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Entre Nicolas Sarkozy et François Bayrou, la vengeance est un plat qui se mange froid: l'édito politique de Guillaume Daret

Dans son entretien accordé à nos confrères du Figaro, l’ancien Président de la République analyse la situation politique d’Emmanuel Macron mais critique surtout la méthode de son Premier ministre auquel il voue une intimité profonde.

De son interview chez nos confrères du Figaro on retient la conviction de Nicolas Sarkozy qu’"il n’y aura pas d’autre solution que la dissolution". Mais en arrière plan, la véritable cible de cet entretien n’est pas tant Emmanuel Macron que son Premier ministre.

En quelques phrases, l’ancien président étrille François Bayrou et lui donne une leçon de gouvernement. Son initiative de solliciter un vote de confiance? "Une forme de suicide politique (...) c’est à peu près le contraire de ce qu’il fallait faire", assène Nicolas Sarkozy qui juge qu’il fallait d’abord trouver un compromis avant de le soumettre à l’Assemblée nationale et que le coup de poker de François Bayrou va faire perdre du temps à la France tant l’échec est certain.

Et la leçon de gouvernement est cinglante: "Quand la situation est complexe et éruptive, il faut faire preuve de sang-froid et de rationalité. Le moins que l’on puisse dire c’est que les deux ont fait gravement défaut."

Une inimitié profonde et de longue date

Derrière cette critique sans retenue, une inimitié profonde et de longue date. "Ils n’ont que quatre ans d’écart donc il y avait une compétition générationnelle qui s’est nourrie de divergences sur des sujets de confiance", confie l’un des plus proches conseiller de Nicolas Sarkozy. En 1995, les deux hommes soutiennent pourtant tous les deux Édouard Balladur face à Jacques Chirac.

La rivalité démarre vraiment lors des européennes de 1999 où ils conduisent deux listes concurrentes, l’un pour le RPR, l'autre pour l’UDF. Troisième homme de l’élection présidentielle de 2007, François Bayrou annonce alors qu’au second tour, il ne votera pas pour Nicolas Sarkozy face à Ségolène Royal, sans préciser quel sera son choix. Il confiera plus tard avoir voté blanc. En 2012, il franchit une étape supplémentaire: le Béarnais annonce qu’au second tour, à titre "personnel" il voterait pour François Hollande face à Nicolas Sarkozy.

Pour ce dernier, c'est rédhibitoire, il ne lui pardonnera jamais. L’hostilité atteint son apogée. "Cela n’a jamais collé entre eux, Nicolas ne l’a jamais apprécié. Il a toujours trouvé que François Bayrou n’était pas fiable", ajoute un proche de l’ancien chef de l’Etat. Repoussoir pour une partie des électeurs de droite, Nicolas Sarkozy en fait un épouvantail pendant la campagne de la primaire de la droite en 2016.

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Façon d’atteindre Alain Juppé auquel le président du Modem a apporté son soutien dans cette compétition. Dans le second tome de ses mémoires paru en 2020, l’ancien leader de la droite se montre cinglant. "François Bayrou a toujours trahi ceux qu’il a choisis. Emmanuel Macron en fera, à son tour (...) l’amère expérience", écrit-il. En juin dernier François Bayrou avait pourtant reçu Nicolas Sarkozy à Matignon mais visiblement l'apaisement n’aura duré guère plus longtemps qu’un déjeuner.

Guillaume Daret