"Il condamne sans explication": Jean-Luc Mélenchon propose au prix Nobel d'économie Philippe Aghion un "débat public"

Le fondateur de La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, avant une conférence de presse au siège du parti, à Paris, le 6 octobre 2025. - THIBAUD MORITZ / AFP
Jean-Luc Mélenchon répond au prix de Nobel. Dans une publication sur X ce vendredi 17 octobre, le leader de La France insoumise a appelé Philippe Aghion a "argumenter, pas de fulminer des oukases".
"Puisqu'il condamne sans explication le modèle économique de LFI, nous le mettons au défi d'un débat public avec nous sur ce sujet", a-t-il lancé.
L'ancien candidat à l'élection présidentielle réagissait aux propos de celui qui s'est vu décerner le prix Nobel d'économie 2025 ce lundi et qui a affirmé "ne pas faire confiance" à LFI et au RN "pour gérer la France".
S'il a pris ses distances avec Emmanuel Macron ces dernières années, Philippe Aghion a notamment contribué à la rédaction du programme du chef de l'État en 2017. Invité sur BFMTV ce vendredi, il a dit ne pas vouloir du Rassemblement national ni de la France insoumise à la tête du pays.
"Je ne veux pas que le RN prenne le pouvoir. Je ne fais pas confiance à ces gens-là pour gérer la France. Je ferai tout pour que cela n'arrive pas", a-t-il dit, ajoutant que "LFI c'est pareil, (...) je les mets sur le même plan".
Pour la suspension de la réforme des retraites, contre la taxe Zucman
"Monsieur Philippe Aghion est prix Nobel. Tant mieux pour la pensée économique libérale", a écrit Jean-Luc Mélenchon ce vendredi dans un tweet.
Récemment, Philippe Aghion s'était positionné en faveur de la suspension de la réforme des retraites pour éviter la censure du Parti socialiste. "Si on ne faisait pas l’arrêt des horloges, il y avait censure à nouveau et on allait dans l'inconnu", avait-il affirmé.
Néanmoins, ce partisan de la retraite par points estime qu'"il faudra une grosse réforme des retraites" car "on doit travailler plus" compte tenu du faible niveau du taux d’emploi des jeunes et des seniors en France.
Philippe Aghion a également fait part de son opposition à la taxe Zucman qui prévoit de taxer à hauteur de 2% les patrimoines des plus grosses fortunes. Selon lui, cette mesure est mauvaise car "elle s'attaque à l'outil de travail" et elle serait "nuisible pour la compétitivité du pays".
Un autre prix Nobel de l'Économie, Joseph Stiglitz, décoré en 2001, a lui défendu l'inverse, estimant qu'"un impôt plancher de 2% sur des millions et des millions de dollars, ce n'est vraiment pas grand-chose et il ne s’agira que d’approcher un petit peu d'un système plus équitable".
"Un très bon budget"
Ce jeudi, Philippe Aghion a également salué sur RTL "un très bon budget" du Premier ministre Sébastien Lecornu, au vu des "circonstances" difficiles dans lesquelles il a été élaboré.
"L'idée pour moi du programme de Macron, c'était libérer l'économie pour qu'on innove davantage, mais en même temps beaucoup plus de mobilité sociale, par la formation, par l'éducation, etc. Et en même temps, généraliser la protection sociale", précisait-il en 2018 sur France Inter. Depuis, Philippe Aghion a pris ses distances avec le président de la République, pointant une dérive à droite et une "verticalité". De son côté, Jean-Luc Mélenchon appelle à la destitution d'Emmanuel Macron.
Philippe Aghion a reçu le Nobel d'économie 2025, aux côtés de l'Américano-Israélien Joel Mokyr et du Canadien Peter Howitt, pour la théorie "de la croissance durable à travers la destruction créatrice". Les lauréats ont expliqué comment l'innovation en était à l'origine et fournissait l'élan nécessaire à une croissance durable, a retracé le président du comité pour le prix des sciences économiques, John Hassler.