Disparaître pour mieux se préparer au débat, la stratégie risquée de Marine Le Pen

Marine Le Pen, candidate RN à l'élection présidentielle, en visite dans la petite bourgade de Saint Rémy-sur-Avre, en Eure-et-Loir, le 16 avril 2022 - JULIEN DE ROSA © 2019 AFP
Un pari dangereux. Alors que Marine Le Pen met sur pause sa campagne ce mardi et ce mercredi pour préparer le débat d'entre-deux-tours et arriver reposée, son absence dans la dernière ligne droite pourrait se payer cher face à l'activisme d'Emmanuel Macron sur le terrain.
Cette mise en retrait de Marine Le Pen en pleine campagne de second tour a tout d'une obligation physiologique. Pour justifier sa prestation ratée lors de son précédent match télévisuel, la députée avait reconnu un an et demi plus tard sur C8 avoir "été très fatiguée par sa campagne". Pas question donc de multiplier les déplacements à la veille de ce rendez-vous crucial.
"Un entre-deux-tours, ça dure quinze jours"
Son agenda ces derniers jours a d'ailleurs été allégé. Après un meeting à Avignon et une tournée dans le Vaucluse, la représentante du RN a effectué deux déplacements, dans l'Eure-et-Loir et dans le Calvados. Deux départements relativement proches de Paris, lui permettant de rentrer chaque soir à son domicile en banlieue parisienne pour souffler.
"Madame Le Pen s'est beaucoup préparée à ce débat" mais "un entre-deux-tours, ça dure quinze jours, pas qu'une soirée", a d'ailleurs pointé du doigt Emmanuel Macron sur France info vendredi dernier.
"On sait que les quelques jours avant le second tour sont déterminants pour les candidats. En général, on sature tous azimuts l'espace médiatique", remarquait Benjamin Morel, constitutionnaliste auprès de BFMTV.com, il y a quelques jours.
C'est que la stratégie de Marine Le Pen est à l'opposée de celle choisie par Emmanuel Macron, lui laissant d'une certaine manière le champ libre.
"Une campagne de 8 mois sur le terrain"
Dans les jours suivants le premier tour, Marine Le Pen a ainsi privilégié les conférences de presse pour présenter son programme institutionnel ou sa vision des relations internationales plutôt que les déambulations.
Après une campagne de premier tour en demi-teinte, Emmanuel Macron, lui, n'a de cesse de labourer le terrain et d'aller au contact des Français, souvent dans des territoires qui ont placé Marine Le Pen en tête, comme à Denain dans le Nord, ou Jean-Luc Mélenchon, comme au Havre.
De quoi donner le sentiment d'une "candidate planquée du peuple", comme l'a assuré le président ce lundi sur France culture.
"On assume, nous, le fait d'avoir fait une campagne de huit mois sur le terrain, pendant que monsieur Macron se planquait à l'Élysée derrière sa politique étrangère. Aujourd'hui, il est dans un duel serré, il se rend compte qu'il faut qu'il fasse campagne, alors il va voir comment ça se passe", lui a répondu quelques minutes plus tard le maire RN de Perpignan Louis Aliot sur France inter.
Ne pas donner l'impression qu'elle se fatigue plus vite
Le message est cependant passé en haut lieu. Alors qu'elle devait dans un premier temps se préparer dans la maison de l'un de ses collaborateurs dans l'ouest de la France, elle a finalement décidé de rester dans sa maison de La Celle-Saint-Cloud, à seulement quelques kilomètres de Paris. De quoi lui permettre de répondre présente en cas d'évènement imprévu pendant la campagne.
"Il faut faire attention aussi à ne pas donner l'impression qu'elle est plus fragile physiquement qu'Emmanuel Macron", souffle encore un lieutenant de la candidate à BFMTV.com.
Emmanuel Macron creuse légèrement l'écart dans le dernier sondage Elabe pour BFMTV et L'Express en récoltant 53,5% des voix contre 46,5% pour Marine Le Pen.