en train de perdre pied sur tous les tableaux. Au bout d’un an, le mirage macronien est en train de se dissiper", juge ce samedi sur notre antenne l'eurodéputée Les Républicains Nadine Morano.
Les tergiversations du chef de l'Etat, désireux de "demander aux ministres compétents de répondre à toutes les questions qui se posent encore" sur l'application du prélèvement à la source, laissent en outre une franche impression de fébrilité, sur une réforme pourtant décidée lorsqu'il avait la direction de Bercy.
"Ce gouvernement avait le mérite de ne pas multiplier les couacs. On retiendra que c’est le Président lui-même qui aura provoqué celui-ci", regrette un macroniste dans Libération.
Rupture
Depuis l'affaire Benalla, première crise majeure du quinquennat, Emmanuel Macron apparaît en position de faiblesse. L'idée "d'un nouveau monde", pilier de la macronie, est menacée par la démission de Nicolas Hulot. Le départ du ministre de la Transition écologique et solidaire accrédite en effet l'une des critiques récurrentes adressées à Emmanuel Macron, qui fait de lui, ancien banquier d'affaire, le "président des riches".
"La manière de sortir de Hulot en attaquant les lobbys fait mal, car cela met un soupçon sur le rapport qu’on entretient avec les intérêts privés", s'inquiète ainsi un proche du président dans Le Monde.
La revanche de "l'ancien monde"
Pour couronner le tout, cette série noire est commentée avec délice par le précédent locataire de l'Elysée et sa garde rapprochée, animés d'un esprit de revanche à peine voilé. À Cherbourg, François Hollande estimait ainsi vendredi qu'on "ne peut pas simplement être dans la gestion ou dans l'accumulation de réformes soit disant indispensables" et dessinait, en creux, un portrait peu amène de son ancien protégé.
"La fonction est exceptionnelle mais je voulais me garder des excès, des emportements et des provocations", glissait ainsi l'ancien "président normal", mettant en garde contre "la plaie du narcissisme".
S'il s'est efforcé de se démarquer de son mentor dès le début de son mandat, Emmanuel Macron en approche aujourd'hui l'impopularité, si bien que pointent les doutes internes et les critiques ouvertes, inconcevables il y a un an. Déjà, Nicolas Hulot et Stéphane Bern n'ont pas eu peur des foudres du président jupitérien. Une révolte, ou la révolution annoncée par Emmanuel Macron?