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Défection, propos de Sarkozy et mauvais sondages... Que se passe-t-il chez Pécresse?

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La campagne de la candidate LR peine encore à décoller. Sur les bancs de la droite, on mise beaucoup sur son meeting de ce dimanche au Zénith de Paris pour fendre l'armure et convaincre les Français.

Des ennuis qui s'additionnent. Depuis plusieurs jours, Valérie Pécresse enchaîne les déconvenues, entre départ d'Éric Woerth pour soutenir Emmanuel Macron, mots peu amènes de l'ancien président Nicolas Sarkozy, mauvais sondages et programme qui n'imprime pas. Sur les bancs de la droite, on oscille entre optimisme et franche déprime.

Dans la besace de la candidate, qui commense à peser lourd à moins de 70 jours du premier tour de la présidentielle, il y a d'abord cette passe d'armes dont la présidente de région se serait bien passée.

Une candidate trop éloignée des Français

Par médias interposés, Rachida Dati et son directeur de campagne Patrick Stefanini règlent leurs comptes. L'une trouve la représentante des LR "trop technique" et rappelle la condamnation pour emplois fictifs de son principal lieutenant qu'elle voit comme "un loser". L'autre renvoie la maire du 7ème arrondissement de Paris à son échec aux municipales en 2020.

Au-delà de ces bisbilles en interne, Rachida Dati semble dire tout haut ce que murmurent tout bas nombre des cadres du parti: Valérie Pécresse peine à sortir de son image jugée trop technocratique. Seuls 33% des Français la trouvent d'ailleurs proche de leurs préoccupations. La candidate s'astreint pourtant à fendre l'armure depuis plusieurs semaines.

Un départ en fanfare

En Corse la semaine dernière, Valérie Pécresse s'est efforcée de se montrer sous un jour nouveau en dégustant des olives, en saluant les passants aux fenêtres ou encore en s'arrêtant un instant parler avec une habitante chez le coiffeur.

Éric Woerth ne l'a manifestement pas trouvée convaincante dans l'exercice. Ce mercredi, l'ancien ministre du Budget de Nicolas Sarkozy a annoncé son ralliement à Emmanuel Macron. En guise d'explication, l'ex-maire de Chantilly a regretté "l'incapacité du mouvement à (...) renouveler ses idées, affermir son socle de convictions et tracer des perspectives pour notre pays".

Nicolas Sarkozy la trouve "mal élevée"

Au-delà de ce ralliement, ce départ rappelle douloureusement que Nicolas Sarkozy, resté proche d'Éric Woerth, ne soutient toujours pas officiellement la candidate de la droite. Pire, il utilise à son endroit des mots très durs. "Maladroite, "mal élevée": en privé, l'ancien président ne mache pas ses mots pour la qualifier.

Il faut dire que Nicolas Sarkozy n'a que peu goûté la reprise par Valérie Pécresse de la métaphore du Kärcher. "Elle est tellement maladroite! C’est tout ce qu’elle a retenu sur les cinq ans, le Kärcher?", s'interroge-t-il.

En mauvaise posture dans les sondages

Pour couronner le tout, après avoir gagné 11 points dans les sondages après sa victoire au Congrès de la droite et avoir été en bonne posture pour se qualifier au second tour face à Emmanuel Macron, la patronne de la Région Ile-de-France fait désormais grise mine dans les enquêtes d'opinion.

Elle ne récolte plus que 15% des intentions de vote au premier tour, coincée entre Marine Le Pen (15,5%), et Eric Zemmour (13%) dans le dernier sondage Elabe pour BFMTV et L'Express. Parmi ses proches, on se veut rassurant.

"C'est le lot de toutes les campagnes que d'avoir des rebondissements. Et rappelons-nous d'où nous partons. Il y a encore trois mois, tout le monde était certain que le second tour opposerait Marine Le Pen à Emmanuel Macron. On est en train de reconstruire la droite, de bousculer", estime ainsi auprès de BFMTV.com Vincent Jeanbrun, intime de la candidate et maire de L'Haÿ-les-Roses.

Preuve cependant que la situation inquiète sur les bancs des Républicains: les ténors du parti sont tous aux abonnés absents pour défendre la candidate.

"Donner un peu d'elle-même"

Beaucoup seront silencieux jusqu'au meeting de Valérie Pécresse au Zénith de Paris ce dimanche - le premier depuis sa victoire au congrès LR.

"On a convaincu nos soutiens de droite et donc là notre but c'est que son discours aille chercher tous les Français. Elle va aussi donner un peu d'elle-même, dire qui elle est", explique un élu d'Île-de-France.

Comprendre: la candidate joue gros ce week-end. D'autant plus qu'elle est souvent jugée mal à l'aise dans la prise de parole à la tribune.

Conscient du risque à tout miser sur cette performance, son porte-parole Othman Nasrou cherche à dédramatiser l'enjeu. "La campagne ne va pas s'arrêter dimanche. On a encore deux mois de campagne devant", juge-t-il.

Coincée en étau

Certains se disent pourtant dubitatifs à l'idée que ce grand raout change la dynamique de campagne. "On a l'impression de boxer dans le vide, en attendant qu'Emmanuel Macron sorte du bois. C'est un peu frustrant", nous lâchait un ténor du Sénat il y a quelques semaines.

Au-delà de l'entrée en campagne du locataire de l'Élysée, le paysage politique ne laisse que peu d'espace à la candidate.

"Sur les sujets d'identité, Marine Le Pen et Éric Zemmour sembleront toujours plus cohérents. Quant aux sujets économiques, Emmanuel Macron apparaît plus crédible. Elle essaie donc d'être présente sur tous ces sujets sans vraiment parvenir à faire entendre sa différence", jugeait récemment auprès de BFMTV.com l'historien des droites David Bellamy.

Le défi du Zénith est loin d'être relevé.

Marie-Pierre Bourgeois