Tensions avec l'Algérie: Retailleau prévient qu'Alger "s'expose à une riposte" s'il "ne respecte pas ses engagements"

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau à l'hôtel Matignon. Paris (France), le 26 février 2025. (Photo d'illustration) - Ludovic MARIN / AFP
Le bras de fer continue. Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a une nouvelle fois fait preuve de fermeté en évoquant les tensions qui agitent Alger et Paris sur les questions migratoires et notamment marquées par la détention en Algérie de l'écrivain binational Boualem Sansal qualifiée "d'arbitraire" par la France.
"(Si) Alger ne respecte pas ses engagements, en multipliant les provocations, alors l’Algérie s’exposera à une riposte de notre part", menace le ministre dans les colonnes du Figaro ce dimanche 2 mars.
Bruno Retailleau évoque ici le sujet migratoire qui empoisonne les relations entre les deux pays, alors qu'Alger a refusé de reprendre l'un de ses ressortissants sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français, avant qu'il ne tue un homme et en blesse sept autres dans une attaque au couteau samedi à Mulhouse.
"Au pouvoir algérien de faire son choix"
Une nouvelle fois, le ministre dit "plaider pour que la France assume un rapport de force", arguant que "désormais, cette fermeté n’est plus seulement la mienne, mais celle du Premier ministre et donc du gouvernement".
Lundi 24 février, Bruno Retailleau avait clamé ne "pas admettre que la France soit humiliée" sur la question algérienne. "Qui en France peut soutenir que la dureté n'est pas du côté du régime algérien?", s'était-il interrogé.
Poursuivant dans le même sens, le ministre soutient ce dimanche que "du côté algérien, l’agressivité n’a cessé de monter en puissance".
"C’est au pouvoir algérien de faire son choix désormais", affirme-t-il, appelant Alger à "revenir au droit, c’est-à-dire à une juste réciprocité, en reprenant ses ressortissants qui n’ont rien à faire en France".
Les accords de 1968 remis en cause?
Évoquant des "avantages exorbitants", Bruno Retailleau menace encore une fois de revenir sur les accords de 1968 qui donnent un statut particulier aux Algériens en France, ex-puissance coloniale, en matière de circulation, de séjour et d'emploi.
"Plus rien ne justifie ces privilèges aujourd’hui", estime le ministre.
"Il faut que l’Algérie accepte de reprendre ses ressortissants qui sont en situation irrégulière. Les Français nous demandent de reprendre le contrôle de l’immigration", martèle encore le locataire de Beauvau.
Emmanuel Macron avait tenté de calmer les tensions vendredi, lors d'une conférence de presse donnée à Porto, au Portugal. "On ne peut pas se parler par voie de presse, c'est ridicule, ça ne marche jamais comme cela", avait soutenu le chef de l'État, s'opposant aux "jeux politiques" et rejetant toute remise en cause des accords de 1968.
Inquiétude concernant Boualem Sansal
Concernant l'écrivain Boualem Sansal, Bruno Retailleau assure au Figaro que "depuis plusieurs jours, son épouse n’a plus de nouvelles", se disant "extrêmement préoccupé".
La "détention arbitraire" en Algérie de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, ainsi que "sa situation de santé", "nous préoccupent beaucoup", avait assuré déjà Emmanuel Macron vendredi à propos du Franco-Algérien incarcéré depuis novembre.
La crise que traversent la France et l'Algérie est l'une des plus graves depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962. Elle prend notamment racine dans la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental en juillet 2024.