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Et maintenant un référendum sur les retraites? Le prix Nobel d'Économie Philippe Aghion assure qu'Emmanuel Macron réfléchit à interroger les Français sur une nouvelle "réforme par points"

Le colauréat du Prix Nobel d'Economie 2025, Philippe Aghion

Le colauréat du Prix Nobel d'Economie 2025, Philippe Aghion - Photo par YANN CASTANIER / HANS LUCAS / HANS LUCAS VIA AFP

Le prix Nobel d'Économie Philippe Aghion a discuté avec le président de la République il y a 10 jours. Il raconte qu'Emmanuel Macron lui a confié réfléchir à un référendum sur l'instauration d'un système de retraites par points.

Le prix Nobel d'Économie 2025 Philippe Aghion a expliqué sur RTL ce jeudi 16 octobre qu'Emmanuel Macron lui avait confié qu'"il pensait à l'idée d'un référendum sur la réforme à points".

"On en a parlé, il m'a donné une décoration il y a une semaine et demie, il pensait à l'idée d'un référendum sur la réforme à points", a raconté Philippe Aghion.

"Il disait en tout cas pourquoi ne pas remettre (le sujet) sur le tapis."

L'économiste est en effet un proche d'Emmanuel Macron dont il a inspiré le programme économique en 2017 sur la relance de la croissance. "On a des rapports d'amitié, mais je suis un ami qui ne se prive pas de critiquer, je suis un chercheur indépendant, je dis ce que je pense", a précisé le lauréat.

"L'âge minimum, c'est quelque chose qui en France ne passe pas"

Le prix Nobel est lui-même un défenseur de la retraite par points. "Il y a un problème en France, c'est le tabou de l'âge limite. Les Français sont paniqués par tout ce qui est âge pivot, donc il faut prendre le problème par un autre bout (...) d'où le système à points", propose l'économiste.

Même si les autres pays européens ont reculé l'âge de départ à la retraite, ce n'est pas forcément une bonne idée d'appliquer la même recette en France selon lui.

"Chacun est différent (...) le couperet, l'âge minimum, c'est quelque chose qui en France ne passe pas, c'est de la psychologie donc il va falloir faire autrement", remarque-t-il.

Le système à points, également défendu par la CFDT, aurait selon lui l'avantage de laisser une "flexibilité" aux salariés, qui pourraient choisir de travailler plus longtemps et de gagner plus, ou de travailler moins longtemps et de gagner moins.

Pour Philippe Aghion, il est par ailleurs absolument nécessaire de lutter contre le "sous-emploi des jeunes et des seniors".

"On ne résoudra pas le problème budgétaire à long terme sans augmenter le taux d'emploi: les jeunes ne travaillent pas assez, les séniors ne travaillent pas assez."

Selon l'économiste, "ce n'est pas simplement à cause de l'âge de la retraite". Les entreprises ont une mauvaise culture de virer les gens à 50 ans, ça ne va pas du tout. Et les jeunes, ils ne les emploient pas beaucoup". Le prix Nobel appelle ainsi à un véritable changement culturel sur le sujet.

"C'est un budget très raisonnable"

Il a d'ailleurs pris position pour la suspension de la réforme des 64 ans, annoncée mardi par Sébastien Lecornu. L'économiste a plaidé pour "arrêter l'horloge maintenant", considérant que la censure aurait des conséquences plus négatives qu'une suspension.

Le prix Nobel d'économie a par ailleurs salué "un très bon budget" du Premier ministre Sébastien Lecornu, au vu des "circonstances" difficiles dans lesquelles il a été élaboré, alors que le gouvernement affronte dans la journée deux motions de censure.

Dans le monde dans lequel on est, je trouve que c'est un budget très raisonnable", a-t-il commenté.
Marine Cardot