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Emmanuel Macron, présidentiable en construction

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Mouvement politique en création, liberté de ton, duel avec Manuel Valls: le ministre de l'Economie, plutôt épargné par les critiques ces derniers temps, envisage sérieusement de ravir un jour l'Elysée. Pourquoi? Il est désormais convaincu que seul le chef de l'Etat a le pouvoir de réformer.

Au petit jeu des sondages, Emmanuel Macron occupe désormais une place de choix, moins de deux ans après son entrée dans le grand bain de la politique. S'il ne fera jamais l'unanimité à gauche, le dernier baromètre TNS Sofres le place en seconde position, derrière Alain Juppé, des personnalités préférées des Français. En janvier dernier, le ministre de l'Economie supplantait dans son camp le Premier ministre Manuel Valls en vue de 2017. Suffisant pour compter ses atouts alors que son nom serait aussi une option en cas de turn-over à Matignon pour la fin du quinquennat de François Hollande, qu'il avait conseillé en 2012. 

Emmanuel Macron se prépare en toute discrétion

Le ministre de l'Economie a planché depuis septembre dans le plus grand secret sur la création d'une association "à mi-chemin du laboratoire d’idées et du parti politique", explique L'Obs jeudi. Des solutions pour lever des fonds ont aussi été étudiées. En vue d'une élection à venir? "Nous nous sommes parés à toutes les éventualités", confie un membre du cercle rapproché - une dizaine de personnes dont son épouse, à l'hebdomadaire.

Par ailleurs, le collectif "Les Jeunes avec Macron", qui revendique 2.900 adhérents, va aussi lancer le 12 mars un think tank appelé "La Gauche libre". Ils se disent, eux, sans lien direct avec le locataire de Bercy.

Emmanuel Macron va parler aux Français

Le ministre de l'Economie doit aussi prochainement publier deux livres. L’un traitera de “la place que la France doit avoir dans le Nouveau monde” et l’autre en forme de manifeste pourrait avoir des allures de programme politique. Pour lui ou François Hollande? "Il ne manque pas d'idées" soulignent en tout cas plusieurs figures de gauche dans L'Obs

Une façon aussi de casser son image élitiste (ENA, agrégé de philosophie...) et d'ancien banquier d'affaires libéral. 

Emmanuel Macron revendique sa liberté

A 38 ans, Emmanuel Macron est prêt à prendre son envol, quitte à brusquer l'Elysée, où le chef de l'Etat et le secrétaire général Jean-Pierre Jouyet l'apprécient, à l'inverse des Hollandais historiques, Michel Sapin et Stéphane Le Foll en tête. Emmanuel Macron veut surtout se démarquer de Manuel Valls.

En effet, les deux hommes veulent incarner la gauche progressiste, transgressive, la deuxième gauche, théorisé par Michel Rocard, le mentor de Manuel Valls, dès... 1977.

Pour façonner son personnage iconoclaste, Emmanuel Macron n'avait pas hésité à s'interroger sur la pertinence de la déchéance de nationalité en opposition à l'exécutif ou à déclarer dans L'Obs qu'il aurait "pu signer en partie la tribune Aubry" (Europe, réfugiés, déchéance), un brûlot contre la politique gouvernementale alors que la maire de Lille ne l'a pas toujours épargné.

Emmanuel Macron éloigné des critiques

Le ministre de l'Economie avait proposé fin décembre à François Hollande toute une série de mesures pour lutter contre le chômage. Elles ont finalement été en partie intégrées au projet de loi El Khomri de réforme du code du TravailManuel Valls avait voulu "reprendre la main", expliquait Le Parisien en janvier, quand Emmanuel Macron, lui, avait failli démissionner.

Une tactique qui se retourne désormais contre le locataire de Matignon et éloigne - ce qui n'a pas toujours été le cas - Emmanuel Macron des critiques les plus vives. Il s'est même offert du recul dans le JDD, précisant que "le gouvernement est à l'écoute. (...) Nous sommes à un moment du quinquennat où on ne peut pas tout brutaliser".

Par ailleurs, il n'est pas non plus en première ligne sur le dossier de la crise agricole, alors que l'économie est au coeur du sujet. Sa visite au Salon de l'agriculture a d'ailleurs été calme, contrairement à celles de François Hollande et de Manuel Valls. 

Emmanuel Macron est singulier

Enfin, en cette période de défiance envers le politique, Emmanuel Macron a un profil atypique puisqu'il n'est pas encarté au Parti socialiste et ne compte pas le faire. Ses détracteurs ajouteraient aussi qu'il ne s'est jamais frotté aux urnes. Il est aussi l'une des personnalités politiques de premier plan à avoir moins de 40 ans et proposerait, selon ses fidèles, une façon nouvelle de faire de la politique. 

De l'avis de tous, Emmanuel Macron est brillant: ainsi, il a compris que pour décider, il faut avoir le "pouvoir". Et donc viser l'Elysée. 

Samuel Auffray