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Révolte à Madagascar: la France appelle à "la préservation de la démocratie" et se dit "disponible" pour "soutenir la recherche d'une solution"

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La France a appelé ce mercredi à ce que "les aspirations profondes du peuple malgache" soient "entendues" après un coup d'État qui a provoqué la fuite du président.

Après le départ du président malgache Andry Rajoelina et la "prise de pouvoir" des militaires, la France appelle ce mercredi 15 octobre à "la préservation de la démocratie, des libertés fondamentales et de l'État de droit".

"Les aspirations profondes du peuple malgache, et en particulier celles de sa jeunesse, à une vie meilleure, plus juste et plus digne, doivent être pleinement entendues et prises en compte", détaille le Quai d'Orsay, pour qui "leur voix porte l’espoir d’un avenir fondé sur la justice, l’égalité des chances, et le respect des droits fondamentaux".

Paris annonce aussi qu'"une des manifestantes gravement blessée est en cours d’évacuation sanitaire vers la Réunion".

"La France exprime sa compassion à l’égard des victimes, des blessés et de tous ceux qui ont été affectés par les récents événements", poursuit le Quai d'Orsay via un communiqué.

La capitale était calme ce mercredi

Ce mercredi, Paris se dit "disponible" pour "soutenir la recherche d'une telle solution". De son côté, les États-Unis ont appelé mardi à "une solution pacifique conforme à l'ordre constitutionnel" à Madagascar, au moment où les militaires ont affirmé "prendre le pouvoir" dans ce pays de l'océan Indien en proie à une crise politique et une contestation sociale.

"Nous exhortons toutes les parties à rechercher une solution pacifique conforme à l'ordre constitutionnel", a déclaré un porte-parole du département d'État américain.

Le contingent militaire du Capsat a pris le pouvoir ce mardi quelques instants après que les parlementaires ont voté à une majorité écrasante la destitution d'Andry Rajoelina, qui semble avoir fui la nation insulaire alors que des soldats se sont joints le week-end dernier aux protestataires antigouvernementaux après des semaines de manifestations de rue. La capitale Antananarivo était calme ce mercredi matin, mais une certaine incertitude régnait quant à la suite des événements, sur fond d'inquiétude exprimée par les instances internationales.

Vers des élections dans quelques mois?

Le commandant du Capsat, le colonel Michael Randrianirina, nouveau président de fait de ce pays parmi les plus pauvres et corrompus de la planète, a déclaré mardi aux journalistes que la transition politique prendrait moins de deux ans et comprendrait la restructuration des principales institutions. Elle sera supervisée par un comité d'officiers de l'armée, de la gendarmerie et de la police.

Le colonel Randrianirina a promis des élections dans 18 à 24 mois et assuré que le comité cherchera un "Premier ministre de consensus" pour former un nouveau gouvernement. L'autorité du nouveau pouvoir a été légitimée par la Cour constitutionnelle après la validation du vote de destitution contre Andry Rajoelina.

Andry Rajoelina, réélu lors d'un scrutin contesté en 2023, était arrivé au pouvoir en 2009 à la faveur d'un coup d'État soutenu par l'armée, qui avait été dénoncé par la communauté internationale, laquelle avait gelé l'aide étrangère et les investissements pendant près de quatre ans.

Il a résisté aux appels croissants à sa démission, déclarant lundi dans une allocution à la nation depuis un lieu inconnu qu'il cherchait des solutions aux problèmes de Madagascar.

Cette île à la population très pauvre a une longue histoire de soulèvements populaires suivis par la mise en place de gouvernements militaires de transition. Au moins 80% des 32 millions d'habitants de Madagascar vivent avec moins de 15.000 ariary par jour (2,80 euros), le seuil de pauvreté fixé par la Banque mondiale.

Matthieu Heyman avec AFP