Dette, fin de vie, taxis, proportionnelle... Ce qu'il faut retenir de l'entretien de François Bayrou sur RMC-BFMTV

Invité exceptionnel de RMC-BFMTV ce mardi 27 mai, François Bayrou a répondu durant un peu plus d'une heure aux questions sur les grands sujets qui agitent l'actualité en France. Budget, fin de vie, mode de scrutin... Les dossiers sur la table du Premier ministre ne manquent pas.
• Un "plan de retour à l'équilibre des finances publiques" à l'été
Le gouvernement cherche 40 milliards d'euros pour le prochain budget. "Le pays est en situation de surendettement et plus grave, la France est un pays qui ne produit pas autant que ses voisins", a affirmé François Bayrou, indiquant que "tous les mois on dépense 10% de plus que ce qui rentre dans les caisses".
Pour faire face à cette "situation qui ne peut pas durer", le Premier ministre a annoncé qu'un "plan de retour à l'équilibre des finances publiques sur trois ou quatre années" serait présenté au début du mois de juillet.
"Ça va demander un effort à tous les Français, le plus juste possible mais un effort suffisant pour que la France sorte de cette situation", a-t-il concédé.
Le Premier ministre a assuré qu'il ne "ciblera pas une catégorie de Français".
• Le plan de réforme des taxis sera appliqué malgré la colère des conducteurs
Les conducteurs de taxi sont mobilisés depuis près d'une semaine en France, notamment dans les grandes agglomérations, contre une convention qui va modifier leur rémunération pour le transport de personnes malades. Cette tarification doit entrer en vigueur le 1er octobre. L'objectif est de limiter la croissance des dépenses de transport sanitaire, toujours dans ce contexte de recherche de 40 milliards d'euros.
Ce mardi sur RMC-BFMTV, François Bayrou a assuré que "le plan" de réforme "sera appliqué en octobre". Il a toutefois indiqué souhaiter adopter une nouvelle méthode en associant les taxis aux discussions sur les économies à trouver. "Je pense que l'on peut faire plus d'économies que ce qui était prévu" en étant "plus efficaces", a-t-il déclaré.
Sur la nouvelle tarification du transport sanitaire, il a martelé qu'il "n'est pas question de ne pas aller vers cette économie-là".
• François Bayrou est "favorable" à l'idée d'une "TVA sociale"
François Bayrou a estimé que le modèle social de la France "repose trop sur le travail", c'est-à-dire qu'il repose majoritairement sur les cotisations sur les salaires. Le gouvernement veut ainsi chercher d'autres sources de financement.
Comme il l'indique ce mardi, l'idée d'une "TVA sociale", et donc d'imposer davantage la consommation que le travail, est reçue favorablement par le Premier ministre. Il a effectivement affirmé souhaiter que les partenaires sociaux "puissent s'emparer" de la question.
La piste d'une telle TVA sociale avait déjà été évoquée par Emmanuel Macron lors de son entretien accordé à TF1 le 13 mai dernier. Il s'agit donc de financer notre système avec une augmentation de la TVA pour compenser des baisses de cotisations pesant sur le travail.
François Bayrou s'est dit "prêt à revoir la totalité de la question du financement du modèle social français".
• Le mode de scrutin proportionnel sera proposé à l'Assemblée nationale
François Bayrou, favorable depuis des années à ce mode de scrutin, a annoncé ce mardi qu'il proposera à l'Assemblée nationale d'examiner "la question" de la proportionnelle
Le Premier ministre se dit défavorable à une prime à la force arrivée en tête, précisant que ce n'était pas le cas lors de l'instauration de la proportionnelle en 1986 sous François Mitterrand.
"Je suis persuadé que le seul scrutin qui permet de ne pas basculer dans les extrêmes, c'est précisément le scrutin proportionnel", a ajouté François Bayrou, alors que le Rassemblement national est lui-même favorable à l'instauration de la proportionnelle mais avec cette "prime au premier".
• François Bayrou refuse de faire de l'islam "un sujet de fixation"
François Bayrou a dit refusé de faire de l'islam "un sujet de fixation de la société française" et de "surenchère" régalienne. "Je sais que c'est la mode et que ça a probablement du succès dans un certain nombre de cercles mais nous devons vivre ensemble", a-t-il affirmé, référence notamment au rapport sur l'entrisme des Frères musulmans dévoilé par le ministère de l'Intérieur.
"Tous ceux qui veulent que la loi religieuse devienne plus importante que la loi civile ne respectent pas les principes français", a-t-il toutefois rappelé.
Interrogé sur les propos de Gabriel Attal qui a proposé d'interdire le port du voile pour les moins de 15 ans dans l’espace public, François Bayrou a assuré ne pas savoir "ce que ça veut dire". "Ça veut dire que dans la rue, les policiers disent à une jeune fille 'montrez-moi vos papiers d'identité pour savoir si vous avez l'âge?", s'est-il interrogé.
"Je ne crois pas que ce soit de cette manière qu'on puisse traiter des questions de la vie en commun des différentes communautés et sensibilités religieuses en France", a-t-il affirmé.
• François Bayrou a des "interrogations" sur le texte de l'aide à mourir
Ce mardi à l’Assemblée nationale, les députés voteront en première lecture deux textes. L'un consensuel sur les soins palliatifs, l'autre très sensible sur la création d'une aide à mourir. Selon le Premier ministre, le premier texte "devrait être adopté à l'unanimité".
En ce qui concerne l'aide à mourir, François Bayrou a dit avoir toujours des "interrogations" sur le texte. Il a ajouté faire "confiance" au Parlement pour les "lever". Il a notamment jugé "ambigu" le délit d'entrave à l'accès à l'aide à mourir, qui serait puni de deux ans de prison et 30.000 euros d'amende, car "ce n'est pas une entrave que d'essayer de persuader quelqu'un de vivre".
"Est-ce que toutes les précautions sont prises pour que ce type de pratique ne devienne pas très large?", s'est-il également demandé.
• François Bayrou dénonce une "instrumentalisation" de l'affaire Bétharram
François Bayrou a été entendu pendant plus de cinq heures le 14 mai par les députés de la commission d'enquête sur les violences en milieu scolaire à propos de l'établissement Notre-Dame-de-Bétharram. Il avait alors rejeté avec virulence les accusations de mensonge ou d'intervention dans les années 1990 auprès de la justice dans l'affaire des violences physiques et sexuelles dans ce collège-lycée, où une partie de ses enfants avaient été scolarisés et où son épouse enseignait.
"J'ai des regrets que cette affaire ait été instrumentalisée politiquement alors qu'elle est un drame pour des dizaines de personnes partout en France", a-t-il affirmé ce mardi sur RMC-BFMTV.
"J'ai vu et je suis intervenu", a-t-il assuré, martelant n'avoir "jamais rien caché".
François Bayrou a expliqué avoir publié en ligne l'ensemble des pièces qu'il avait produites lors de son audition mais a dénoncé "une cyber-attaque" qui empêche l'accès à ce site. Il a annoncé qu'il allait porter plainte.