Déchéance: Macron nuance ses déclarations

Peu après 22h30 mardi, les députés ont voté l'article controversé qui inscrit la déchéance de nationalité dans la Constitution pour les auteurs de crimes et délits terroristes. Le combat de Manuel Valls. Au même moment, invité de la Fondation France-Israël, Emmanuel Macron faisait entendre une voix dissonante dans un débat où le ministre de l'Économie était pour l'heure resté discret.
"J'ai, à titre personnel, un inconfort philosophique avec la place pris par ce débat, parce que je pense qu'on ne traite pas le mal en l'expulsant de la communauté nationale. (...) Déchoir de la nationalité est une solution dans un certain cas mais la responsabilité des gouvernants c'est de prévenir et de punir implacablement le mal et les actes terroristes", a déclaré, dans des propos cités par Le Figaro et confirmés à BFMTV, Emmanuel Macron dans une position qui rappelle celle défendue par Christiane Taubira, l'ex-garde des Sceaux.

En clair, le symbole ne suffit pas si on ne s'attaque à ce qui constitue le "terreau" du terrorisme, selon l'expression utilisée par Emmanuel macron. Et pour l'ancien étudiant en philosophie, on oublie aussi que le terrorisme est "une situation extrême" qu'il faut traiter comme telle. "Surtout pas comme un débat sur la binationalité. Surtout pas comme un débat, de manière plus philosophique, sur le rapport à la nationalité française", a-t-il ajouté, suscitant des réactions positives, une fois n'est pas coutume, du côté des députés frondeurs du PS.
Le recadrage de Valls
"Macron rejoint les frondeurs", a assuré Aurélie Filippetti sur France Info, "Bienvenue au club", a dit Laurent Baumel quand Christian Paul a estimé que, "là", il n'excluait pas qu'Emmanuel Macron "soit sincère". Même Cécile Duflot, opposante farouche au texte, a commenté la sortie du turbulent locataire de Bercy estimant que sa position est "celle de 48% des députés de la majorité de 2012". Ecologistes inclus donc.
Et finalement, vers minuit Manuel Valls a tenté de siffler la fin d'une "nouvelle crise gouvernementale" selon les mots du députés Les Républicains Eric Ciotti.
"Le texte a été adopté en Conseil des ministres, a lâché le premier d'entre eux. Emmnanuel Macron le soutient. Il ne peut pas en être autrement".
A quelques heures (jours?) du remaniement attendu, la tension est encore monté d'un cran entre les deux hommes forts de l'exécutif.
"Je suis pour la déchéance des terroristes", dit-il mercredi
Emmanuel Macron a nuancé mercredi ses propos. Mon souhait le plus profond, c'est que cette réforme puisse se faire comme le président de la République a voulu, parce que je suis loyal au président de la République", a déclaré le ministre de l'Economie sur I Télé.
"J'ai dit que j'étais très inconfortable avec la nature que prenait le débat", a expliqué plus tard le ministre de l'Economie à BFMTV. "Je pense que aujourd'hui la préoccupation majeure des Français, ça n'est pas de le débat sur la déchéance", a-t-il assuré.
"Je suis pour la déchéance des terroristes mais je ne suis pas pour qu'on convoque au bénéfice de ce débat une réflexion plus large sur ce que doit être la communauté nationale en France"; a-t-il conclu.