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Présidentielle: avec qui pourrait gouverner Emmanuel Macron s'il était réélu?

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Le nom de la ministre Élisabeth Borne circule comme une possible Première ministre. Mais son manque d'influence politique pourrait se révéler être une faiblesse en vue des législatives.

Ce vendredi sur France info, Emmanuel Macron n'a pas fermé la porte à l'idée de nommer un Premier ministre issu des rangs de la gauche. "Je n'exclus jamais rien, moi", a-t-il souligné.

Emmanuel Macron étant arrivé en tête du premier tour de l'élection présidentielle dimanche 10 avril avec 27,8% des voix, la question de savoir avec qui il gouvernera s'il était reconduit pour cinq années supplémentaires à la tête du pays le 24 avril se pose légitimement.

Piocher dans les rangs de la droite et de la gauche

En 2017, son premier gouvernement avait été marqué par le ralliement à sa majorité en devenir de plusieurs personnalités issues des rangs de la droite et de la gauche, à l'image d'Édouard Philippe, le maire du Havre venu des Républicains. Mais également de Gérard Collomb et de Jean-Yves Le Drian, tous deux venus du Parti socialiste.

Si l'on se fie aux dernières déclarations du président-candidat Emmanuel Macron, cette volonté de rassembler dans son potentiel futur gouvernement est appelée à se confirmer.

Dimanche soir, il enjoignait "tous ceux qui depuis six ans (...) se sont engagés" à "transcender leurs différences". Le mercredi 13 avril sur TF1, il ajoutait: "Ma volonté, c'est d'associer tous les talents qui ont la volonté d'agir. (...) Toutes celles et ceux qui adhèrent, je les associerai". Des propos réitérés ce vendredi sur France info.

"Dans l'histoire de la Cinquième République, il n'y a jamais eu un président qui a autant cherché des talents en dehors de sa propre majorité. Les deux Premiers ministre que j'ai eu ne me soutenaient pas lors de l'élection de 2017, et ils ont été Premier ministre. Ça n'était jamais arrivé", a-t-il déclaré sur le plateau de la chaîne de télévision.

L'ombre de Nicolas Sarkozy

Pour l'instant, la volonté de rassembler des personnalités d'horizons différents semble se jouer à droite. Lors d'un déjeuner avec les conseillers départementaux LR et UDi des Hauts-de-Seine, Nicolas Sarkozy, qui a appelé à voter pour Emmanuel Macron, a évoqué un possible accord avec le camp macroniste.

"Soit vous regardez les trains passer durant 5 ans, soit vous avez des parlementaires et quelques ministres! C'est notre survie politique qui est en jeu", a-t-il indiqué aux membres de son parti, avant de continuer: "les 100 députés sortants LR pourraient être candidats sans concurrence LaREM".

Des allégations réfutées par Emmanuel Macron, qui a rejeté tout accord avec son prédécesseur. D'autant qu'un accord avec le camp sarkozyste pourrait venir contrecarrer les plans d'Édouard Philippe, qui souhaite procéder seul à la reconstruction de la droite, comme le souligne notre éditorialiste politique Mathieu Croissandeau.

Élisabeth Borne, Christine Lagarde...

La figure de Nicolas Sarkozy continue cependant de planer sur les nominations que pourraient acter Emmanuel Macron s'il était réélu, malgré les démentis publics qui s'ensuivent à chaque fois. C'est ainsi toujours l'ancien président qui s'était targué d'avoir soufflé le nom à Emmanuel Macron de Christine Lagarde pour accéder à Matignon. "J'en perds la voix", a réagi l'intéressée jeudi.

C'est dorénavant le nom de l'actuelle ministre du Travail, Élisabeth Borne, qui court comme une potentielle future Première ministre en cas de victoire d'Emmanuel Macron. Ce dernier "l'apprécie beaucoup" et juge "qu'elle fait le job", a indiqué à L'Obs un proche de l'Élysée. "Les deux réformes considérées comme impossibles du quinquennat, sur la SNCF et l'assurance-chômage, c'est Élisabeth Borne qui les contrôlait" a ajouté Christophe Castaner, chef de file des députés LaREM à l'Assemblée, dans les colonnes du Figaro.

Mais Mathieu Croissandeau met en garde. "Quand les noms circulent trop tôt, cela ne se réalise souvent pas. D'autant que le Premier ministre sert à mener la bataille des législatives. Il faut que ce soit quelqu'un qui a un gros poids politique. C'est également le chef de la majorité", souligne-t-il.

Chaises musicales ministérielles

Selon notre éditorialiste, en cas de réélection d'Emmanuel Macron, "il n'y aura pas plus de 4,5,6 ministres reconduits, et pas forcément dans leurs fonctions. Emmanuel Macron souhaite renouveler son équipe, ce qui fait trembler certains titulaires de portefeuille ministériel".

Sur France info ce vendredi, Emmanuel Macron a en tout cas jugé bon de se montrer particulièrement élogieux concernant son ministre délégué chargé des Comptes publics, Olivier Dussopt, venu du Parti socialiste.

"Il y a un ministre du Budget très talentueux, monsieur Dussopt. Il a été élu il y a cinq ans en tant que socialiste, il a voté contre les budgets au début du quinquennat. Il est maintenant ministre du Budget et il fait un travail formidable. Par conviction et parce qu'à un moment donné, il y a une convergence qui s'est opérée", a souligné Emmanuel Macron.
Jules Fresard