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Comment Sarkozy prépare son retour, malgré ses démêlés judiciaires

Nicolas Sarkozy le 3 mai 2012.

Nicolas Sarkozy le 3 mai 2012. - -

Bien qu'il soit empêtré dans ses ennuis judiciaires, l'ancien chef de l'Etat, Nicolas Sarkozy, a amorcé son retour prochain dans la vie politique.

En menant une violente contre-attaque, Nicolas Sarkozy a fait un pas de plus vers un retour en politique dans les tout prochains mois.

Intervenant lors du 20 heures de TF1 mercredi, pour la première fois depuis son échec de 2012, l'ancien chef de l'Etat a lâché une petite phrase lourde de sens. Dénonçant "l'instrumentalisation politique d'une partie de la justice", après les "chefs d'accusation grotesques" portés contre lui, Nicolas Sarkozy a demandé: "est-il normal qu'on poursuive les écoutes sur l'ancien chef de l'Etat qui pourra demain avoir des responsabilités politiques?"

L'Elysée dans le viseur

Certes, il a donné rendez-vous "à la fin du mois d'août ou début septembre" pour une décision définitive. Mais sa détermination pour revenir semble déjà totale, à l'instar d'un Silvio Berlusconi cerné par la justice mais plusieurs fois réélu. Les déclarations de l'ancien président de la République font d'ailleurs "penser au type d'arguments utilisés par Silvio Berlusconi: 'j'ai en face des juges politisés, je suis victime d'une persécution politico-judiciaire'", décrypte Marc Lazar, professeur de sciences politiques à Paris et Rome.

Au-delà de ses ennuis judiciaires, c'est l'Elysée que le vainqueur de 2007 et le vaincu de 2012 a dans son viseur. Mais il lui faut d'abord reprendre la tête de l'UMP, jamais remise de sa guerre interne Copé-Fillon et aujourd'hui chamboulée par l'affaire Bygmalion.

Une route jonchée d'obstacles

Souhaitée par les sympathisants UMP, cette reconquête n'emballe pas les Français, selon des sondages. Nicolas Sarkozy trouvera aussi sur sa route ceux de son parti qui ne veulent plus entendre parler de lui, notamment son ancien Premier ministre François Fillon, qui n'y a jamais cru "à cause des affaires". "Si Sarkozy revient, on a perdu en 2017", résume un proche du député de Paris.

Quant à Alain Juppé, qui se sent pousser des ailes après de bons sondages, il a dénoncé la "mise en scène très théâtrale" de la garde à vue de Nicolas Sarkozy. "Mais il ne faut pas vilipender la justice", a averti le maire de Bordeaux, lui-même condamné en 2004 dans l'affaire des emplois fictifs de la Ville de Paris. Idem pour Jean-Pierre Raffarin, qui réclame de la "sagesse de part et d'autre".

Un feuilleton judiciaire qui ne fait que commencer

Les nouveaux démêlés de Nicolas Sarkozy avec la justice ne font que commencer. Sa triple mise en examen, consécutive aux écoutes dont il a fait l'objet, est très lourde: violation du secret de l'instruction, corruption et trafic d'influence actifs. Ces deux derniers chefs sont passibles de peines pouvant aller jusqu'à dix ans de prison et d'inéligibilité. La suite de l'enquête risque de donner lieu à d'âpres batailles de procédure: Nicolas Sarkozy n'a pas exclu un recours pour demander l'annulation de sa mise en examen.

L'ancien président a aussi mis en cause de manière virulente l'impartialité d'une des deux juges d'instruction, membre du Syndicat de la magistrature, organisation qui avait appelé à voter contre lui en 2012.

A.S. avec AFP