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Agriculteurs, fonctionnaires, élus locaux... Le gouvernement Barnier face à de multiples colères

Le Premier ministre Michel Barnier à Menton le 18 octobre 2024

Le Premier ministre Michel Barnier à Menton le 18 octobre 2024 - Valery HACHE / AFP

Le gouvernement de Michel Barnier est confronté à des appels à la grève en cascade dans un contexte économique difficile, entre austérité budgétaire et plans sociaux.

Depuis sa nomination comme Premier ministre, le 5 septembre dernier, Michel Barnier valorise son expérience d'homme politique, évoquant son "calme des vieilles troupes". Le chef du gouvernement, âgé de 73 ans, en aura sûrement besoin dans les prochaines semaines, tant l'automne s'annonce tendu, alors que la colère gagne de nombreux secteurs.

En cause principalement: non seulement la multiplication de plans sociaux, comme chez Michelin ou Auchan, mais aussi certaines économies demandées par l'exécutif dans son projet de budget, qui prévoit 60 milliards d'efforts afin de redresser des comptes publics dans le rouge. BFMTV.com fait le point sur les différents acteurs mobilisés.

• Les agriculteurs

Les tracteurs sont de retour. Depuis dimanche, les agriculteurs se mobilisent, moins d'un an après leur précédent mouvement, qui avait en partie paralysé les grands axes routiers.

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Un an après, rien n'a changé? Les agriculteurs font à nouveau entendre leur colère
16:46

Durement frappés cette année par de mauvaises récoltes de blé et un regain de crise sanitaire dans les élevages, ces derniers réclament de pouvoir vivre de leur métier: ils attendent de la clarté sur les prêts garantis par l'État. Et ils refusent catégoriquement la signature d'un accord de libre-échange négocié entre l'UE et les pays latino-américains, le Mercosur.

"85 points de blocage sont en train de se mettre en route", a indiqué Pierrick Horel, président des Jeunes agriculteurs, sur RMC ce lundi 18 novembre. Tout en précisant qu'il ne s'agit pas d'organiser "de blocage concrètement comme on a pu le voir l'année dernière".

Mais plutôt de procéder, par exemple, à "des barrages filtrants, des feux de la colère, des manifestations devant les préfectures". Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau leur a fait passer un message dimanche: "tolérance zéro" en cas de "blocage durable" des routes.

• Les élus locaux

Attention, les prochains gilets jaunes pourraient être munis d'écharpes tricolore. C'est, en substance, l'avertissement lancé par le président de l'Association des maires de France David Lisnard début novembre, en référence à la grogne qui monte chez les élus locaux. La raison? Les choix budgétaires du gouvernement.

Une contribution de "cinq milliards d'euros" leur est demandée, soit "12,5% de l'effort global d'économies" de 40 milliards d'euros, mais les associations d'élus évaluent plutôt la facture à 11 milliards d'euros.

En réaction, les sorties retentissantes foisonnent: mise en vente d'une préfecture sur Le Bon coin en Haute-Marne, manifestations à Toulouse comme en Seine-et-Marne, banderoles sur l'Hôtel de Ville de Bordeaux, appel à une "démission généralisée" à Verdun (Meuse)... 

De quoi donner le ton du congrès des maires prévu à partir de ce mardi 19 novembre à Paris. Au préalable, Michel Barnier a partiellement éteint le feu vendredi en promettant à la strate départementale un effort "très significativement" réduit.

• Les professionnels de la petite enfance

Le secteur de la petite enfance se mobilise. Le collectif "Pas de bébés à la consigne", qui regroupe une cinquantaine d'organisations syndicales et d'associations appelle les professionnels à se mettre en grève ce mardi.

Il s'agit de dénoncer le manque de personnel, la dégradation des conditions d'accueil et de réclamer une revalorisation salariale pour combler le manque d'attractivité du métier.

• Les fonctionnaires

Les fonctionnaires seront eux aussi sur le pont. Deux des principaux syndicats du secteur, FO et la CGT, on appelé à une journée nationale "d'action" et de "grève" le 5 décembre prochain.

Le ministre de la Fonction publique, Guillaume Kasbarian, a reçu des responsables syndicaux jeudi 7 novembre, sans parvenir à convaincre, malgré un recul sur un projet controversé de suppression des catégories A, B, et C de fonctionnaires.

Là aussi, la colère se porte sur les mesures du gouvernement pour le budget 2025. Afin d'économiser 1,2 milliard d'euros, celui-ci souhaite réduire de 100% à 90% l'indemnisation des congés maladie des fonctionnaires et instaurer trois jours de carence non payés, au lieu d'un actuellement, pour ces absences - hors pathologies lourdes.

Un bras de fer est engagé avec Guillaume Kasbarian, également dans le viseur des syndicats pour son message de félicitations à l'égard du milliardaire Elon Musk, que Donald Trump souhaite nommer à la tête d'un ministère de "l'efficacité gouvernementale".

• Les cheminots

Les syndicats de la SNCF prévoient une stratégie en deux temps: un "ultimatum" avant d'entrer potentiellement dans une action plus large.

S'ils appellent à cesser le travail du mercredi 20 novembre à 19h jusqu'au vendredi 22 novembre à 8h, ils ont également lancé un préavis de grève illimitée à partir du mercredi 11 décembre dans le cas où ils n'obtiendraient pas satisfaction. Un mouvement social qui pourrait impacter le service pendant les vacances de Noël.

Les représentants des cheminots réclament un moratoire sur le démantèlement de Fret SNCF, la division consacrée au fret ferroviaire, et protestent contre les modalités de l'ouverture à la concurrence des lignes régionales. 

"Le dialogue doit aboutir" entre les dirigeants de la SNCF et les syndicats de l'entreprise publique a jugé dimanche 10 novembre le ministre des Transports, François Durovray. "Chacun est responsable", "on ne peut pas imaginer qu'au moment où la France doit aller de l'avant, elle soit bloquée et qu'au moment où les Français veulent se retrouver, ils ne puissent pas le faire", a-t-il dit sur France Info.

• Une journée de mobilisation pour l'emploi

Autre sujet sur le bureau du gouvernement: la multiplication des plans sociaux, dont ceux chez Auchan et Michelin. Face à cela, la CGT a appelé pour le 12 décembre à des mobilisations "pour l'emploi et l'industrie".

Pour sa secrétaire générale Sophie Binet, interrogée dans La Tribune Dimanche, rien que dans l'industrie, "nous sommes au début d'une violente saignée industrielle". "On estime que plus de 150.000 emplois vont disparaître, probablement plus", selon cette dernière qui pronostique un "effet domino" sur les sous-traitants des "grands donneurs d'ordres".

• Les biologistes médicaux

Quatre syndicats représentatifs des biologistes médicaux ont appelé jeudi 7 novembre l'Assurance maladie à rouvrir des négociations sur leurs tarifs, récemment revus à la baisse, en menaçant sinon d'un "shutdown", soit la fermeture des laboratoires d'analyses médicales du 23 au 31 décembre inclus.

Baptiste Farge avec AFP