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Noël, Coupe du monde... Pourquoi Macron reporte la présentation de la réforme des retraites au 10 janvier

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Attendu ce jeudi, les contours de l'allongement de l'âge de départ à la retraite ne seront finalement révélés que dans un mois. L'exécutif souhaite temporiser et veut encore croire qu'il peut convaincre les oppositions et les syndicats.

Un report surprise. Emmanuel Macron a annoncé ce lundi matin que les modalités précises de la réforme des retraites ne seraient finalement pas dévoilées ce jeudi comme prévu mais le 10 janvier prochain. De quoi, espère l'exécutif, se donner de l'air dans les prochaines semaines.

"Nous allons avoir quelques semaines de plus pour que celles et ceux qui (...) viennent de prendre des responsabilités puissent, sur quelques éléments-clés de la réforme, échanger avec le gouvernement", a justifié le président.

Des motifs de report pourtant "prévus de longue date"

Samedi et dimanche ont été émaillés de congrès politiques avec l'élection d'Éric Ciotti à la tête des Républicains, Marine Tondelier pour Europe-Écologie-Les-Verts ou encore Hervé Marseille pour l'UDI. Élisabeth Borne a d'ailleurs pris soin de les féliciter individuellement.

Autre explication avancée pour décaler les annonces concernant l'allongement de l'âge de départ à la retraite à 65 ans: les élections dans la fonction publique qui "ont empêché certaines discussions avec les organisations syndicales". Mais ces arguments laissent sceptiques Matthieu Croissandeau, éditorialiste politique pour BFMTV.

"Toutes ces élections étaient prévues de longue date et ça ne semblait pas faire douter le président. Il envisageait même une réforme à la hussarde à la rentrée", décrypte le journaliste.

Les oppositions et les syndicats sceptiques

Autant dire que ce report a tout du repli tactique avec un but: espérer faire encore bouger les partenaires sociaux et les oppositions sur quelques mesures comme les carrières longues ou la pénibilité. Le calcul ne semble pour l'instant guère convaincre les oppositions.

"Pour l'instant je ressens cela comme un alibi aux hésitations, plus qu'un souci de négociation", a ainsi jugé Éric Ciotti.

Même son de cloche des côtés des syndicats qui ne croient pas que de nouvelles discussions changent vraiment le contenu de la réforme. La CFDT était "contre le report de l'âge légal le 15 décembre, elle sera encore contre le 10 janvier", a assuré de son côté Laurent Berger, le patron de la centrale syndicale qui apparaît pourtant comme la plus réformatrice.

"Pas un bon sujet autour de la table de Noël"

Autre but de l'annonce d'Emmanuel Macron: l'espoir que le contexte social soit meilleur mi-janvier. Rien n'est moins sûr alors que les prix sur le gaz et l'électricité augmenteront de 15% en janvier prochain, que des coupures de courant pourraient avoir lieu et que l'inflation sur les prix alimentaires devrait encore grimper.

"Après le grand flip sur les coupures de courant, les probables grèves de train, ce n'était pas forcément une bonne idée de rajouter ce sujet-là autour de la table de Noël", avance encore Matthieu Croissandeau.

Le tempo avec la demi-finale de football de la Coupe du monde qui opposera le Maroc à la France ce mercredi semblait également mal choisi. Pas question pour l'exécutif de se priver de quelques jours de liesse en cas de qualification en finale voire même de victoire. D'autant que si les Bleus se défaisaient des Marocains, il s'agirait pour le président d'intercaler la présentation de cette réforme entre deux aller-retours au Qatar.

Des Français massivement opposés à la réforme

Mais le calcul semble à haut risque pour Emmanuel Macron.

"Alors que les Français sont déjà opposés aux 65 ans, l'annonce de nouveaux tours de tables témoigne d'une réforme pas encore ficelée et mal ficelée", juge ainsi Matthieu Croissandeau.

Selon un sondage Elabe pour BFMTV, 46% des personnes interrogées souhaitent maintenir l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans, 33% préfèrent l’abaisser. Ils ne sont en revanche qu'une minorité (21%) à vouloir l’augmenter.

Marie-Pierre Bourgeois