"Le moment est venu d'élever le ton" avec l'Algérie: Patrick Stefanini appelle à renégocier l'accord migratoire de 1968

Patrick Stefanini appelle Paris à "élever le ton" avec l'Algérie. Invité ce dimanche 23 février sur BFMTV au lendemain de l'attaque au couteau de Mulhouse, le représentant spécial du ministre de l'Intérieur sur la question de l'immigration a déclaré voir dans cette affaire "l'illustration que l'Algérie ne respecte pas le droit international".
"Le moment est venu d'élever le ton, de changer la donne et de dire avec clarté aux Algériens: 'Nous voulons renégocier l'accord de 1968 et nous voulons renégocier de manière plus globale l'ensemble de notre politique migratoire avec l'Algérie", a résumé Patrick Stefanini en référence à ce traité conclu six ans après l'indépendance algérienne et facilitant l'arrivée et la délivrance de titres de séjour aux ressortissants algériens.
Âgé de 37 ans, l'auteur présumé de l'attaque qui a fait un mort et sept blessés samedi après-midi à Mulhouse était, en plus d'être fiché au FSPRT (Fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation terroriste), visé par une obligation de quitter le territoire français. Selon le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, Alger a refusé d'admettre cet homme sur son territoire "à dix reprises".
Sur ce dossier, le ministère de l'Intérieur "est allé au bout au de ce qu('il) pouv(ait) faire", a assuré Patrick Stefanini, qui pointe l'attitude "dilatoire et imprévisible, et donc inadmissible" de l'Algérie concernant sa politique de délivrance des laissez-passer consulaires.
Un accord "totalement obsolète"
Pour démontrer que l'Algérie "n'est pas le bon élève en matière d'éloignement", le représentant spécial a pris en exemple les chiffres de 2024. L'année dernière, 27.000 étrangers en situation irrégulière ont été expulsés du territoire français, un chiffre en hausse de 27% en 2023.
"Si on prend le cas particulier de l'Algérie, on constate que l'année dernière, les éloignements à destination de l'Algérie ont augmenté de 17% seulement", a-t-il souligné, contre une augmentation de 50% à destination du Maroc et une hausse de 46% à destination de la Tunisie.
Le représentant spécial s'en remet donc au Premier ministre et surtout au président de la République pour "poser à l'Algérie la question de la remise en cause" de l'accord de 1968, jugé "totalement obsolète" et qui n'est "absolument plus satisfaisant pour la France". Emmanuel Macron a jusqu'à présent toujours fermé la porte à cette hypothèse.
Mais de quels leviers disposerait la France pour contraindre Alger à se mettre autour de la table? Patrick Stefanini a évoqué la possibilité de diminuer le nombre de visas accordés à des ressortissants algériens, plus particulièrement les visas de long séjour. Mais il a reconnu qu'une telle politique "a des limites". "Nous avons en France une communauté algérienne importante", a rappelé Patrick Stefanini. "nous n'allons pas interdire (à ceux) qui vivent en France de circuler entre la France et l'Algérie.