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Quel est cet organisme de formation qui a permis à une enfant de 9 ans d'obtenir son bac ?

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C'est une première en France: une fille de 9 ans a décroché son baccalauréat. Cet exploit serait le résultat d'une méthode d'apprentissage spécifique, la méthode Aleph, ventée par une entreprise comme "des études accélérées".

Son âge interpelle et, pour cause, il n'a jamais été vu parmi les bacheliers français. En 2025, une fille de 9 ans a décroché son baccalauréat, spécialité mathématique et physique-chimie, au sein de l'académie de Paris, en candidate libre. Un exploit inédit, alors que le plus jeune bachelier de l'Hexagone était âgé de 11 ans et 11 mois en 1989.

L'enfant, originaire de l'île de Grenade, dans les Caraïbes, aurait suivi une formation avec l'organisme ISOSET, à l'origine spécialisé dans les métiers de l'informatique, qui vante sa technique d'apprentissage et espère la voir se généraliser.

Des diplômes record

Par le biais d'un communiqué publié sur son site, l'organisme ISOSET a relayé la nouvelle du diplôme obtenu par l'enfant, affirmant l'avoir accompagnée jusqu'à l'obtention de son bac. Le secret? La méthode Aleph, élaborée par ses soins, et qui aurait déjà fait ses preuves.

"Il s'agit de la même méthode qu'a suivie Hugo Sbai, qui a obtenu son bac à 12 ans en 2012, ainsi que deux autres étudiants qui ont obtenu leur bac à 12 et 14 ans en 2021", affirme ISOSET.

L'organisme vante également son efficacité en affirmant qu'il aurait permis d'établir d'autres records avec notamment l'obtention d'un master à 14 ans et d'un doctorat à 17 ans.

Ses élèves seraient tous des personnes possédant un quotient intellectuel normal, c'est-à-dire qu'elles ne sont pas catégorisées parmi les élèves "précoces".

Un dispositif "loin de l'intérêt de l'enfant"

Chez ISOSET, c'est un apprentissage accéléré qui s'opère. Une technique destinée aux enfants de 2 à 15 ans qui consiste à "synthétiser les compétences, en éliminant les redondances tout en fournissant un écosystème psychologiquement adapté".

Ils assurent par ailleurs qu'en parallèle de leur travail, les enfants qu'ils accompagnent "vivent leur âge comme tout enfant". Le but de cette formation étant simplement de gagner des années en terminant leurs études plus tôt, ce qui ouvrirait la voie à divers avantages: "remédier aux enjeux liés à la retraite", "permettre aux jeunes qui souhaitent entreprendre de longues études de les achever à un âge raisonnable" et "alléger certains problèmes budgétaires de l'éducation nationale".

Le service public national, qui proposerait donc des méthodes trop lentes pour ISOSET, observe de son côté les pratiques de cette entreprise avec un regard inquisiteur.

"C'est un dispositif très loin de l'intérêt de l'enfant", estime Sophie Vénétitay, professeure de SES et secrétaire générale adjointe du SNES-FSU à BFMTV. "L'objectif est d'aller plus vite, de gagner du temps, mais au détriment de l'élève", estime-t-elle, se questionnant par ailleurs sur "l'équilibre humain et sur la sociabilisation" de la fille de 9 ans fraîchement diplômée.

Une quête à la performance?

La méthode Aleph n'en est qu'à sa phase "expérimentale", précise l'organisme, qui ambitionne de "généraliser un âge d'obtention du bac autour de 15 ans".

Si ISOSET se présente comme un acteur clé pour améliorer le système éducatif en France, les principaux acteurs de cette entité s'alarment et y voient une quête à la performance ou un coup de pub, ainsi qu'une méthode qui ne respecte pas le rythme d'apprentissage.

"Nous sommes face à des gens qui ne sont pas spécialistes de l'éducation" et qui "ne maîtrisent pas les enjeux d'une scolarité et d'une jeunesse réussie", assure Sophie Vénétitay.

Hugo Sbai, 25 ans, dont la famille a développé cette méthode, vante de son côté les mérites de la méthode Aleph. "C'est juste qu'il y a des notions qui sont abordées plus vite et des choses qui sont répétées moins souvent", dit-il à Franceinfo. Après deux masters obtenus à 16 ans, un doctorat à 17 ans puis un autre à 21 ans , il est devenu avocat.

En 2022, son frère, présenté comme le fondateur de cette technique d'apprentissage, avait pris la lumière dans le cadre d'une enquête révélée par le journal Libération sur le centre de formation "Village de l'Emploi" pour lequel il travaillait. Des étudiants avaient dénoncé des pratiques douteuses, à savoir des formations bâclées et la contraction de dettes pour les dissuader de partir.

Mélanie Hennebique