Aide à mourir: s'il était député, François Bayrou "s'abstiendrait" de voter la proposition de loi

Une évolution qui ne passe pas. Les députés devraient largement adopter la proposition de loi sur l'aide à mourir ce mardi à l'Assemblée nationale. Mais François Bayrou, qui n'a jamais fait mystère de ses réticences sur le sujet, a de nouveau pris ses distances avec cette proposition de loi pourtant défendue par le député Modem Olivier Falorni.
S'il avait été député, François Bayrou n'aurait pas voté le texte. "Je pense que ce soir je m'abstiendrais, oui", a concédé le Premier ministre sur BFMTV ce mardi matin.
Des critères précis
Dans les tuyaux depuis des mois, promise par Emmanuel Macron en avril 2023 et arrêtée brusquement par la dissolution à l'été dernier, l'aide à mourir a été l'objet d'âpres discussions à l'Assemblée ces dernières semaines.
Les conditions fixées pour y accéder reposent sur cinq critères dont celui d'une "souffrance physique ou psychologique constante" liée à la maladie du patient ou encore d'une affection "qui engage le pronostic vital".
La décision de recourir à l'aide à mourir sera également prise par un collège de médecins et de soignants, une fois que la demande du patient aura été effectuée. C'est la personne malade qui s'auto-administrera elle-même une substance létale, le plus souvent sous la forme d'une boisson. Si la personne qui souhaite mourir n'est pas en capacité de le faire, un soignant pourra alors le faire.
"Le détournement d'un acte utime en un acte banal"
Mais le chef du gouvernement, qui avait déjà évoqué ses inquiétudes sur la création d'un "service public pour donner la mort" en mai 2023, juge que "des questions continent à se poser" sur l'aide à mourir.
"Est-ce que les précautions sont prises pour éviter que des pratiques ne deviennent trop larges?", se demande encore ce mardi le chef du gouvernement qui s'inquiète d'un "détournement d'un acte ultime en un acte normal et banal".
Un délit d'entrave à l'aide à mourir a été créé par les députés, punissant "le fait d'empêcher ou de tenter d'empêcher" un patient de "pratiquer ou de s'informer" sur l'aide à mourir. Calqué sur le modèle du délit d'entrave à l'IVG, ce délit sera puni de deux ans de prison et 30.000 euros d'amende.
Un délit d'entrave "ambigu"
Mais là encore, François Bayrou n'est pas convaincu. "Ce n'est pas une entrave que d'essayer de persuader quelqu'un de vivre", juge le Premier ministre qui regrette un délit "ambigu".
"La vie humaine est ce que nous avons de plus précieux", a encore insisté le centriste, affichant "sa confiance" dans le Sénat qui va désormais s'emparer prochainement de la proposition de loi sur l'aide à mourir.
Une partie de la chambre haute, dirigée par une majorité de droite, partage les réticences de François Bayrou. Les sénateurs devraient largement remodeler les contours de l'aide à mourir lors des débats en octobre. En cas "d'enlisement" au Parlement, Emmanuel Macron a déjà prevenu mi-mai sur TF1 qu'il pourrait vouloir organiser un référendum.