Algérien refoulé: Retailleau accuse Alger d'"enfreindre le droit" et appelle à "un rapport de force"

Nouvelle saillie contre Alger. Invité sur TFI ce mardi 18 février, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a accusé l'Algérie de ne pas "respecter le droit" en n'acceptant pas sur son sol un de ses ressortissants expulsés par la France. Il a en outre menacé de mettre en place de potentielles sanctions contre la compagnie Air Algérie.
Alger a refusé d'admettre sur son sol un de ses ressortissants âgé de 30 ans, condamné en mai par le tribunal de Thonon-les-Bains, en Haute-Savoie, à six mois de prison et à une interdiction de territoire pour plusieurs faits dont vol, recel et port d'arme blanche.
"Si l'Algérien n'avait pas de carte d'identité ou de passeport bionumérique, je comprends qu'il faille un laissez-passer consulaire", a expliqué le ministre.
"Mais là, le document est reconnu. Il est Algérien. Donc l'Algérie enfreint le droit. J'ai demandé à mes services de voir dans quelles conditions on pouvait sanctionner" la compagnie nationale Air Algérie, a-t-il ajouté. "On est en train de voir toute l'échelle de la riposte possible."
Plus tard dans la matinée, le ministre de l'Intérieur, en déplacement à Versailles, a une nouvelle fois fait part de sa colère sur le sujet. "Il y a un droit international que les deux pays se sont donnés avec des accords. Malheureusement, l'Algérie déchire ce droit et tourne le dos aux accords", martèle-t-il.
Vers des sanctions?
À l'approche du délai maximal de rétention, le ressortissant algérien a été embarqué, escorté par des policiers, à bord d'un vol pour l'Algérie, qui s'est posé à Oran dans la nuit du 10 au 11 février.
Bien qu'il ait une carte d'identité en cours de validité, les autorités algériennes ont refusé de l'admettre au motif qu'il n'avait pas de laissez-passer consulaire, et il a été immédiatement renvoyé vers la France, selon ces documents judiciaires.
Dans une note à ses services, consultée lundi par l'AFP, le ministre de l'Intérieur a pris acte d'une "exigence supplémentaire et nouvelle" de la compagnie nationale Air Algérie qui "déroge aux accords" entre les deux pays, "le document d'identité en cours de validité permettant à lui seul de réaliser des éloignements".
Désormais, la compagnie "exige des laissez-passer consulaires même lorsque les individus prévus au départ sont détenteurs de pièces d'identité en cours de validité", souligne le cabinet du ministre.
"Pourquoi est-ce que la France fait preuve d'une aussi grande faiblesse vis-à-vis de l'Algérie? Je pense qu'il faut (...) poser un rapport de force", a estimé Bruno Retailleau, évoquant, parmi les moyens de pression possibles, le fait de "priver un certain nombre de personnalités, de la nomenclatura, de diplomates" des "facilités" dont ils bénéficient actuellement.
La France peut également "remettre en cause de façon plus générale des accords", a-t-il ajouté. "À partir du moment où l'Algérie ne respecte pas l'accord avec la France et le droit international, pourquoi est-ce que nous, on s'obligerait à respecter les accords avec l'Algérie?"
"Un écrit attestant" du refus algérien de recevoir un ressortissant expulsé par la France "devra être systématiquement demandé au chef d'escale de la compagnie Air Algérie (guichet d'embarquement)". "En cas de refus de délivrance d'un écrit, l'identité du chef d'escale devra être relevée", commande aussi le document consulté par BFMTV aux policiers.