Présidentielle: le trou d'air de la campagne de Valérie Pécresse

Valérie Pécresse dans les rues d'Ajaccio le 3 février 2022 - Pascal POCHARD-CASABIANCA / AFP
Comme un creux. En difficulté dans les sondages, Valérie Pécresse s'appuie sur son déplacement en Corse pour mettre au point sa nouvelle stratégie de campagne.
Déguster des olives, faire des saluts aux passants aux fenêtres, s'arrêter un instant parler avec une dame en train de faire une coloration chez une coiffeuse... Sous le soleil d'Ajaccio, la présidente de la Région Île -de-France veut se montrer sous un jour nouveau. Il y a urgence alors que seuls 33% des Français la trouvent proche de leurs préoccupations.
Battue par Marine Le Pen
Après avoir gagné 11 points dans les sondages après sa victoire au congrès de la droite et avoir été en bonne posture pour se qualifier au second tour face à Emmanuel Macron, l'ancienne ministre de Nicolas Sarkozy fait désormais grise mine. Elle ne récolte plus que 16% des intentions de vote au premier tour, derrière Marine Le Pen (16,5%) dans le dernier sondage Elabe pour BFMTV et L'Express. Pire, au second tour, le président la battrait très largement avec 55,5% des voix.
Valérie Pécresse suit pourtant une stratégie de campagne, très méticuleusement mise au point par son directeur de campagne Patrick Stefanini en s'efforcant de cocher les cases des différentes thématiques.
Le 21 janvier dernier, elle s'est ainsi penchée sur l'éducation en promettant de mettre fin au collège unique, avant de s'atteler au sujet de la santé en envisageant d'augmenter le tarif de la consultation chez un médecin généraliste. Ce mercredi, l'élue a passé la nuit avec des militaires à bord du porte-avions Charles de Gaulle, avant d'entamer un déplacement de 3 jours en Corse pour discuter du statut de l'île et de la vie quotidienne insulaire.
"Aller en immersion"
Avec un objectif: aller à la rencontre des Français pour se défaire de l'image technocratique qui lui colle à la peau. La candidate l'a d'ailleurs promis: elle va changer de méthode.
"Plutôt que de faire un grand meeting", elle ira "sur le terrain, en immersion, rencontrer des Français dans un territoire" pour "parler avec eux de leur vie et comment ma politique peut changer leur vie (pour que) les Français me découvrent", a-t-elle ainsi avancé sur LCI ce lundi.
Son équipe explique également vouloir privilégier les séances de questions-réponses avec des Français lors de réunions publiques en lieu et place de grands meetings. Une façon comme une autre de contourner les discours à la tribune dans lesquels elle apparaît souvent mal à l'aise tout en produisant de belles photos au chevet des Français.
"Résister aux postures technocratiques"
Valérie Pécresse tente aussi de donner de la chair à sa campagne en se dévoilant personnellement. Le Point a ainsi consacré un long portrait à son mari, Jérôme Pécresse, offrant l'occasion au couple de raconter leur vie commune, après avoir déjà dévoilé leurs enfants dans Paris Match.
Sur les bancs des LR, certains semblent cependant peu convaincus par le changement de braquet.
"La clé de toute campagne présidentielle est de savoir comment vous emportez l’adhésion d’une grande majorité de Français. Or vous n’y parvenez pas avec des mesures techniques, des petites phrases ou des débauchages. (...) Une campagne, c’est apporter des preuves chaque jour de son lien avec les Français", juge ainsi Rachida Dati dans les colonnes du Figaro ce jeudi.
Prise en étau entre Emmanuel Macron, Eric Zemmour et Marine Le Pen
Au-delà de la posture de Valérie Pécresse, c'est aussi le paysage électoral qui rend particulièrement compliqué son positionnement électoral. L'ancienne ministre semble condamnée à faire la course contre le duo Éric Zemmour-Marine Le Pen, la poussant à mettre ses pas dans des déclarations de Nicolas Sarkozy et de François Fillon. Elle a ainsi assuré vouloir "ressortir le Kärcher de la cave" tout en voulant supprimer 150.000 postes de fonctionnaires.
Dans le même temps, la candidate doit se détacher de l'image de candidate proche d'Emmanuel Macron qui lui colle à la peau. Guillaume Peltier, fraîchement rallié à Éric Zemmour a ainsi récemment estimé que "Valérie Pécresse, c'est Emmanuel Macron". À l'image de Marine Le Pen, pour qui la présidente de la Région Île-de-France "ressemble énormément" au président.
"Entre elle et les Français"
Cette posture d'équilibriste semble intenable à long terme.
"Sur les sujets d'identité, Marine Le Pen et Éric Zemmour sembleront toujours plus cohérents. Quant aux sujets économiques, Emmanuel Macron apparaît plus crédible. Elle essaie donc d'être présente sur tous ces sujets sans vraiment parvenir à faire entendre un autre son de cloche", jugeait récemment auprès de BFMTV.com l'historien des droites David Bellamy.
La candidate compte sur son grand meeting du 13 février au Zénith de Paris pour se relancer et montrer un autre visage. "Une campagne, c'est avant tout entre elle et les Français", lui a d'ailleurs répété le président du Sénat, Gérard Larcher.