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Présidentielle: pour afficher son unité après le Congrès, LR fait le ménage dans ses rangs

Valérie Pécresse après avoir remporté l'investiture LR pour la présidentielle, aux côtés d'Eric Ciotti (g) et Christian Jacob, le 4 décembre 2021 à Paris

Valérie Pécresse après avoir remporté l'investiture LR pour la présidentielle, aux côtés d'Eric Ciotti (g) et Christian Jacob, le 4 décembre 2021 à Paris - Anne-Christine POUJOULAT © 2019 AFP

Le patron des Républicains Christian Jacob a évincé ce mardi les vice-présidents du parti, Guillaume Peltier, taxé de pro-Zemmour, et Gaël Perdriau, estimé trop proche de la macronie.

Resserrer les rangs pour éviter tout débordement. Entre les deux droites irréconciliables partageant les Républicains, Christian Jacob veut montrer un visage d'unité. Ce mardi, le patron du parti a donc décidé de couper les têtes qui dépassent à l'instar de deux élus jugés trop proches d'Éric Zemmour mais également celle d'un édile pro-Macron, en les demettant de leur fonction politique.

Avec une règle: tous derrière Valérie Pécresse, désignée samedi dernier comme la championne de la droite pour 2022.

"Christian Jacob essaie de maintenir l’unité du parti pour le mettre en ordre de marche pour la campagne. Les électrons libres qui seraient tentés de saper cette unité peuvent représenter un danger", explique Benjamin Morel, maître de conférences en droit public à l'Université Paris II Panthéon-Assas, pour BFMTV.com.

"Peltier est devenu un saboteur"

Le patron des LR s’en est d’abord pris à Guillaume Peltier. Excédé par ses prises de position très droitières et sa proximité revendiquée avec des figures d’extrême droite comme Robert Ménard et Philippe de Villiers, Christian Jacob l’avait déjà évincé de son poste de numéro 2 du parti cet été. Ce proche de Xavier Bertrand - finalement soutien d’Éric Ciotti - paie désormais pour ses mots doux envers le polémiste.

"Comment rester insensible au discours pour la France d'Éric Zemmour", a écrit le député ce dimanche sur son compte Twitter, s’attirant ainsi les foudres d’élus LR. "Guillaume Peltier est devenu un saboteur. Ça suffit. Il amène notre famille politique vers le pire pour la tuer", lui répond Aurélien Pradié, numéro 3 des LR, dans L'Opinion ce mardi.

La patronne du Mouvement conservateur sommée de partir

"Mais dès le moment où vous débranchez un électron libre, vous prenez le risque qu’il vous claque entre les mains et vous attaque de l’extérieur", avertit le spécialiste Benjamin Morel.

D’où la décision d’écarter une figure plutôt isolée comme Guillaume Peltier, et non une personnalité qui porte un mouvement interne, à l'instar du député Julien Aubert. "Sur les sujets d'identité, d'immigration, Valérie Pécresse n'a rien à envier à Éric Zemmour", a estimé ce lundi sur France Info ce parlementaire qui dirige le courant "Oser la France" et qui soutient Éric Ciotti.

Autre personnalité exclue du mouvement dans ce grand ménage: Laurence Trochu, la présidente du Mouvement conservateur, anciennement connu sous le nom de "Sens commun", une émanation de la Manif pour Tous affiliée aux Républicains.

La dirigeante de ce courant a pris la parole lors du meeting du polémiste dimanche. La primaire a révélé l’existence de "deux droites" dont la cohabitation est plus difficile que prévue au sein des Républicains, a-t-elle expliqué à Politico lundi en guise de justification.

"Deux droites"

De l’autre côté du spectre, Gaël Perdriau, maire LR de Saint-Étienne, a aussi été déchu de ses fonctions de vice-président du parti, jugé trop macroniste. Avant le second tour de la primaire interne, il a martelé vendredi dernier sur RTL qu'il ne voterait ni pour Valérie Pécresse, ni pour Éric Ciotti, lancés dans une "course à l’échalote vers l’extrême droite".

L'élu est allé jusqu’à convoquer la mémoire de Jacques Chirac: "il doit se retourner dans sa tombe. C’est incroyable d’en arriver à une telle situation. Je suis déçu et je me sens comme un résistant, encore pour quelques temps dans ce parti politique. J’ai honte de ce qu’il est en train de devenir."

À droite, personne n'a vu venir cette stratégie d'exclusion de la part de Christian Jacob. "Virer les cadres qui peuvent épouser la ligne Ciotti, c’est prendre le risque de fâcher les électeurs qui la soutiennent, À LR, si on grossit fortement le trait, les militants ont tendance à être plus proches de Zemmour et les élus, eux, de Macron", explique ainsi Benjamin Morel.

Exercice d'équilibriste pour Pécresse

En guise d'illustration, le départ de quinze élus LR de Nice, membres de la majorité du maire Christian Estrosi, qui ont décidé de claquer la porte du parti. Ils suivent ainsi leur mentor qui, après avoir mis en scène sa proximité avec Emmanuel Macron puis quitté les LR, a rejoint Horizons, le parti d'Édouard Philippe.

Si le parti fait le ménage en se passant d'un côté des élus pro-Zemmour et de l'autre, des élus jugés trop proche de la République en marche, l'exercice d'équilibriste n'est pas évident pour Valérie Pécresse. Patrick Stefanini, son directeur de campagne, a d'ailleurs estimé ce lundi sur BFMTV que sa ligne était "ce qui différencie une droite qui est ferme sur les sujets régaliens mais s’appuie sur une connaissance d'un parti de gouvernement."

Dans le sondage Elabe pour BFMTV et L'Express paru ce lundi lundi, la politique est créditée de 20% des intentions de vote au premier tour de la présidentielle, en très nette augmentation depuis la semaine dernière (+11 points).

Nina Jackowski