La petite phrase de Macron sur les entrepreneurs scandalise une partie de la gauche

Pierre Laurent le 9 décembre en meeting à Paris. - Loïv Venance - AFP
Emmanuel Macron deviendrait-il maître dans l'art de faire tempêter la gauche? Invité de Jean-Jacques Bourdin mercredi sur BFMTV et RMC, le ministre de l'Economie a une nouvelle fois bousculé les codes, en déclarant que "la vie d'un entrepreneur est souvent plus dure que celle d'un salarié". Il n'en fallait pas plus pour déclencher la colère de son camp, et de la gauche de la gauche.
Alexis Corbière, secrétaire national du Parti de gauche, a aussitôt réagi sur RMC.
"Ce qui m'agace c'est la petite musique que fait entendre Macron qui sous-entend que les revendications des salariés sont illégitimes, contrairement à celles du patron. Ce qu'il fait comme ministre est plutôt au service du Medef, qui pour moi ne représente pas le patronat (…)".
"Il crache au visage de millions de personnes"
Olivier Besancenot, du NPA, estime lui que les propos d'Emmanuel Macron "sont une façon de cracher au visage de 23 millions de personnes". A ses yeux, le ministre "ne connaît ni la vie des uns ni la vie des autres" et est le symbole d'un gouvernement qui est "dans une bulle, coupé de la réalité et du ressenti de millions de personnes".
Un argument repris par le secrétaire national du Parti communiste, Pierre Laurent: "Qui croit que les grands patrons ont la vie dure? Je pense aux [salariés de] 'Goodyear' et à ceux qui se cassent le dos au travail", a-t-il écrit sur Twitter.
Même au sein du Parti socialiste, la formule fait grincer des dents. "N'opposons pas les entrepreneurs et les salariés", demande Yann Galut, député du Cher. "Ils ont chacun des difficultés. Je fais partie de ceux qui soutiennent les entrepreneurs mais n'oublions pas que nous socialistes, nous devons aussi nous adresser aux salariés, et les protéger".
Le frondeur Christian Paul, qui s'était déjà frontalement opposé à la loi Macron, qualifie les propos du ministre de "poujadisme chic". "Définitivement affligeant. Bye bye", conclut-il. A se demander si cet au-revoir ne serait pas prémonitoire.