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Présidentielle

Comment Guillaume Peltier a hésité entre Éric Zemmour et Marine Le Pen

Guillaume Peltier le 19 septembre 2020 à La Marolle-en-Sologne, dans le Loir-et-Cher, lors d'un rassemblement politique

Guillaume Peltier le 19 septembre 2020 à La Marolle-en-Sologne, dans le Loir-et-Cher, lors d'un rassemblement politique - Guillaume SOUVANT © 2019 AFP

Entre l'ancien éditorialiste et Marine Le Pen, le cœur du député du Loir-et-Cher a hésité. Un temps réticent, l'équipe de Reconquête a finalement accepté son arrivée.

Une arrivée au goût d'hésitation. Alors que le député LR du Loir-et-Cher a annoncé ce dimanche son ralliement à Éric Zemmour, le Rassemblement national a expliqué qu'il avait fait des appels du pied à Marine Le Pen. Un temps hésitante, l'équipe du polémiste a finalement accepté sa venue, dans l'espoir qu'il l'aide à récolter les signatures de maires dont il manque encore cruellement.

Lorsque Guillaume Peltier a affirmé ce dimanche sur Europe 1 et CNEWS qu'il avait décidé de soutenir "Éric Zemmour pour qu'il soit notre prochain président de la République", Marine Le Pen, alors en déplacement à Perpignan, s'est empressée de réagir.

"Là où Peltier passe, les campagnes trépassent"

Selon des tweets de journalistes présents à ses côtés, la candidate confiait qu'il était "venu taper à la porte du RN" et qu'elle n'avait "pas ouvert" à "ce mercenaire, cet opportuniste". Avant d'appeler publiquement l'écrivain à "allumer un cierge".

"Là où Peltier passe, les campagnes trépassent", a-t-elle lancé.

La pique fait référence au parcours tortueux du parlementaire, de ses débuts au Front national de la jeunesse à son arrivé chez Reconquête, en passant par le parti de Bruno Mégret, celui de Philippe de Villiers puis l'UMP et les LR.

Guillaume Peltier a, lui, assuré de son côté ce lundi matin sur BFMTV n'avoir "jamais rencontré ni discuté avec Marine Le Pen", ajoutant "vouloir rassembler" aux côtés de l'ancien éditorialiste du Figaro.

Zemmour un temps réticent à l'arrivée de Peltier

Mais du côté de l'équipe du candidat, on ne se bousculait pas il y a encore quelques semaines pour accueillir Guillaume Peltier, qui avait déjà multiplié les contacts.

"Il nous appelle tous les jours, vous savez. Et on n'a pas vraiment prévu de répondre favorablement à ses appels du pied. Si des élus LR nous rejoignent, on veut qu'ils aient du poids et qu'on puisse avoir confiance en eux", expliquait, sévère, un proche de l'ancien éditorialiste à BFMTV.com en octobre dernier.

C'est que le député cherchait depuis des jours un nouveau port d'attache, son avenir parmi les LR étant déjà plus que compromis. Après le meeting du polémiste à Villepinte début décembre, il s'était demandé "comment rester insensible (à son discours politique", entraînant son départ de la vice-présidence du parti, à la demande de Christian Jacob. Nulle trace de la présence de l'élu non plus dans l'organigramme pourtant fort étoffé de la campagne de Valérie Pécresse.

À la rescousse pour les parrainages

"Plus personne n'avait confiance en lui", a-t-elle d'ailleurs estimé ce lundi matin sur France info, qualifiant ce ralliement de "non-évènement".

C'est finalement les grandes difficultés d'Éric Zemmour à récolter de précieux parrainages pour la présidentielle qui auront eu raison de la méfiance à l'endroit de Guillaume Peltier. Le député devrait aider son équipe de campagne à la collecte des précieux paraphes, en devenant au passage porte-parole de la campagne et membre de son comité politique.

Le député est en effet rompu à l'exercice. En 2006, alors qu'il était secrétaire général du Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, il avait réussi à décrocher plus de 350 signatures en faveur de son candidat, lui permettant ainsi d'être sur la ligne de départ, explique L'Opinion. Sur les bancs des LR, on juge le calcul pour le moins cynique.

"Il ne se dit pas que Zemmour va gagner. Il pense au coup d'après. Zemmour perd et lui prend le flambeau derrière", assure un cadre de la campagne de Valérie Pécresse auprès du Parisien.

Reste à Guillaume Peltier à parvenir à se faire réélire sous les couleurs de Reconquête. Une gageure dans le Loir-et-Cher, une terre historiquement de centre-droit.

Marie-Pierre Bourgeois