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Gouvernement

Fin de vie: Bayrou confirme vouloir "deux textes" distincts malgré les oppositions de son camp

La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et le Premier ministre François Bayrou, à Paris le 14 janvier 2025.

La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet et le Premier ministre François Bayrou, à Paris le 14 janvier 2025. - Ludovic Marin / AFP

L'aide à mourir et les soins palliatifs, "ce n'est pas la même question", a soutenu ce lundi 27 janvier dans la soirée le Premier ministre confirmant sa volonté de scinder en deux le projet de loi initial sur la fin de vie.

C'est confirmé: oui, François Bayrou souhaite diviser le projet de loi sur la fin de vie en deux parties distinctes. L'une dédiée au renforcement des soins palliatifs, l'autre à la création d'une aide à mourir. Le Premier ministre s'est épanché sur le sujet ce lundi 27 janvier au micro de LCI, alors que des voix s'élèvent, y compris dans son camp, pour dénoncer cette décision.

Sa justification: "Si deux sujets sont examinés, il faut pouvoir voter sur chacun de ces deux textes différemment si on en a envie." "Ce n'est pas la même question", avance le patron du Modem, personnellement opposé à l'aide à mourir.

En résumé, celle-ci suscite "des débats de conscience extrêmement forts", tandis que les soins palliatifs ne sont "pas un droit" mais "un devoir", "c'est-à-dire que toute notre société, notre système de santé a le devoir de proposer l'assistance", estime-t-il.

Promis, il n'est pas question de "retarder" l'adoption de ces mesures, selon François Bayrou, soucieux de répondre à ceux qui s'inquiètent que la création de l'aide à mourir finisse aux oubliettes. "Je suis absolument décidé à ce que les deux questions puissent être examinées au Parlement", appuie-t-il.

Oppositions au sein du camp présidentiel

Pour autant, rien n'est établi pour l'instant. À ce stade, le gouvernement se refuse à élaborer un calendrier parlementaire, pour la fin de vie ou d'autres textes législatifs, tant que le budget n'est pas adopté, selon la porte-parole du gouvernement Sophie Primas.

En tenant une telle position, François Bayrou répond à une demande de ceux qui sont opposés ou sceptiques sur l'aide à mourir, principalement à droite de l'échiquier politique.

Mais cette scission suscite la désapprobation des partisans de cette mesure comme la présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet ou le rapporteur du projet de loi examiné l'an dernier, Olivier Falorni.

Ce mardi, près de 200 socialistes et macronistes ont exhorté François Bayrou à ne pas scinder le texte en deux, dans une missive envoyée à Matignon quelques heures avant son interview sur LCI, selon les informations du Parisien.

Leur message: "La question de la fin de vie est un sujet qui appelle des décisions courageuses et respectueuses des attentes des citoyens." Signataire de cette lettre et rapporteur du précédent projet de loi - emporté par la dissolution en juin dernier - Olivier Falorni a déposé une proposition de loi au début de la législature. Il défend de longue date une évolution législative.

"Je crois à la vie"

Au-delà de sa prise de position, François Bayrou s'est confié ce lundi sur ses convictions intimes. En référence à son père décédé tragiquement dans un accident, le Premier ministre a évoqué son rapport à la mort imprégné de foi chrétienne, déclarant:

"Beaucoup des êtres que vous aimez vous sont arrachés. Et ces êtres-là, ils vous façonnent. J'ai souvent dit que pour moi, la mort n'existait pas (...) Moi, je ne crois pas que les morts soient morts." Et ce catholique pratiquant - qui a néanmoins toujours plaidé pour la séparation stricte du politique et du religieux - d'ajouter: "Je crois à la vie (...) Je crois que ceux qui sont de l'autre côté continuent à avoir avec nous quelque chose comme une relation."

Baptiste Farge