Mulhouse: ce que l'on sait de l'attaque au couteau mortelle qualifiée d'"acte terroriste" par Macron

Un homme de 69 ans de nationalité portugaise a été tué et trois policiers municipaux ont été blessés ce samedi 22 février à Mulhouse lors d'une attaque au couteau, a annoncé le procureur de la République. Le suspect, un homme de 37 ans fiché pour prévention de la radicalisation terroriste, a pu être interpellé.
Le parquet national anti-terroriste (Pnat) s'est saisi de l'enquête, ouverte pour assassinat en relation avec une entreprise terroriste et tentatives d'assassinats sur personnes dépositaires de l'autorité publique, en relation avec une entreprise terroriste.
Ce dimanche 23 février, le Parquet national antiterroriste informait que quatre gardes à vue, dont celle de l'assaillant, étaient en cours.
· Une attaque en pleine rue
L'attaque a eu lieu aux alentours de 15h45 ce samedi, près du marché du Canal couvert, à proximité du centre-ville. L'homme, armé d'un couteau et d'un tournevis et criant "Allah Akbar" ("Dieu est le plus grand" en arabe), a d'abord blessé grièvement deux agents du stationnement.
Dans la foulée, "une personne civile" s'est "interposée", a indiqué le Pnat dans un communiqué. C'est cette personne, un homme portugais de 69 ans, qui est morte dans l'attaque.
En parallèle, trois policiers municipaux ayant poursuivi l'individu ont été blessés, dont un "grièvement", a affirmé la porte-parole de la police nationale sur BFMTV. L'un d'eux a été touché "à la carotide" et un autre "au thorax", a indiqué Nicolas Heitz, procureur de Mulhouse.
Un policier a sorti son arme à feu pour neutraliser le suspect mais n'a finalement pas tiré, car de nombreuses personnes se trouvait dans le secteur, ce qui posait le risque de victimes collatérales, a indiqué le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. L'interpellation a finalement été menée au moyen d'une matraque.
· La piste d'un acte terroriste
Peu après l'annonce de l'attaque, Emmanuel Macron a témoigné dans une vidéo publiée sur le réseau X de "la solidarité de la nation" aux proches de la victime et a évoqué une "acte terroriste islamiste", "qui ne fait pas de doute". Le Premier ministre François Bayrou a de son côté affirmé que "le fanatisme a encore frappé" et que la France est "en deuil".
Le suspect "est fiché au FSPRT", le fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste, a déclaré à l'AFP Nicolas Heitz, qui s'est rendu sur place.
L'homme avait été condamné en 2023 pour apologie du terrorisme suite à des propos portant sur l'attaque du 7 octobre menée par le Hamas en Israël. Après cette arrestation, un expert avait pu établir qu'il présentait "un profil schizophrène", a indiqué le ministre de l'Intérieur.
Le dernier attentat mortel en France était celui de la tour Eiffel, qui avait fait un mort et deux blessés en décembre 2023 à Paris.
· Un homme sous OQTF refusé 10 fois par l'Algérie
Bruno Retailleau a indiqué sur TF1 que le suspect, né en Algérie, faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF). "À dix reprises, mes services ont relancé le consulat, sans jamais que l'Algérie n'accepte" le suspect, a-t-il assuré.
Selon les informations données ce samedi par le ministre après une rencontre avec les autorités locales au commissariat de Mulhouse, l'homme était arrivé illégalement en France en 2014. Après sa condamnation à six mois pour apologie du terrorisme, l'homme est libéré après quatre mois et demi de détention. Il est alors placé en centre de rétention administrative (CRA) pour trois mois, période pendant laquelle la France essaie de l'expulser vers l'Algérie. Suite au délai maximal de trois mois en CRA, l'homme est libéré.
Il est ensuite assigné à résidence à Mulhouse et doit pointer au commissariat. Ce samedi, l'homme s'est présenté au commissariat mais a refusé de pointer. C'est après ce passage au commissariat qu'il a commis l'attaque au couteau.
"Une fois de plus, c'est le terrorisme islamiste qui a frappé. Et, une fois de plus, j'ajoute que ce sont les désordres migratoires qui sont aussi à l'origine de cet acte terroriste", a encore lancé Bruno Retailleau, qui a déjà pointé du doigt à plusieurs reprises le refus de l'Algérie d'accepter sur son territoire des ressortissants expulsés de France. Le ministre a ainsi plaidé pour l'établissement d'un "rapport de force" avec le pouvoir algérien.