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Révolte à Madagascar: qui est le colonel Michaël Randrianirina, nouveau président de l'île?

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Le militaire de 51 ans est devenu le nouvel homme fort de Madagascar ce vendredi 17 octobre. La France a appelé mercredi à ce que "les aspirations profondes du peuple malgache" soient "entendues" après ce coup d'État qui a provoqué la fuite du président Andry Rajoelina.

Le colonel Michaël Randrianirina, patron du Capsat, une unité de l'armée qui s'est mutinée et s'est jointe aux manifestants antigouvernementaux le week-end dernier, a prêté serment ce vendredi 17 octobre et est devenu le nouveau président de Madagascar.

L'île située au large de l'Afrique fait face depuis trois semaines à de violentes manifestations, ayant fait 22 morts et une centaine de blessés, d'après un bilan de l'ONU.

• Un opposant du président déchu

Âgé de 51 ans, le colonel Randrianirina, identifié comme un opposant de l'ex-président déchu et en exil Andry Rajoelina, est devenu le visage du mouvement de contestation initié par le collectif Gen Z. Le militaire est originaire de la région de l’Androy, dont il a été gouverneur entre 2016 et 2018, dans l’extrême sud de Madagascar.

Michaël Randrianirina avait été arrêté en novembre 2023, accusé d'avoir fomenté un coup d'État peu avant les élections contestées qui ont reconduit Andry Rajoelina au pouvoir.

L'arrestation aurait été ordonnée par le général Richard Ravalomanana, un allié d'Andry Rajoelina et ancien président du Sénat, dont la destitution (datant de dimanche, NDLR) faisait partie des exigences du mouvement de protestation.

En deux années, le militaire est donc passé d'une arrestation pour soupçon de tentative de coup d'État à une investiture au poste suprême, sans toutefois passer par les urnes.

• Un "homme de foi"

Placé en résidence surveillée avec son complice présumé, Thierry Rampanarivo, et détenu dans un hôpital militaire, Michaël Randrianirina a été condamné début 2024 à une peine d'un an de prison avec sursis pour "atteinte à la sûreté de l'État". Le militaire a finalement été libéré en février dernier.

"On est sorti au début du mois de février et on a repris le statut d'officier dans l'ombre", a déclaré Michaël Randrianirina à l'AFP. "Je n'avais pas de commandement", a-t-il dit. "Je travaillais dans ma maison, je cuisinais, je jouais au foot."

"Son attitude courageuse [...] ainsi que son image d'homme de foi issu de l'Église luthérienne ont renforcé sa légitimité", a déclaré l'analyste et chercheuse Velomahanina Razakamaharavo à l'AFP.

"Dans ce contexte, l'armée a été perçue comme le dernier rempart contre la violence - l'institution capable de stopper la répression et de rétablir l'ordre", a-t-elle ajouté.

• Le militaire balaie tout "coup d'État"

Le nouveau "président de la refondation" de Madagascar et nouvel homme fort du pays réfute le terme de coup d'État et s'évertue à entourer sa prise de pouvoir de légalité.

Les hommes du "colonel Michaël", comme l'appelle affectueusement la rue selon l'AFP, ont condamné la présidence d'Andry Rajoelina en ralliant samedi les protestataires qu'ils ont accompagnés vers le centre-ville.

"Un coup d'État, c'est quand les soldats entrent dans le palais présidentiel avec des armes, qu'ils tirent, qu'il y a du sang... Ce n'est pas un coup d'État", a-t-il assuré.

Reste que l'ONU a déclaré qu'elle "condamne un changement inconstitutionnel de pouvoir" à la veille de la prestation de serment. Et l'Union africaine a suspendu Madagascar de ses instances.

Le colonel Randrianirina a annoncé son intention de nommer un nouveau Premier ministre et la tenue d’élections dans un délai de 18 à 24 mois maximum.

Alixan Lavorel avec AFP